Une étude britannique de grande ampleur a cherché à savoir quel était le principal facteur de risque de mortalité avec le Covid-19.
CORONAVIRUS – Pour la première fois, une étude basée sur les dossiers médicaux de 17 millions de personnes s’est attardée sur les facteurs associés aux décès à l’hôpital des patients atteints par le Covid-19. Parmi cette large cohorte de personnes, 5.683 sont morts de cette maladie. Et il semblerait que les facteurs de comorbidité ne soient pas les principaux facteurs de décès.
Cette étude, qui n’a pas encore été publiée dans une revue à comité de lecture, est sortie le 7 mai dernier. Elle a été réalisée pour le compte de NHS England. L’information principale qui ressort de ces recherches est le poids primordial de l’âge dans les risques de décès liés au Covid-19. Jusqu’à présent, c’était les comorbidités qui semblaient être les principaux facteurs. L’augmentation de l’âge augmente les risques. Par exemple, une personne de plus de 80 ans aura 12 fois plus de risque de mourir du coronavirus qu’une personne entre 50 et 59 ans.
Plus l’amplitude de l’âge est élevée plus les différences sont marquantes. Une personne de plus de 80 ans aura 180 fois plus de chance de mourir du Covid-19 qu’une personne entre 18 et 39 ans. Interrogé par Le HuffPost, le Professeur Denis Malvy, infectiologue au CHU de Bordeaux relativise: « Il y a la réalité statistique et la réalité logique. » L’âge est « la variable qui écrase toutes les autres mais il est complété par d’autres comorbidités », particulièrement dans la tranche 50-60 ans. D’ailleurs, cette dernière sert de base pour calculer les multiplicateurs de risques de décès.
ELIZABETH WILLIAMSON & ALEn se servant de la tranche 50-59 ans comme base pour cette infographie, les chercheurs ont remarqué le poids de l’âge comme facteur de décès. On remarque aussi la prédominance de l’obésité.
Le facteur obésité
Des comorbidités comme le surpoids, l’obésité et les infections respiratoires chroniques sont des facteurs de risques importants. Particulièrement dans le cas des personnes obèses, si un patient a un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 40, il aura 3 fois plus de risques de mourir qu’une personne non-obèse, du même âge et du même sexe.
« Des comorbidités sévères comme le surpoids/obésité sont conformes à l’observation de tous les réanimateurs », confirme le Professeur Denis Malvy. En général, les personnes souffrant d’obésité, cumulent des pathologies comme le diabète ou l’hypertension. Mais dans leurs études, les chercheurs ont été surpris de voir que ces maladies n’entraînaient pas de sur-risques de décès.
Dans le cas des infections respiratoires chroniques, comme les maladies asthmatiques, elles sont liées à « un risque plus élevé de décès à l’hôpital » surtout pour les formes sévères, détaille l’étude.
La place du tabagisme
Un des résultats plus inattendu de cette étude – même si déjà évoqué lors par des premières remontées de terrain – est le lien entre les facteurs de décès et le tabagisme. D’après les résultats de l’étude, les non-fumeurs et les anciens fumeurs ont plus de chance de mourir du Covid-19 que les fumeurs actifs. En prenant en compte la tranche 50-59 ans comme indicateur des risques de mortalité, un fumeur à 0,9 fois plus de chance de mourir du coronavirus. Mais un ancien fumeur a un facteur de risque 1,3 fois supérieur qu’une personne entre 50 et 59 ans.
Carole Dufouil, épidémiologiste à l’Inserm rapporte au Monde, « des doutes sur les effets protecteurs du tabac observés dans cette étude qui sont sans doute la conséquence d’une modélisation erronée. »
Par ailleurs, sur un autre point, les personnes qui ont subi une greffe d’organe sont beaucoup plus fragiles devant la maladie. Elles ont dans l’ensemble un risque de décès 4,3 fois supérieur que la tranche d’âge des 50-59 ans. Cela s’explique par les traitements à base d’immunodépresseurs très puissants qui empêche la réaction inflammatoire.
Dans l’ensemble, comme dans d’autres études, on voit une prédominance des hommes chez les personnes décédées. Ils représentent 63% des 5.683 morts dans les hôpitaux britanniques. Le Professeur Denis Malvy conclut: « Il s’agit d’une étude très intéressante mais qui ne résout pas tout. » Par exemple, la place des fumeurs dans cette étude, pose question. Malgré tout, le grand âge « est quelque chose de signifiant dans le pronostic » des patients.