Les autorités nigérianes ont amorcé lundi l’assouplissement des mesures de confinement instaurées à Lagos, sa plus grande ville, ainsi que dans sa capitale, Abuja. Le retour à la normale est prévue d’ici six semaines.
« Les affaires reprennent, et il était temps ! » : les rues de Lagos, ville la plus peuplée d’Afrique subsaharienne, grouillaient à nouveau de monde lundi 4 mai. Dès les premières lueurs du jour, entre les klaxons énervés et les harangues des commerçants, la capitale économique du Nigéria a rapidement tourné la page du confinement.
À chaque coin de rue, les petits vendeurs de boissons, de légumes et de viande grillée avaient repris place derrière leurs glacières et leurs bidons fumants tandis que, sur le chemin du travail, les files de voyageurs s’allongeaient sur les parkings.
Face à la pression sociale, après les violences et les pillages qui avaient émaillé ces dernières semaines, le gouvernement a décidé d’assouplir les mesures et de n’imposer qu’un couvre-feu de 19 heures à 6 heures du matin.
La faim se faisait cruellement sentir
Dans ce pays où plus de 80 millions d’habitants – sur un total de 200 millions – vivent sous le seuil de l’extrême pauvreté, et où l’on dépend surtout du secteur informel pour survivre, la faim se faisait cruellement sentir.
Dans les quartiers densément peuplés du « Mainland », la partie continentale de la ville, les gares routières avaient également retrouvé leur bouillonnement habituel : les conducteurs de minibus interpellaient joyeusement les clients, mais cette fois, avec un masque pour se protéger le visage.
Dans le quartier d’affaires de Victoria Island, on se précipitait vers les banques pour pouvoir récupérer de l’argent et redémarrer son activité économique.
Les forces de sécurité pas assez nombreuses
Des policiers ont été déployés à travers la ville pour tenter de sensibiliser les foules sur les gestes de protection et les règles instaurées par l’État de Lagos. « Nous n’autorisons que les passagers avec des masques », a expliqué l’un d’entre eux à l’AFP. « La capacité des bus ne doit pas dépasser les 60 %, et seuls les conducteurs qui peuvent distribuer de l’eau, du savon ou du gel hydroalcoolique peuvent circuler. »
Le policier assure que son équipe a déjà empêché une cinquantaine de bus de circuler. Mais la tâche est titanesque dans cette mégalopole et les forces de sécurité ne seront pas assez nombreuses pour faire respecter les principes de distanciation sociale d’au moins 1,50 mètre imposés par les autorités.
Trop peu de tests
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en garde les gouvernements d’Afrique subsaharienne, où une grande partie de la population vit du secteur informel, contre les tentations de déconfinement.
Le Nigeria recensait lundi près de 2 500 cas officiellement déclarés d’infection au coronavirus – la majorité des nouveaux cas se trouvant à Lagos et à Kano – pour 87 décès seulement.
Toutefois, le pays le plus peuplé d’Afrique avec près de 200 millions d’habitants n’a réalisé qu’un nombre insignifiant de tests. Et les autorités de Kano, grande capitale du Nord, ont reconnu dimanche que « la plupart » des dizaines de « morts mystérieuses » survenues dans l’État ces derniers jours étaient dues au coronavirus, bien qu’elles ne soient pas enregistrées dans les statistiques officielles.