Le président Sall n’a nullement l’attitude de quelqu’un qui fait ses valises. Au contraire, il multiplie ses opérations de charme envers tous les secteurs qui sont des niches de voix : jeunesse, politiques, chefs religieux, maires élus, etc. Pour les jeunes, il s’occupe aujourd’hui à les charmer sur le net à travers des canaux de discussions avec ces derniers. « Jokko ak Macky Sall » entre dans ce cadre.
C’est d’ailleurs dans cette optique qu’il a aussi rencontré ce jeune estampillé insulteur public à Paris. Une rencontre controversée parce que beaucoup ne comprennent pas cette main tendue. Mais, là-dessus, c’est le jeune qui a plus aujourd’hui des soucis à se faire par rapport à sa démarche.
Car, s’il était vraiment hostile au Président de la République et à sa politique, il ne l’aurait jamais rencontré. Cela en dit long sur l’attitude de beaucoup qui, secrètement rêvent d’entrer dans les bonnes grâces du pouvoir, alors qu’ils passent tout leur temps à s’en prendre à lui. Il en est ainsi d’hommes politiques qui, naguère étaient très hostiles et qui, aujourd’hui, acceptent des postes importants et sont même devenus les plus grands défenseurs de Macky.
De pourfendeurs à défenseurs, nombre de Sénégalais n’hésitent pas souvent à ravaler leur fierté, à renier leurs convictions et à franchir le pas. Avec la même aisance. Et cette démarche en rajoute à la confusion générale. Certains passent facilement d’un camp à un autre. Le cas Fatoumata Ndiaye de Fouta Tampi en est un exemple patent. Cette « guerrière » des temps modernes a tout de suite rangé ses armes après une certaine audience. Et même dans le milieu de la presse, journalistes et animateurs ne sont guère épargnés. Le comble serait de continuer à travailler dans ce milieu alors que l’on se gargarise d’un titre glorieux de conseiller ou je ne sais quel autre.
C’est à croire que Macky a un pouvoir d’anesthésier ses détracteurs. Est-ce le pouvoir de l’argent ? Est-ce l’attraction du pouvoir ou le manque de conviction chez ceux qui s’agitent ? En tout cas, la situation est tellement critique qu’elle commence à inquiéter beaucoup de Sénégalais dont certains ‘’soldats’’ tournent leurs vestes à la faveur de certaines médiations pour les pousser vers l’occupant du Palais de l’Avenue Roume, celui qu’ils critiquaient tellement que l’on pouvait penser qu’ils nourrissent une haine contre lui.
A ce propos, c’est le ralliement du patron du parti Rewmi qui a été le plus spectaculaire. Mais également celui de Bamba Fall, Maire de la Médina. On annonce le départ d’un des responsables Pastef de Touba.
C’est d’ailleurs dans cette optique que le Parti démocratique sénégalais s’est vidé de ses cadres, y compris les plus irréductibles. Pour comprendre cette tendance, il faut juste se mettre à l’esprit que le pouvoir attire et séduit et nombre de ceux qui semblent le rejeter, ne rêvent en fait que d’en profiter. Ils sont en effet rarissimes ceux qui ne seraient pas tentés d’accepter des propositions alléchantes de partage du gâteau, de nomination à des postes ou tout simplement de rencontrer le président de la République, étant entendu que beaucoup ont entendu parler d’enveloppes qui circulent…
Tout récemment d’ailleurs, nous avons été frappé que dans la banlieue, un Imam a perdu les pédales parce que simplement il était chargé de réciter quelques prières devant le Chef de l’Etat. Il était tellement pressé de lui faire part de certaines doléances, qu’il a escamoté la prière dans une frénésie qui fait sourire. Il parait qu’un ancien Président aurait dit que « chaque Sénégalais a un prix ».
Cette cruelle assertion végète quelques vérités amères. Or, il aurait été souhaitable que, dans une société comme la nôtre, chacun tente de rester à sa place : Que l’opposition s’oppose, la société civile fait pression, les syndicats revendiquent, les religieux veillent sur tous et que la presse alerte. Mais, avec cette confusion de rôles, Macky pourrait se dire qu’il a assez de coudées franches pour tenter de s’éterniser au pouvoir. Car, après tout, il a largement réussi à domestiquer plus d’un. Et il ne s’arrêtera pas en si bon chemin.
Par Assane Samb