La ville de Wuhan, au cœur de l’épidémie de coronavirus, accueille des ressortissants français. En temps normal, environ 500 Français sont inscrits auprès du consulat de Wuhan. Vendredi, la capitale française « envisageait » de mettre à disposition des autocars pour que les Français présents dans la ville puissent en partir, annonçait le ministère des Affaires étrangères. Un groupe de huit d’entre eux est confiné depuis 3-4 jours dans un hôtel de Wuhan.
« Notre groupe est effectivement inscrit sur la liste des personnes prévues pour cette évacuation, raconte Valentin Izarn, joint au téléphone par Jelena Tomic. On a été informés de ce projet avant-hier soir. Hier, dans la journée, on a été contactés par le ministère des Affaires étrangères pour les numéros de passeport, date de naissance, etc. On vient juste de recevoir un mail du consulat qui ne stipule pas encore la date, ni l’heure d’évacuation. Donc on devrait recevoir un mail, j’espère, dans la journée ou peut-être demain. »
Le consulat leur a annoncé qu’ils allaient « devoir passer quatorze jours de quarantaine dans la ville de Changsha, avant de pouvoir partir pour rejoindre la France. C’est rassurant le fait de savoir qu’on ne transmet pas ce virus et on pourra rentrer en France sereinement, sans contaminer d’autres personnes ». Le groupe s’interroge cependant sur la raison pour laquelle la quarantaine ne peut pas avoir lieu en France.
Une précédente tentative pour partir avait échoué
« Quand on est partis [en Chine], on était informés comme tout le monde qu’il y avait un début d’épidémie. Mais d’après les médias français, ce n’était pas très grave. Il n’y avait rien de très suspicieux, de très dangereux. On n’est pas dans la ville. On est à peu près à 20 kilomètres, donc à quarante minutes du centre. On est quand même dans la zone confinée de Wuhan. Donc on a tenté de partir avant-hier soir. On a tous fait les valises, on est partis en voiture à minuit à peu près, pour tenter de rejoindre la ville de Changsha, là où se trouve un aéroport international, pour un vol, pour partir en France. »
Après une bonne heure de route, effectivement, il y avait des barrages de police. Donc impossible de passer. On a tenté d’autres routes un petit peu plus petites, comme des nationales ou des choses comme ça.. Mais pareil. Il y avait des barrages. C’était vraiment impossible de partir, donc on a décidé de rentrer à l’hôtel. On est confinés depuis trois-quatre jours, là, dans la chambre. On ne sort pas, on reste entre nous. Après, au niveau de la nourriture, on ne mange pas grand-chose. Le service de l’hôtel nous amène du riz, un petit peu de nouilles… Donc c’est assez restreint. Par rapport à tout ce qu’on a pu lire, comme quoi ça pouvait se transmettre par le biais de la nourriture, surtout le poisson, la viande… Donc voilà, réellement on ne sait pas, on se contente du riz et des nouilles pour essayer de restreindre le virus au maximum ».
Situation sanitaire tendue à Wuhan
« De notre côté, il n’y a personne qui a de la fièvre ou de toux, qui sont les deux symptômes principaux. Après, tous, on est forcément un petit peu inquiets de voir aussi sur Internet le nombre de cas qui est exponentiel, qui augmente sans cesse.»
Les Français en question sont âgés d’une trentaine d’années. Ils sont « en bonne santé » et sportifs, nous raconte encore Valentin Izarn.
Le jeune homme confirme qu’à Wuhan, la situation sanitaire est tendue. « On est effectivement en rupture de stock de masques et de gel désinfectant pour les mains. Ça, c’est quasiment impossible d’en trouver dans toute la région confinée de Wuhan. C’est impossible dans toutes les pharmacies… C’est complètement impossible d’en trouver. On a toujours quelques-uns en stock. Mais là, on n’a pas des centaines non plus. On a essayé de les économiser au maximum. »
« Le plus choquant, ce sont les ambulances qui passent avec les conducteurs qui sont habillés comme des cosmonautes… On ne voit vraiment plus un seul centimètre de peau. Après, est-ce que concrètement ça les protège ? Ça, personne ne peut le dire. Quand on voit ce genre de véhicule passer, c’est impressionnant ! On se demande sur quelle planète on est. Ça fait vraiment film de science-fiction ! »