L’information est tout sauf satirique. Selon l’agence américaine Associated Press (AP), au Caire, la vente de gilets jaunes est désormais soumise à surveillance.
Gouverner, c’est prévoir. En la matière, les autorités égyptiennes se montrent très prévoyantes. À deux mois du huitième anniversaire de la chute d’Hosni Moubarak, l’Égypte a discrètement restreint la vente de gilets réfléchissants jaunes, craignant que les opposants à l’actuel président Abdel Fattah al-Sissi ne tentent de copier les manifestants français.
Principe de précaution ?
«La police est venue ici il y a quelques jours et nous a dit d’arrêter de les vendre, relate un revendeur. Quand nous avons demandé pourquoi, ils ont répondu qu’ils agissaient sur instructions. » « Ils ne semblent pas vouloir que quiconque fasse ce qu’ils font en France», croit savoir un autre. Tous exigent d’être cité anonymement, par peur de représailles.
Les mêmes détaillants assurent que les importateurs de produits de sécurité industrielle et les grossistes ont été convoqués à une réunion d’information, cette semaine au Caire, avec de hauts responsables de la police. Les fonctionnaires, qui ont une connaissance directe des mesures, se sont eux aussi confié sous couvert d’anonymat. Ils ne seraient pas autorisés à en informer les médias. Les appels répétés et les messages adressés au porte-parole du ministère de l’Intérieur, qui supervise la police, sont restés sans réponse.
La couverture médiatique en Égypte du mouvement social français des « gilets Jaunes » a mis en exergue les émeutes, pillages et incendies, à Paris et en province. Comme en écho au discours du président Abdel Fattah al-Sissi, selon lequel les manifestations conduisent au chaos, sur les plans sécuritaire, politique et économique. Depuis l’arrivée au pouvoir d’al-Sissi en 2014, aucune manifestation importante ne s’est tenue.
Au cours des deux dernières années, les autorités égyptiennes n’ont pas lésiné sur les moyens pour empêcher les marches commémorant le début du soulèvement de 2011 : à chaque fois, des milliers de policiers et soldats ont été déployés dans tout le pays à l’approche de l’anniversaire. À chaque fois aussi, plusieurs personnes ont été tuées et blessées lors d’affrontements.
Auteur : Jeune Afrique