PARIS (Reuters) – La crise provoquée par l’épidémie de coronavirus plonge l’économie mondiale vers des profondeurs inconnues depuis la Seconde Guerre mondiale, dit-on chez Unigestion.
« La première conséquence de ce manque de visibilité est de reconnaitre qu’à ce stade, nous ne savons pas comment la situation va évoluer », écrit dans une note Guilhem Savry, responsable de la gestion macroéconomique pour la société.
« La seconde est que devant tant d’inconnues, le meilleur moyen de faire face à la situation est de dérisquer les portefeuilles », ajoute-t-il.
Le haut niveau d’incertitude et la forte aversion des investisseurs pour le risque combinent leurs effets pour faire vivre aux marchés leurs pires journées depuis la grande crise financière de 2008-2009, poursuit-il.
Cette crise marque également le retour des frontières et pose un défi économique mais également politique, ajoute-t-il.
« Historiquement, le choc macroéconomique, la correction des marchés financiers et la crise de liquidité sont dissociés dans le temps et dans leur relation de causalité », écrit Guilhem Savry. « La crise actuelle est d’un type inédit car ces trois phases interviennent dans un espace-temps commun et avec une interaction plus large que dans les crises précédentes. »
Le consensus actuel table sur un choc violent mais temporaire avec un impact de deux trimestres de contraction économique avec une baisse du produit intérieur brut (PIB) comprise entre -2% et -3% selon les zones, selon lui.
Dans ce scénario, une récession mondiale est donc acquise avant un rebond, le tout dépendant évidemment de la durée de l’épidémie et de l’ampleur de sa propagation, écrit-il.
La réponse des banques centrale a été considérable mais n’a pas suffi à ramener la confiance sur les marchés et leurs marges de manoeuvre s’amenuisent. Quant aux réponses budgétaires qui se dessinent, elles sont contraintes par des niveaux de dette et de déficits extrêmement importants, toujours selon Guilhem Savry.
Dans ce contexte, Unigestion adopte, comme pratiquement toutes les sociétés de gestion, un positionnement défensif.
« À notre avis, nous n’avons pas encore vu la fin du désinvestissement qui commence habituellement par des actifs liquides, puis par des actifs moins liquides », lit-on dans la note.
La seule réponse à la crise qui pourrait être efficace serait une relance budgétaire mondiale mise en oeuvre et financée par les banques centrales, ajoute l’expert en définissant un concept connu dans les milieux économiques sous le nom de « monnaie hélicoptère ».
(Patrick Vignal, édité par Jean-Michel Bélot)