Diop Fall : «Je regrette de n’avoir pu accompagner mon père jusqu’à sa dernière demeure»By Amadou on mars 10, 2020SHARETWEETSHARESHARE0 COMMENTS
Son humour tranchant et ses mimiques délirantes ont fait tache d’huile dans le paysage médiatique sénégalais. Hors du pays pour des raisons médicales, son retrait de la scène a laissé un énorme vide. Que Diop Fall entend combler très vite avec de nouvelles productions. En attendant, il nous rejoue la «scène» du salon de l’agriculture à Paris auquel il a pris part, en même temps qu’un Maire infecté au coronavirus. Entre autres, le comédien évoque son traitement en France, la mort de son père derrière lui. Interview…
On vous a aperçu au salon international de l’agriculture qui s’est tenu à Paris la semaine dernière. Comment avez-vous vécu ce rendez-vous ?
Je rends grâce à Dieu d’avoir eu l’opportunité de participer au salon international de l’agriculture à Paris. C’était extraordinaire. C’est comme si j’étais au Sénégal. J’y ai vu toutes sortes de produits made in Sénégal. Cela m’a rappelé bien des choses. Et j’ai salivé d’envie quand j’ai vu du riz de la vallée, de l’huile raffinée du Sénégal, de la bouillie, du pain de singe, du mil, du gingembre, des cacahuètes, de l’arachide, du sanglé (lakh), de la bouillie de mil au pain de singe mélangé à la pâte d’arachide (ngalakh), du bissap, du niébé… Des choses rares qu’on ne voit pas tous les jours en France. C’était un salon riche avec des spécificités bien sénégalaises. Le salon a été une belle vitrine pour le Sénégal. Nous avons un pays qui peut se développer avec ses propres ressources. Je crois énormément au consommer local. En somme, cela m’a rendu nostalgique.
A quel titre avez-vous participé au salon de l’agriculture ?
Je suis en partenariat avec le ministère de l’Agriculture. C’est un compagnonnage qui date de très longtemps. Je fais de l’animation dans ces genres de manifestations. Ceux sont des partenaires que je remercie beaucoup. Ils me soutiennent. Aujourd’hui, je ne me plains pas parce que les gens m’appuient. Des panels ont été organisés lors du salon. J’ai participé à l’animation. C’était super. On me voit très souvent dans les salons organisés à Paris et ailleurs. J’y participe parce que je suis en France pour des soins médicaux. Je me soigne mais aussi je travaille pour vivre et aider mes parents au Sénégal. Mon père est décédé alors que je me trouvais en France pour me soigner. Ce sont des souvenirs douloureux. Je regrette de n’avoir pas pu être là pour pouvoir accompagner mon géniteur jusqu’à sa dernière demeure mais le sort en a décidé autrement. C’est triste, mais je n’y peux rien. Ma famille passe avant tout et c’est pour elle que je trime. Le théâtre, c’est mon métier. J’éduque et soigne par le rire. J’ai donc décidé de reprendre ici en France, les mêmes animations que je faisais au Sénégal.
Où en êtes-vous avec votre traitement médical ?
Je me soigne toujours. Et je profite d’un traitement de qualité avec un plateau technique relevé. La médecine en France, c’est une science exceptionnelle. Il y a un plateau médical de haut niveau. Je bénéficie d’un bon traitement par la grâce de Dieu. Je Je ne souffre plus comme au début de la maladie. Il y a nettement de l’amélioration par rapport au début de mon séjour. C’est d’ailleurs ce qui me permet de mener mes activités sans problème.
Quand comptez-vous rentrer au Sénégal ?
Je ne saurai le dire pour le moment. Mes soins se font dans le long terme et je ne peux me permettre de rentrer sans les finir. Ce n’est pas l’envie qui me manque toutefois, ma santé est ma priorité. Quand on n’est pas en bonne santé, on ne peut rien faire. Mais je pense à mon pays, à mes amis artistes-comédiens. Dans tous les cas, je reviendrai au Sénégal. J’aime mon pays. Je le préfère à n’importe quel autre dans le «
«J’aurais peut-être l’occasion de venir au Sénégal»
La délégation sénégalaise ayant pris part au salon de l’agriculture a eu des sueurs froides avec l’épidémie du coronavirus. Le maire de la Balme-de-Sillingy infecté au virus y était également. Une mise en quarantaine avait même été agitée. Aviez-vous peur pour votre santé ?
C’est une situation regrettable. J’ai appris qu’il y a deux (4 ndlr) cas confirmés au Sénégal. J’ai même entendu dire que les participants au salon international de l’agriculture pourraient être mis en quarantaine à leur arrivée à l’aéroport international Blaise Diagne (Aibd). J’ai eu un pincement au cœur en pensant à mon pays. Je ne souhaite pas qu’une telle maladie endeuille les ménages. Prions pour que cela s’arrête là. Je recommande aux gens de se laver les mains avec de l’eau de javel et du savon à chaque fois qu’ils sont de retour à la maison, de porter des masques. Il y a des mesures d’hygiène élémentaires qu’il faut respecter. Il faut éviter les grands rassemblements. Nous sommes dans un pays où on aime se serrer la main. C’est des choses à éviter, quitte à frustrer les autres. Moi, j’ai foi en Dieu. Il nous préservera de tout mal.
Que nous mijote Diop Fall sur le plan artistique ? Avez-vous des productions en vue ?
Je me prépare à tourner mes séries du Ramadan. Car c’est bientôt le mois béni. Je ferais des sketchs comme je le faisais au Sénégal. Seulement, je vais les tourner en France. Mais ce sont des séries que les Sénégalais pourront suivre à travers les télévisions de la place avec qui j’ai signé des contrats de production. Je suis un artiste-comédien aux projets multiples. J’aurais peut-être l’occasion de venir au Sénégal et de tourner quelques séquences. On ne sait jamais. Tout a débuté par le Sénégal. C’est pourquoi je veux tout retourner à ce public qui m’a tout donné et a fait de moi, ce que je suis aujourd’hui.
De loin, avez-vous un regard sur ce que font vos collègues artistes-comédiens du Sénégal ?
Je prie pour leur succès. Au Sénégal, il y a des talents confirmés. Le plus important, c’est que nous soyons solidaires. Et que chacun souhaite à l’autre, tout le bonheur du monde possible. Les rivalités ne nous grandissent pas. On a les mêmes ambitions pour le théâtre. On est aujourd’hui à une époque où le théâtre nourrit son homme. Il faut oser y croire et ne pas tout accepter.