Désignés par Umaro Sissoco Embalo comme les cerveaux de la tentative de coup d’État du 1er février : Le passé compromettant de Bubo Na Tchuto et Cie.

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Plus d’une semaine après avoir échappé à un renversement de son régime, le président bissau-guinéen a fait face à la presse. Umaro Sissoco Embalo s’est encore prononcé sur les événements du 1er février. Retraçant les faits, il se souvient que c’est « en plein conseil des ministres » que des tirs à l’arme lourde ont été entendus au siège du gouvernement. Le chef de l’État bissau-guinéen affirme s’être caché dans une pièce en compagnie de la ministre de la Justice, d’un membre de sa garde rapprochée et de son aide de camp. Umaro Sissoco Embalo a confié à la presse qu’il ne pouvait pas en tant que président détaler eu égard à son rang.

Cela dit, il a réitéré les accusations déjà formulées au soir de cette tentative de putsch au cours de laquelle onze personnes ont perdu la vie. À l’en croire, c’est les réseaux de trafic de drogue qui sont à l’origine. Le président bissau-guinéen a nommément cité les présumés cerveaux arrêtés après le 1er février. Il s’agit du contre-amiral Americo José Bubo Na Tchuto, de son homme de main Tchami Lalà (lire Yala) et Papis Djémé. Umaro Sissoco Embalo a mentionné que les trois hommes sont liés au trafic de drogue international et ont eu maille à partir avec la justice américaine.

En effet, Bubo Na Tchuto ainsi que les deux personnes citées par le chef de l’État Bissau-Guinéen ont été interceptés en 2013 dans les eaux internationales du Cap Vert par des agents de la DEA et des policiers Cap-verdiens. Les trois hommes se sont compromis en faisant des transactions avec des agents infiltrés américains, alors qu’ils croyaient être des membres des FARC colombiennes.

Selon l’acte d’accusation du parquet du District sud de New York, Papis Djémé ainsi que ses deux co-accusés, l’ancien contre-amiral José Americo Bubo Na Tchuto et Tchamy Lalà ont participé à une réunion au cours de laquelle il a été question de l’expédition de tonnes de cocaïne aux Etats-Unis par voie maritime. A cette occasion, Bubo Na Tchuto a assuré que le moment était opportun pour agir compte tenu du contexte. Le Général Mamadu Ture Kuruma, vice-chef d’État-major des armées venait de mener un coup d’État au sortir du premier tour de la présidentielle. En octobre 2012, Papis Djemé a préconisé l’utilisation de bateaux « Go-Fast » jugés plus aptes pour transporter la cocaïne en Guinée Bissau. À l’occasion d’autres réunions, les trois ont convenu de recevoir un chargement de deux tonnes de cocaïne en Guinée Bissau en vue de son transport aux États-Unis et en Europe. Par exemple, le 17 novembre 2012, le trio a rencontré des agents infiltrés de la DEA qui leur ont fait croire qu’ils appartenaient aux Farc pour mettre au point l’importation de 1000 kg de cocaïne aux États-Unis. Ils devaient utiliser une société de Bubo Na Tchuto pour faciliter l’expédition de la drogue alors que Papis Djemé a accepté de fournir les documents nécessaires à la manœuvre.

Quant à Lalà, la sécurité de la drogue en Guinée lui était dévolue. Pour cette mission, Bubo Na Tchuto a réclamé 1 million de dollars (655 millions) par tonne de cocaïne. Le reste de la discussion se passera entre le nommé Papis Djemé et les agents infiltrés à qui il a envoyé les coordonnées de la rencontre entre le bateau transportant la cocaïne depuis l’Amérique du Sud et le « Go-Fast » devant l’entreposer en Guinée Bissau avant le grand voyage sur les États-Unis et l’Europe.

Extradés aux États-Unis, ils ont tous les trois écopé de 4 ans de prison. Leurs peines purgées, ils sont rentrés en Guinée Bissau.

À son retour, l’ancien chef de la marine a demandé sa réintégration dans l’armée, en vain. Bubo Na Tchuto s’est reconverti dans la vente de carburant. Dans le viseur des autorités, il est accusé de fraude fiscale et de blanchiment de capitaux. En février 2021, il est cité, avec Tchami Lalà dans un complot pour renverser l’ordre constitutionnel incarné par Umaro Sissoco Embalo.

Malgré ce passé compromettant et leur rôle dans le trafic international de drogue, l’ancien contre-amiral et ses co-accusés sont vus par certains comme des bouc-émissaires dans ce qu’ils considèrent comme une mise en scène des autorités pour se donner les pleins pouvoirs. Ils prouvent leurs théories par le deux poids deux mesures dont fait montre l’actuel président qui, en tirant sur les narcotrafiquants, ferme les yeux sur un certain Antonio Indjai actuellement recherché pour trafic de drogue et qu’il refuse de livrer.

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