Covid-19 : pourquoi l’Institut Pasteur a-t-il renoncé à son vaccin ?

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L’Institut Pasteur a annoncé lundi l’arrêt du développement de son projet de vaccin contre le Covid-19, après que les réponses immunitaires induites se sont avérées inférieures à celles observées chez les convalescents. Le patron du laboratoire d’innovation vaccinale de l’Institut, Frédéric Tanguy, s’est expliqué dans Europe Midi.

L’Institut Pasteur a annoncé lundi qu’il arrêtait le développement de son principal projet de vaccin contre le Covid-19, car les premiers essais ont montré qu’il était moins efficace qu’espéré. Depuis 11 mois, Frédéric Tangy, le patron du laboratoire d’innovation vaccinale de l’Institut Pasteur, et son équipe, travaillaient sur ce traitement. Invité de Patrick Cohen jeudi midi, il a expliqué les raisons de cet abandon.

Une réponse immunitaire inférieure
« Les résultats qui nous ont été donnés montrent que les réponses immunitaires de ce vaccin aux différentes doses testées, sont inférieures aux résultats obtenues avec les vaccins ARN qui sont déjà déployés sur le marché, et également inférieures aux réponses immunitaires que l’on observe chez les convalescents. Donc dans cette mesure, je comprends la position d’un industriel majeur comme Merck, qui s’est dit qu’il était déjà en retard dans la course et qu’il n’allait pas se lancer avec un produit peut-être légèrement ou trop inférieur à ceux déjà sur le marché », a détaillé le chercheur, également auteur avec Jean-Nicolas Tournier de l’ouvrage Les Grandes épidémies et la Covid-19 aux éditions Odile Jacob.

Car pour concevoir et distribuer ce traitement, l’institut de recherche français s’était en effet allié au laboratoire pharmaceutique MSD (nom du groupe américain Merck hors des Etats-Unis et du Canada), qui a ensuite pris la main sur les essais cliniques. « L’institut Pasteur est un centre de recherches qui a des missions comme la santé publique, l’enseignement, l’innovation…Mais ce n’est pas un industriel du développement des vaccins. Ça c’est à la charge des industriels justement, et dans ce cas précis, c’était assuré par le géant américain Merck », poursuit Frédéric Tanguy.

Contraint d’abandonner en l’absence d’industriel
C’est à ce moment-là que le vaccin a en partie « échappé » aux chercheurs de Pasteur. « C’est eux qui avaient le contrôle de la poursuite ou non du projet. Et c’est une position que je respecte, que je comprends. L’industriel a décidé de se repositionner sur des traitements, sur des anticorps monoclonaux etc », a tranché Frédéric Tangy, précisant qu’en l’absence d’un autre développeur industriel, Pasteur n’a pu qu’abandonner.

Pour lui, l’objectif désormais est de comprendre ce qui n’a pas marché : « La tâche bien évidemment maintenant c’est de décrypter ces résultats, de fouiller, d’aller à fond, de comprendre, de voir ce qu’il s’est passé. Et de les comparer aux résultats pré-cliniques qui avaient été générés à l’Institut Pasteur et qui étaient très bons. Car dans ces cas-là ce sont des tests sur des animaux, donc pas comparables avec ce qu’il se passe chez l’homme, mais sur eux l’efficacité était de 100% ».

europe1

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