Homicide volontaire : Des Nigérians donnent des coups mortels à leur compatriote pour une histoire de téléphone portable cassé.
Poursuivis respectivement pour meurtre de leur compatriote nigérian Ywanhaka Chinoskingley, les accusés Eleneduchimaobi Vitus alias Django et Samuel Nwachukhw ont comparu ce mercredi 20 octobre 2021 devant la Chambre criminelle de Dakar. Les accusés qui sont restés plus de quatre années en détention préventive, ont pu bénéficier d’une liberté provisoire suite à la demande de leurs conseillers accordée par la Chambre. Ils seront édifiés sur leur sort le 03 novembre prochain.
Les faits remontent à la nuit du 09 juillet vers les coups de 4 heures du matin. La gendarmerie de la Foire a été informée d’une altercation entre des Nigérians aux abords du Complexe Yeugoulène, à l’occasion d’un anniversaire.
Arrivés sur les lieux, les enquêteurs ont appris que le défunt Ywanhaka Chinoskingley, gravement blessé, a été acheminé à l’hôpital Fann où il a succombé à ses blessures. Les enquêtes menées par les éléments de la gendarmerie ont révélé qu’à la date du 05 juillet 2017, des jeunes Nigérians sont venus à la boîte de nuit « Faro Beach » située à Soumbédioune pour fêter l’anniversaire d’un de leurs amis.
Quelques heures après, une bagarre s’en est suivi entre groupes. Avisé par le vigile de la boîte, l’accusé s’est dépêché pour séparer les jeunes. Sur ces entrefaites, son téléphone portable s’est endommagé. Par la suite, la victime lui avait promis de le rembourser, ce qu’il n’avait pas encore fait. Jusqu’au jour du 09 juillet 2021, la victime a encore croisé l’accusé Django le jour de son anniversaire à Yeugoulène.
Ce jour-là, l’accusé a saisi l’occasion pour lui rappeler sa promesse, c’est-à-dire de lui rembourser son téléphone portable. Ce qu’il n’était pas en mesure de satisfaire. Par la suite, l’accusé lui a ordonné de lui donner son portable afin d’enlever sa puce. Mais la victime n’a pas obtempéré. Sur ces entrefaites, il l’a empoigné avant de lui donner un coup de tête violent qui l’a mis à terre. Et d’autres Nigérians sont intervenus et se sont acharnés sur la victime en l’accusant d’être quelqu’un de compliqué, d’arrogant. Vu le mauvais état de la victime, l’accusé Vitus a appelé un taxi pour le conduire à l’hôpital Nabil Choucaire. Une fois, là-bas, il a été conduit à l’hôpital Fann où il a succombé à ses blessures lors de son évacuation. Le lendemain, ne se doutant pas de la mort de ce dernier, Vitus rendu à l’hôpital Fann pour payer ses ordonnances, et c’est ainsi qu’il a été appréhendé par des gendarmes.
À la barre, l’accusé a catégoriquement nié les faits qui lui sont reprochés. Se déclarant être un videur à la boîte de nuit « Faro Beach » située à Soumbédioune, Vitus précise que c’est le vigile qui m’a appelé pour me dire que des Nigérians se battaient et je suis intervenu pour les séparer et leur demander ce qui s’était passé. « Je ne connaissais même pas si la victime avait cassé mon portable ou pas. J’ai été appréhendé à l’hôpital par les éléments de la gendarmerie de la Foire », se dédouane-t-il.
Le juge lui rappelle que la nommée Awa Seck Sagna a déclaré à l’enquête préliminaire que c’est vous qui avez donné un coup à la victime qui l’a mis à terre. « Non je ne lui pas donné de coup. Je ne l’ai même pas touché. J’étais venu pour les séparer », répond-t-il.
À son tour, l’accusé Samuel Nwachukw a fait savoir qu’au moment des faits, il était à l’intérieur de Yeugoulène. « Une femme est venue en courant pour nous annoncer qu’il y a des nigérians qui se battent à l’extérieur. Quand je suis sorti, j’ai entendu dire que quelqu’un est mort », se défend-t-il, avant de souligner à la Chambre qu’il n’a jamais eu de problème avec la victime. Il ajoute qu’il a été interpellé dans son magasin à l’école Dior.
Lors de son réquisitoire, l’avocat général a fait savoir qu’on peut retenir des témoignages qu’il y a eu une bagarre entre Vitus et la victime. Et les témoignages recueillis sur place ont confirmé que c’est Vitus alias Django qui a donné un coup violent sur la tête qui a mis à terre la victime. Toutefois, le procureur se posait des questions sur les causes du décès. « Aujourd’hui, on ne sait pas si c’est le coup de tête ou les coups donnés par les autres compatriotes qui l’ont tué. » Sur ce, il demande à la chambre de les renvoyer des fins de la poursuite au bénéfice du doute.
Selon Me Abou Diallo dans cette procédure, il n’y a aucun élément qui peut être retenu contre son client. « Mon client a fait 4 ans trois mois et deux jours en détention. À quoi sert l’instruction, si le juge d’instruction ne s’est fondé que sur les déclarations des accusés à l’enquête préliminaire », a relevé la robe noire.
À l’issue de leur plaidoirie, les avocats de la défense ont introduit une demande de liberté provisoire pour les accusés. Une demande accordée par la Chambre.
Le jugement devra être rendu le 3 novembre prochain…