Les nouvelles technologies continuent de faire des victimes chez la jeunesse qui en use à ses dépens, comme en témoigne la comparution de I. Sall qui a été attrait, ce 8 octobre, devant la barre de la chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Dakar. Le prévenu est poursuivi pour collecte illicite et diffusion de données à caractère personnel sur son ex copine, D. Seck.
Mal lui en prit, l’accusé n’en démord pas de filmer ses ébats sexuels avec ses partenaires. À l’entendre dans ses propos, sa démarche lui procure du plaisir. Devant la barre, I. Sall, 27 ans ne nie pas la diffusion d’images contraire aux bonnes mœurs, même s’il conteste la collecte illicite des données personnelles.
« D. Seck et moi étions en couple entre 2014 et 2016. Les photos, c’est elle qui me les a envoyées. Je n’ai jamais partagé de vidéos et photos en train de faire l’amour », a-t-il expliqué face au juge avant que celui-ci lui restitue les déclarations de la plaignante versées dans le procès verbal d’enquête.
« Il y’a des photos qu’elle t’a envoyées d’après l’enquête, mais pour les vidéos elle dit ne pas être au courant quand tu les prenais. Et tu la faisais chanter en lui ordonnant de venir te rencontrer, tu lui as même proféré des insultes et tu lui donnais des délais. Tu as également pris les photos de D. Seck que tu as envoyées à une autre fille du nom de M. D. B. Seck qui est-elle? », lui lance le juge.
« Mon problème avec D. Seck est parti d’une dispute dans laquelle je lui interdisais de s’afficher sur le réseau Tik Tok avec des images indécentes. Elle était au courant quand je prenais les vidéos de nos ébats. Je ne l’ai jamais fait chanter. Concernant M. D. B. Seck, elle est une cousine de D. Seck et cette dernière ne digérait pas de me voir avec elle, parce qu’elle croyait qu’on avait une relation alors qu’elle était juste une amie; je l’ai connue grâce à D. Seck », a-t-il répondu avant de poursuivre pour expliquer comment les images et vidéos de son ex copine ont atterri entre les mains de la fille M. D. B. Seck.
« Oui j’ai envoyé des photos à M. D. B. Seck. En effet, cette dernière m’avait sollicité pour lui acheter un Iphone et après l’achat je l’aidais à installer des applications en utilisant mon compte icloud et c’est de cette synchronisation qu’elle a reçu les images obscènes de sa cousine », a fait savoir I. Sall.
L’interpellant sur ses prises de vidéos sur d’autres filles notamment F. Sarr et M. Seck avec qui il a entrenu des ébats sexuels, le parquet taxe l’accusé d’être un habitué des faits et l’invite à s’expliquer.
« J’ai filmé F. Sarr avec qui je suis actuellement en couple et c’était intime. C’est entre nous, cela est privé. Ce n’est pas décent je le reconnais, mais c’était pour le plaisir », a dit le prévenu qui soutient n’avoir jamais eu l’intention d’envoyer les photos à quiconque. Il s’est d’ailleurs excusé devant la barre pour la diffusion de ces données contraires aux bonnes mœurs.
Dans son réquisitoire, le parquet a relevé la culpabilité du mis en cause avant de le qualifier de délinquant sexuel.
« Le prévenu reconnait les faits en l’espèce l’envoi d’images obscènes et même s’il réfute la collecte illicite de données à caractère personnel. L’enquête a révélé qu’il y’avait d’autres victimes. Ce sont les dames M. Seck et F. Sarr dont les images ont été retrouvées dans l’ordinateur et le portable du mis en cause. Les faits sont extrêmement graves et nous avons devant nous, un délinquant sexuel », a dit le procureur qui a notamment invité la cour à déclarer I. Sall coupable avant de requérir contre lui 2 ans dont 1 an ferme d’emprisonnement.
La défense elle, s’est appuyée sur l’immaturité de son client qui selon lui vient récemment de sortir de l’adolescence pour plaider la clémence de la cour.
« Les nouvelles technologies sont en train de gangrener la vie des jeunes comme lui. Il était en couple avec la plaignante pendant une durée, vous verrez que la quasi-totalité des images et vidéos dont on parle ont été envoyées par son ex petite copine. Il est jeune et a posé des actes très graves, malheureusement, il n’a pas pris conscience de cela parce qu’il est jeune. Pour ce qui est des vidéos qu’il a faites, il les fait de concert avec ces filles dont vous parlez. La collecte ne saurait être retenue mais pour la diffusion d’images contraires aux bonnes mœurs, oui, mon client plaide coupable et il a présenté ses excuses. Il a fauté c’est un phénomène de société, mais dire que c’est un délinquant sexuel peut être contesté », dira le conseil.
L’avocat de I. Sall a plaidé pour un renvoi des fins de la poursuite contre son client à défaut, il a demandé sa relaxe au bénéfice du doute.
Dans son verdict, le tribunal a déclaré I. Sall coupable des faits qui lui sont reprochés et l’a condamné à 2 ans d’emprisonnement dont 2 mois ferme…