Les auteurs de certaines images utilisées dans le clip de campagne du polémiste mis en ligne le 30 novembre dernier dénoncent une utilisation sans leur autorisation.
Face à un micro, dans une posture qui n’est pas sans rappeler celle du Général de Gaulle lors de son appel du 18 juin 1940, Eric Zemmour annonçait sa candidature à l’élection présidentielle dans un clip vidéo posté sur YouTube le 30 novembre dernier.
Ce jeudi, ce n’est pas le projet politique du polémiste qui sera au coeur des débats mais son utilisation de certaines images de films. Le candidat est assigné devant le tribunal judiciaire de Paris pour « contrefaçon du droit d’auteur » dans son clip d’annonce de candidature.
Dans cette vidéo d’une dizaine de minutes, des images d’émissions de télévision, d’archives mais aussi de films se succèdent sur fond de 7e symphonie de Beethoven. Des séquences, entrecoupées par des prises de parole d’Eric Zemmour, censées incarner la grandeur passée de la France fanstamée du candidat, par opposition à son délitement actuel qu’il souhaite dénoncer. Le Monde a recensé dans ce clip de campagne 114 scènes qui n’appartiennent pas au candidat, soit 39% du clip.
Plusieurs plaignants
Dès sa diffusion, ce clip de campagne avait suscité une vive émotion à la fois parmi les médias, dont des extraits sont utilisés, mais aussi du côté de la société Gaumont, dont des images de films appartenant à son catalogue apparaissent à l’image.
Laeticia Hallyday, le neveu de Barbara ou encore les ayant droits de François Truffaut avaient aussi fait part de leur colère après l’utilisation de l’image de leur proche. Certains ont ainsi assigné Eric Zemmour et son parti « Reconquête » pour « contrefaçon de droits d’auteur ».
Les sociétés Gaumont et Europacorp, le réalisateur Luc Besson, dont des images du film Jeanne d’Arc sont utilisées, figurent parmi les plaignants.
Le réalisateur François Ozon ainsi que son auteur espagnol pour le film Dans la maison, les ayants droit du réalisateur Marcel Carné et de Jacques Prévert qui a écrit le scénario du long-métrage Quai des brumes, dont des images figurent dans le clip, ont également assigné Eric Zemmour.
Tout comme La Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) et trois auteurs d’un film sur Louis Pasteur.
« Acharnement judiciaire »
Les plaignants vont réclamer le retrait des images dans le clip de campagne mais aussi des dommages et intérêts. 25.000 euros chacun pour Gaumont et EuropaCorp au titre du droit patrimonial et 5000 euros par auteur au titre du droit moral. Du côté des demandeurs, on assure qu’il ne s’agit pas d’une procédure anti-Zemmour, mais uniquement d’une démarche dans le cadre de la garantie des droits d’auteur.
Le clip avait été signalé, dès sa diffusion, par des médias, mais la chaîne YouTube avait refusé de le retirer de sa plateforme, interdisant toutefois son accès au moins de 16 ans en raison des images de violence qu’il contient.
Face à ce nouveau rendez-vous devant la justice, une semaine après sa condamnation pour « provocation à la haine raciale », Eric Zemmour a lui dénoncé « un acharnement judiciaire ». Ses avocats ont fait valoir « le droit de courte citation ». Un droit qui ne s’appliquerait pas dans les clips de campagne.
Article original publié sur BFMTV.com