Emigration: Le suicide banalisé des jeunes, encore une trentaine disparurent de leurs pirogues

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Pendant que les sénégalais préparent avec frénésie et boulimie, les locales, nous apprenons que les jeunes continuent à risquer leurs vies pour aller en Europe. Trente jeunes auraient disparu de leurs pirogues, un autre serait mort poursuivi par les garde-côtes marocains, pour ne citer que les dernières informations sur ce piteux phénomène de l’Emigration.
En somme, les sénégalais aiment tellement leur pays qu’ils ne pensent qu’à le fuir. Le paradoxe est que notre jeunesse est l’une des plus actives en matière d’émigration en Afrique. Et pourtant, nous ne sommes pas, forcément, les derniers de la classe en matière économique même si cela peut être difficile pour quelqu’un à la recherche d’un premier emploi.

Nous ne comprenons pas vraiment ce que ces jeunes cherchent. On nous dira qu’ils veulent réussir, fuir la misère, construire des maisons, aider leurs parents… Autant d’arguments dont le caractère fallacieux saute aux yeux. Car, après tout, tout ce que nous venons de citer, des jeunes le font sans bouger de leur terroir.

Et vous avez vu comment ces jeunes vivent en Europe, en général ? Entassés comme des sardines dans des maisons  pour ceux qui en trouvent, ils arpentent les rues à la vente de gadgets dont personne ne veut. Mais, qu’importe, cela leur convient. Alors, posons-nous la question autrement.

Qu’est-ce que ces jeunes essaient de fuir ? La guerre ? Non. La honte, l’humiliation ? Non. Alors, quoi ? Des questions auxquelles personne n’apportera une réponse cohérente. Tous ceux avec qui nous avons discuté disent que c’est mieux d’être ‘’là-bas’’ qu’être ‘’ici’’. Or, ceux qui le disent n’ont généralement jamais mis le pied ‘’là-bas’’.

Et que parmi ceux qui partent, le pourcentage de morts, de gens qui échouent est beaucoup plus important que ceux qui réussissent et le plus souvent ils arrivent seulement à construire une maison après trente ans d’émigration. Alors, que cherchent ces jeunes au point de mourir en mer ou ailleurs ? Personne n’est encore arrivé à me convaincre. Certes, il y a l’attrait de la vieille civilisation occidentale et ses tentacules, sa communication agressive à travers les médias et les réseaux sociaux, mais, cela n’explique pas tout

La réalité est que l’Afrique ne fait rien pour retenir ses jeunes. Ni l’Union africaine, ni la Cedeao ni aucune autre organisation ne tient de rencontres internationales sur le sujet. Rien n’est tenté pour aider les Etats à assoir les bases d’une bonne communication, celle qui permettra d’entretenir l’espoir. Car, c’est de cela qu’il s’agit.

Ceux qui ont l’impression qu’une fois en Occident tous leurs problèmes seront réglés préfèrent vivre ‘’là-bas’’ pauvres que d’être riches ‘’ici’’. Parce que ‘’là-bas’’, i l y a toujours l’espoir que cela va changer. Et dans une sorte de conspiration internationale avec la complicité de nos dirigeants, on a fait de nos pays une sorte d’enfer ne serait-ce que par le manque de respect, de considération, l’exploitation de nos ressources, l’influence diplomatique, politique, culturelle, etc. C’est parce qu’on y a tué l’espoir que les jeunes se tuent pour le retrouver ailleurs. Parce que l’on ne peut pas vivre sans espoir.

Alors, le jour où l’on arrivera à restaurer l’espoir dans nos Etats, nos jeunes recommenceront à avoir foi en eux et en leurs pays et à rester pour se battre et réussir. Pour le moment, les politiques et les réalisateurs occidentaux aidés en cela par les médias classiques et les réseaux sociaux, ventent l’existence de deux mondes : le paradis qui est le leur et l’enfer qui est l’autre.

Et qui veut vivre dans l’enfer ? Même si c’est dans la tête…

Assane Samb

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