L’expert indépendant des Nations Unies pour le Mali, Alioune Tine, fondateur du Think tank « Afrikajom Center », appelle à une « réponse régionale » à « la crise de la démocratie, du suffrage universel, de la gouvernance et de la sécurité » en Afrique de l’Ouest.
« La crise de la démocratie, du suffrage universel, de la gouvernance et de la sécurité est régionale et c’est par une réponse régionale au sein de la CEDEAO, qu’une réponse appropriée et durable pourra être trouvée », a-t-il indiqué lors d’un entretien, jeudi, avec l’APS.
« Cela appelle de la part de toute l’opinion africaine une mobilisation exceptionnelle », a estimé Alioune Tine, ancien président de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (RADDHO).
Alioune Tine a exprimé ses « sérieuses préoccupations » par rapport à « la grave crise régionale de la démocratie, du suffrage universel, de la gouvernance et de la sécurité qui constitue à terme un véritable risque de déflagration de l’Afrique de l’ouest ».
Le fondateur du Think tank « Afrikajom Center » a, entre autres, recommandé « un sommet extraordinaire » de la CEDEAO consacré à la crise régionale de la démocratie, des élections, des droits humains et de la gouvernance.
Cette rencontre pourrait faire le diagnostic des « causes profondes » de la crise et « proposer des remèdes appropriés aux pathologies et dysfonctionnements de la démocratie et des élections qui sont une menace pour la stabilité régionale ».
Il a aussi recommandé « une réforme profonde de la Commission de la CEDEAO qui semble avoir atteint ses limites dans la prévention, la gestion et la résolution des crises particulièrement les crises de la démocratie et des élections ».
M.Tine a appelé aussi à « repenser l’observation des élections qui tourne à vide et est incapable de jouer quel que rôle que ce soit dans le cadre de crises graves des élections et des droits humains comme celles de la Côte d’Ivoire et de la République de Guinée ».
Il a également suggéré de « renforcer l’indépendance structurelle, juridique et financière des organes de régulation et d’arbitrage nationaux, régionaux et internationaux qui font l’objet de contestations et de discrédit de la part de certains acteurs politiques et de la société civile pour leur manque d’impartialité et leurs dysfonctionnements ».
Alioune Tine a recommandé la création d’une commission d’enquête internationale sur « les violations graves des droits de l’homme en Côte d’Ivoire et en République de Guinée ».
Selon lui, « l’impunité de certains auteurs de violations graves de droits de l’homme en Guinée (événements du 28 septembre 2009) et en Côte d’Ivoire (événements post-électoraux de 2010) explique la récidive de ces mêmes violations en ce moment dans ces pays ».
L’ancien haut responsable d’Amnesty international pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale estime qu’il « faut la mobilisation » de l’opinion africaine et internationale pour « mettre une forte pression sur la CEDEAO et les leaders politiques africains, toutes obédiences confondues, pour le respect du droit à la vie, à l’intégrité physique, à la jouissance des libertés publiques et surtout et fondamentalement à la paix et au bien-être des africains ».