Insécurité: la peine de mort est-t-elle la solution ?

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Depuis le viol suivi du meurtre de Bineta Camara à Tambacounda, des voix s’élèvent pour le retour de la peine de mort au Sénégal. Ce qui suscite un débat sur la pertinence  d’une telle mesure.

Le Sénégal a expérimenté la peine capitale. Deux sénégalais, en l’occurrence Moustapha Lo (tentative d’assassinat du Président Senghor) et Abdou Faye (assassinat du député Demba Diop) sont tombés sous le coup de cette loi en mars 1967. Depuis, elle a été mise en veilleuse avant d’être abolie par le Président Abdoulaye Wade en décembre 2004. Toutefois, des voix s’élèvent de plus en plus pour réclamer le rétablissement de la peine capitale. Les défenseurs de cette thèse soutiennent que c’est le seul rempart contre la criminalité grandissante. L’ONG Jamra avait même publié un communiqué au lendemain de l’assassinat de Fatoumata Makhtar Ndiaye, vice présidente du conseil économique, sociale et environnemental (CESE) en 2016 pour proposer un référendum visant à ressusciter cette sanction. Sur le plan politique également des positions tranchées ont été adoptées sur cette question. Le député de la majorité Seydina Fall Bougazelli avait déposé, en ce sens, une proposition de loi en 2013. L’ancien ministre Aliou Sow également, commentant le meurtre de la jeune Bineta Camara, s’est dit favorable à la peine capitale, « la réclusion à perpétuité est un bon de vacances gratuites aux frais des victimes et des autres contribuables. Eh bien, nourrir des bourreaux de cet acabit. Quelle cruauté et auto-flagellation », écrit Aliou Sow.

Mais des voix discordantes se font entendre. Chez les organismes de défense des droits humains, on s’oppose à tout retour de la peine capitale. Interrogé par nos confrères de Pressafrik, Seydi Gassama, le directeur exécutif d’Amnesty Sénégal soutient que le rétablissement de cette mesure n’est pas la meilleure solution, « la question qu’il faut se poser, c’est est-ce que dans les pays où il y a la peine de mort, il n’y a pas de tels crimes. La réalité c’est que dans ces pays où on exécute les gens, des crimes aussi abominables sont commis tous les jours.  La peine de mort ne sert qu’à la vengeance…Nous considérons que la peine de mort ne règle pas la question de la criminalité, parce que dans les pays où elle est appliquée la criminalité existe » déclare-t-il.

 

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