Inde: Deux femmes entrent dans un temple, brisent un tabou et provoquent un tollé

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Les deux femmes ont défié les traditionalistes hindous en entrant dans le temple de Sabarimala, sous escorte policière.

Le temple de Sabarimala, dans l’Etat du Kerala (sud de l’Inde), est l’un des sanctuaires les plus sacrés de l’hindouisme. Depuis plusieurs mois, il fait l’objet d’une lutte hors du commun. D’un côté, des traditionalistes hindous qui en refusent l’accès à toutes les femmes en âge d’avoir des enfants. De l’autre, des femmes qui entendent pouvoir pénétrer en son sein. Mercredi 2 janvier, elles ont remporté une première victoire.

Avant l’aube, deux femmes ont, enfin, pu pénétrer dans l’enceinte du temple, sous la protection de la police et en sont ressorties sans se faire repérer. Elles ont, pourtant, le droit pour elles. En septembre 2018, la Cour suprême indienne a annulé l’interdiction d’entrée aux personnes de sexe féminin âgées de 10 à 50 ans qui était en vigueur sur le site du temple.

Purification

Cette décision qui devait mettre fin à deux décennies de batailles judiciaires n’a toutefois pas empêché ses adversaires – qui s’érigent en défenseurs de valeurs ancestrales – de bénéficier du soutien du Bharatiya Janata (BJP, conservateur et nationaliste hindou), le parti du premier ministre, Narendra Modi, au pouvoir à Delhi.

Les femmes ayant leurs règles sont souvent considérées comme impures dans la société indienne conservatrice et patriarcale. Si la plupart des temples hindous n’autorisent pas les femmes à entrer lorsqu’elles ont leurs règles, Sabarimala était l’un des rares à interdire toutes celles entre la puberté et la ménopause.

Des images filmées ont montré les deux femmes, Kanaka Durga et Bindu, entrer dans le temple vêtues de noir et la tête inclinée. « Nous ne sommes pas entrées en gravissant les 18 marches sacrées mais en empruntant l’entrée du personnel », a déclaré aux journalistes l’une des deux femmes, qui restent sous protection des forces de sécurité. Dès que l’information de cette intrusion a été connue, les responsables du temple ont ordonné sa fermeture pour un rituel de purification. Il a rouvert une heure plus tard.

« Mur des femmes »

Le chef du gouvernement du Kerala, dominé par le Parti communiste indien, Pinarayi Vijayan, a confirmé la victoire des groupes de défense des droits de la femme présents sur le terrain depuis l’automne. « Il est exact que les femmes sont entrées dans le temple. La police doit offrir sa protection à toute personne qui désire prier dans le temple », a-t-il déclaré. La veille, des dizaines de milliers de femmes avaient formé une chaîne humaine pour faire respecter la décision rendue par la Cour suprême.

Cette manifestation, appelée « Mur des femmes », était soutenue par le gouvernement de l’Etat, plus progressiste que le gouvernement central à Delhi. Depuis la décision de la Cour suprême, plusieurs femmes avaient tenté d’entrer dans le sanctuaire, mais elles en avaient été empêchées par des traditionalistes. Des échauffourées s’étaient alors produites entre les traditionalistes et la police.

Mercredi, c’est devant le siège du Parlement de l’Etat du Kerala, à Thiruvananthapuram ainsi que dans des villes avoisinnantes, que des heurts ont eu lieu. La police indienne a fait usage, mercredi, de gaz lacrymogènes, de grenades incapacitantes et de canons à eau contre des traditionalistes hindous selon l’Agence France-Presse.

Cibles de jets de pierres, les policiers ont repoussé à coups de bâton les manifestants qui cherchaient à faire fermer les magasins. Cinq manifestantes qui ont tenté de faire irruption dans le parlement ont été interpellées. Des responsables locaux du BJP ont annoncé qu’ils organiseraient deux jours de manifestations dans l’Etat, dirigé par une alliance de gauche, pour protester contre l’intrusion des deux femmes.

La Cour suprême doit entamer le 22 janvier l’examen d’un appel contre sa décision.

Avec LeMonde.fr

 

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