La lutte contre la propagation du coronavirus est entrée dans une nouvelle phase au Sénégal avec l’annonce de mesures restrictives venant s’ajouter aux actions entreprises sur le terrain par le comité national de gestion des épidémies, alors que 26 cas de contamination au Covid-19 ont été recensés depuis l’apparition de la maladie dans le pays.
La dernière vague de mesures visant à réduire les risques de propagation du germe pathogène portent notamment sur l’interdiction de toutes les manifestations publiques sur l’ensemble du territoire pour une durée de 30 jours, le renforcement des contrôles sanitaires aux frontières et la suspension de l’accueil de bateaux de croisière.
S’ajoutent à ces restrictions prises samedi lors d’un conseil présidentiel d’urgence organisé au Palais de la République, la fermeture des écoles et universités pour une durée de trois semaines à compter de ce lundi et la célébration à travers une prise d’armes de la fête de l’Indépendance (4 avril) à la place du traditionnel défilé civil et militaire.
Ces mesures ont été bien accueillies par les différents segments de la société au regard des réactions qu’elles ont suscitées.
Des chefs religieux ont décidé de reporter ou de réduire les rassemblements déjà annoncés à leur strict minimum, signe de leur adhésion à l’interdiction des manifestations publiques, l’une des mesures prises par le président de la République pour réduire les risques de propagation de la maladie à coronavirus.
L’arrêt des enseignements pour une durée d’un mois ne devrait pas sensiblement affecter le calendrier universitaire, notamment à Dakar et à Saint-Louis, a par exemple souligné le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (SAES), par la voix de son secrétaire général.
Il en est ainsi dans la classe politique où les divergences ont laissé place à un bloc autour du chef de l’Etat à la lumière des réactions d’acteurs présentés souvent comme d’irréductibles opposants au président Sall.
Il faut dire que le Covid-19 apparu au Sénégal avec le contrôle positif effectué sur un ressortissant français, aujourd’hui déclaré guéri, a fini de dicter sa loi et donner le tempo à la gouvernance du pays.
Dans la foulée des décisions prises lors du conseil présidentiel d’urgence de samedi, le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, a publié un arrêté interdisant les manifestations et rassemblements au Sénégal, jusqu’au 14 avril, en raison de l’épidémie de coronavirus.
Dans le même temps, le garde des Sceaux, ministre de la Justice, Malick Sall, a annoncé la suspension, pendant trois semaines, de toutes les audiences dans les cours et tribunaux du Sénégal, dans le cadre de la lutte contre l’épidémie.
Auparavant une réduction au ’’strict minimum’’ des missions officielles dans les pays touchés par le covid-19 avait été prise par le président de la République, imité récemment par l’Assemblée nationale qui a annoncé la gel ’’jusqi’à nouvel ordre ’’ de ses missions à l’étranger.
De son côté, la compagnie nationale Air Sénégal a annoncé dimanche la suspension de tous ses vols à destination et en provenance de Casablanca (Maroc) et de Barcelone (Espagne).
La dernière personne infectée par la maladie, un émigré sénégalais âgé de 37 ans, a voyagé de Barcelone (Espagne) à Dakar, à bord d’un avion de la compagnie. Il avait été mis à l’isolement aussitôt après un contrôle de température effectué sur lui samedi.
Au total, 26 cas de coronavirus ont été recensés au Sénégal depuis l’apparition de la maladie. Deux ont été déclarés depuis guéris par les autorités sanitaires. Il s’agit de deux ressortissants étrangers, un français et une britannique.
L’espoir de maîtrise de la propagation de ce virus suscité par l’annonce de ces cas de guérison avait été douché par l’annonce du contrôle positif effectué sur un émigré sénégalais revenu d’Italie.
Il a eu le temps d’entrer en contact avec ses proches, étant, du coup, à l’origine de contamination de seize personnes, des membres de sa famille et des membres du personnel médical ayant assuré sa prise en charge dans un centre de santé de Touba, une cité religieuse du centre du Sénégal.
Cette situation a fait de cette ville de la région de Diourbel le principal foyer de la maladie au Sénégal, devenu du coup le pays le plus touché en Afrique sub-saharienne.
Cela a sans doute déterminé le khalife général de la confrérie mouride, Serigne Mountakha Mbacké à débloquer un appui financier de 200 millions de francs à l’Etat dans la lutte contre le coronavirus.
Facteur de déclanchement d’un élan de solidarité matérialisé par le lancement par le chanteur Youssou Ndour et son groupe médiatique, GFM, d’une initiative dénommée ‘’Daan Corona’’ (vaincre le coronavirus).
Le don de masques de protection et de produits d’hygiène au ministère de la Santé et de l’Action sociale a consacré la première action entreprise dans ce cadre.
Des initiatives en appoint aux actions déroulées depuis la confirmation officielle le 2 mars du premier cas de Covid-19. Cette annonce avait été suivie par la validation d’un plan de riposte doté d’un budget d’un milliard et demi de francs Cfa et de l’activation Centre des opérations d’urgence sanitaire.
Depuis lors, un point sur la situation de la maladie est fait au quotidien par les services du ministère de la Santé et de l’Action sociale.
APS