« Un président africain a demandé à discuter avec moi. J’ai refusé de m’y rendre. Je lui ai proposé de venir à l’ambassade de son pays à Dakar afin qu’on s’y rencontre, en présence de Macky Sall », a proclamé un Abdoulaye Wade triomphaliste, sans doute porté par la chaleur de l’accueil à lui réservé par ses partisans, ce 07 février où il a regagné Dakar après un an et demi d’absence.
Neuf jours plus tard, Wade, décidément abonné au « wakh wakheet » (« l’art de se dédire », en wolof), a quitté Dakar, comme annoncé en exclusivité par Yerimpost, à bord de l’avion que lui a envoyé Alpha Condé. Entre-temps, il s’est heurté à la réalité du terrain et a dû se rendre compte que son mot d’ordre « empêcher la tenue de l’élection par la force » relevait d’une pure chimère. Arrivé à Conakry, il a été accueilli à sa descente d’avion sur tapis rouge par son hôte puis a été acheminé vers l’hôtel Sheraton où il a été installé avec sa délégation.
Yerimpost est en mesure de révéler que Condé et Wade ont eu de longues discussions à l’occasion de deux dîners dans les soirées des 16 et 17 février. Nous publions d’ailleurs ci-dessous les photos de ces rencontres.
Au cours des échanges, Abdoulaye Wade a posé des conditions pour accepter d’enterrer la hache de guerre. Ces conditions, qui n’ont rien à voir avec le Sénégal ni avec la transparence du processus électoral qui y a cours, touchent à une amnistie effaçant la peine infligée à son fils, Karim Wade, pour enrichissement illicite, à la restitution des biens de sa famille saisis, à la cessation de toutes les poursuites et autres commissions rogatoires engagées partout dans le monde contre Wade-fils… Yerimpost va y revenir…
En échange de garanties sur ces points – Alpha Condé lui a donné sa parole, certainement sur la foi de celle de Macky Sall -, Abdoulaye Wade a promis, non pas seulement de cesser tout acte de belligérance et toute déclaration incendiaire, mais également de… contribuer à la victoire de Macky Sall à la présidentielle du 24 février prochain.
L’ancien président, qui devrait atterrir à Dakar ce 18 février, en début d’après-midi, en compagnie d’Alpha Condé, a promis de se rendre à Touba pour convaincre les autorités religieuses et notabilités politiques qu’Idrissa Seck n’est pas le bon candidat. En somme, il compte détruire son adversaire le plus tenace pour baliser à Macky Sall la voie de la réélection… Difficile d’aller plus loin dans le cynisme !
Quant à Alpha Condé, qui doit boire du petit lait en venant parader comme médiateur à Dakar après l’humiliation que lui a infligée Macky Sall les derniers jours précédant le départ de Banjul de Yaya Jammeh, il devrait rencontrer son homologue sénégalais pour affiner avec lui les termes du deal…
En guise de consommation à l’opinion sénégalaise, le numéro guinéen, qui tue tous les jours ses opposants pour ne pas avoir à dialoguer avec eux, va servir des éléments de langage pour expliquer qu’il a voulu créer un climat de paix entre son « grand-frère » et « son petit-frère ». Et que l’objectif de sa démarche consiste à extraire Wade de toute forme d’opposition afin que l’ancien chef d’Etat reprenne en Afrique et dans le monde sa place d’autorité morale écoutée et respectée.
Au-delà de tous ces mensonges protocolaires, comment garantir, y compris après la présidentielle, le respect par toutes les parties des termes du protocole de Conakry ? That is the question, dirait Shakespeare…
Cheikh Yérim Seck