Une étude estime que le taux de mortalité pourrait être de 30 à 40% dans les services de réanimation. Bien plus que les 10% annoncés par Jérôme Salomon.
La mortalité due au Covid-19 dans les services de réanimation serait-elle plus élevée que prévu ? Une étude du Réseau européen de ventilation artificielle (REVA) pointe un chiffre trois à quatre fois plus important que celui communiqué par le gouvernement et de son directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, qui évoque 10% de mortalité au sein de ces services.
Cette étude, à laquelle Le Monde a eu accès, compile les données du REVA. Créé en 2009, lors de la grippe H1N1, le REVA constitue de fait le registre national des formes graves en réanimation en France. Avec la pandémie due au coronavirus, le réseau est passé de 70 à environ 200 centres de réanimation. Dimanche 26 avril, 4682 patients Covid étaient en réanimation, selon les chiffres du ministère de la Santé.
Pathologie grave
Cette étude a suivi une cohorte d’un peu plus de 1000 malades, et permet donc d’estimer une mortalité en réanimation située entre 30% et 40%. « C’est un chiffre énorme », selon Matthieu Schmidt, médecin réanimateur à la Pitié-Salpêtrière, à Paris, et coordinateur du REVA, cité par Le Monde. « Il y a encore des données à analyser en provenance de certains centres pour affiner ce chiffre, mais on sera sur cette tendance, représentative de l’ensemble des réanimations de France », ajoute-t-il. Il ne s’attendait pas à avoir des chiffres aussi élevés lorsqu’il a lancé l’étude, explique-t-il. « Avec le H1N1, même avec les formes les plus graves, on était à 25% » de mortalité.
Selon ce médecin, ce n’est pas le manque de capacité des services de réanimation qui explique ces taux très élevés, mais plutôt le caractère multiple de la maladie. « On n’est pas seulement sur une pneumonie, sur une simple défaillance des organes pulmonaires, mais sur une pathologie grave qui a aussi une grande composante inflammatoire, vasculaire ou qui peut également atteindre les reins. »
Mortalité à l’instant T
Les estimations du ministère de la Santé reposeraient également sur un échantillon pas forcément représentatif, de 2806 patients présents dans 144 services de réanimation du 16 mars au 12 avril. À cette date, 291 d’entre eux sont morts, soit effectivement 10,37%. Mais à cette époque, seuls 55% de ces patients avaient fait l’objet d’une ventilation invasive, contre 80% dans la cohorte REVA, explique Le Monde.
Le ministère de la Santé explique au quotidien que « les propos » de Jérôme Salomon « se fondent sur une photographie des données de Santé publique France, et sur le nombre de patients « décédés » parmi les patients admis en réanimation, soit la mortalité à l’instant T au niveau de l’échantillon de Santé publique France. »