La problématique liée à une probable troisième candidature du Président Macky Sall n’en finit pas de susciter le débat du point de vue de l’interprétation. En ce qui le concerne, le juge Ibrahima Hamidou Dème, membre de la coalition Alternative pour une Assemblée de rupture (AAR Sénégal) se veut clair lorsqu’il signale avoir prévenu sur les dangers de la révision constitutionnelle de 2016.
«Et si on reportait les élections ?» Cette interrogation est du professeur Amsatou Sow Sidibé, agrégée des facultés de Droit, Titulaire de classe exceptionnelle. Pour donner corps à son argumentaire, elle croit savoir que le «droit sénégalais est en agonie. Il est poussé vers une mort certaine.» Poursuivant, elle ajoute, dans une déclaration rendue publique hier, que «le système juridique sénégalais, à l’épreuve des élections, a véritablement perdu de sa superbe. La politique politicienne est passée par là. L’inquiétude des juristes, des régulateurs sociaux, des protecteurs de la stabilité et de l’intérêt national paraît totalement justifiée.»
Clamant qu’il urge de créer une Cour constitutionnelle, le Pr Sidibé, se pose plusieurs questions. «Comment notre justice a-t-elle pu accepter qu’une liste d’électeurs échappe au principe de l’indivisibilité et se fasse scinder en deux, la liste majoritaire devenant indépendante de la liste des suppléants ? On est suppléant de qui ? Du néant ? Les mêmes questions sont valables s’agissant de la liste majoritaire déclarée valable en dehors des suppléants. Quelle est la raison d’être des suppléants ?», s’interroge-t-elle.
A l’en croire, «notre justice ne doit pas perdre la conscience de sa responsabilité première et grave de régulation sociale, de l’instauration de la stabilité et de la protection de l’intérêt national. C’est le fondement de la règle de Droit.»
Aussi, pense-t-elle que «c’est un précédent dangereux pour le présent et pour l’avenir. Un Conseil Constitutionnel trop politique, ça suffit. Les Assises nationales avaient suggéré la création d’une Cour constitutionnelle, véritable juridiction tenue de dire le Droit, garante de la démocratie, du respect du Droit ainsi que des libertés individuelles et collectives». Pour finir, elle sonne l’alerte : «l’urgence est signalée. La question que tout le monde doit avoir au bout des lèvres est : dans le contexte actuel, quelle légitimité aura la future Assemblée nationale et quid de la stabilité du Sénégal ?»