À 24 heures du Grand Magal de Touba, la capitale du mouridisme accueille ses hôtes qui viennent des quatre coins du monde pour réitérer leur dévotion à Cheikh Ahmadou Bamba. Cependant, ce ne sont pas tous les fidèles venus en pèlerinage qui ont un site d’hébergement. Certains passent la nuit à la belle étoile.
Ibrahima Fall fait partie de ce dernier lot. Assis sur un tapis de prière à quelques encablures de la résidence Khadim Rassoul, il confie qu’il n’a pas de site d’hébergement mais cela ne peut pas être un frein à venir célébrer le Magal à Touba. « Je passe la nuit à la belle étoile mais c’est une grâce pour moi. Serigne Touba a enduré plus dur. Il a surmonté d’énormes obstacles pour nous sauver. Donc, peu m’importe où je passe la nuit. L’essentiel, c’est d’être là pour lui renouveler mon acte d’allégeance », explique-t-il.
Fall n’est pas le seul dans ce cas. D’autres de ses camarades dorment aussi à la belle étoile ou dans les cours des maisons des grands marabouts. La cinquantaine bien sonnée, Khadidiatou Kane est originaire de Ourossogui. Elle est à Touba pour mendier. Assise en face de la grande mosquée, elle expose devant elle des pièces de monnaie et tend la main aux passants. A l’en croire, elle est dans la cité religieuse depuis samedi mais, elle dort sur des cartons. « Nous passons la nuit sur place, sur les cartons que vous voyez là », confie-t-elle, montrant du doigt les objets qui lui servent de lit au crépuscule.
Mais, dit-elle, ce sont les maisons des marabouts qui se trouvent aux alentours qui leur donnent quotidiennement à manger. « Nous mangeons à notre faim et gratuitement durant tout notre séjour à Touba. Les bienfaits de Serigne Touba nous trouvent ici », se glorifie-t-elle. I
ssu de la région de Thiès, Ismeu Sèye est dans la même situation. Son sac à dos posé à coté de lui, le visage poussiéreux, nous l’avons trouvé en train de boire du café en scrutant le ciel nuageux qui a fini d’ouvrir ses vannes. « J’ai un site qui peut m’accueillir mais c’est loin d’ici. Donc, je préfère passer la nuit aux alentours de la mosquée afin de pouvoir faire correctement mes ziarras. Et pour aller aux toilettes, je vais dans les mosquées des marabouts. Les maisons de Serigne Saliou et de Serigne Fallou ne sont pas loin d’ici », soutient-il. Et d’ajouter fièrement : « Nous ne sommes pas là pour faire du tourisme mais plutôt pour rendre grâce à Serigne Touba. »