Au moment où la tendance mondiale est vers l’interdiction (déjà effective dans plusieurs pays) des chiens de race pitbull, à travers une législation stricte, l’Etat du Sénégal s’emmure dans un mutisme complice, malgré les nombreuses attaques notées ces derniers temps. D’une rare violence, ces attaques de pitbull, dont la dernière en date est celle d’un jeune talibé de 15 ans à Pikine, ce week-end, renseignent sur la nécessité, pour l’Etat, à l’instar d’autres pays occidentaux, d’intervenir.
Bien qu’il n’y ait pas encore mort d’homme, on s’y achemine dangereusement, si rien n’est fait. Les cas d’attaque d’une atrocité inouïe commencent déjà à faire légion. En effet, celle du jeune talibé intervient juste quelques semaines après celle de la bergerie où tout un troupeau de moutons de race avait été décimé par deux bébés pitbulls.
On se rappelle aussi le cas Dieynaba Sagna, du nom de cette domestique à Sacré-Cœur, qui a failli être dévorée par le pitbull de son patron, en mars 2011. Complètement amochée par le fauve domestiqué, elle n’a dû son salut qu’à l’intervention de maçons qui travaillaient non loin de la concession. C’est donc dire tout le danger que représente ce molosse génétiquement modifié.
Un chien de combat qui ne recule devant rien
Pour comprendre les agissements imprévisibles de ce chien, il faut questionner ses gènes. Défendant devant une commission parlementaire sa position pour l’adoption de la loi 128 devant interdire la détention de pitbull au Québec en 2017, Lise Vadnais dont la sœur Christianne a été tuée par un pitbull en juin 2016 à Montréal, déclare : « Le pitbull a une histoire génétique unique et incomparable avec celle de tous les autres chiens.
Il a été soigneusement croisé et sélectionné pour combattre et tuer, depuis près de deux siècles. » Le pitbull est le résultat du croisement entre bulldog et terrier. Ainsi, le pitbull, dont l’origine est anglaise (au XIXe siècle), a l’endurance d’un terrier et la force athlétique d’un bulldog. Il a été créé pour combattre d’autres chiens (des combats à mort) dans les fosses où les arènes d’Irlande, d’Ecosse et d’Angleterre, à l’époque.
Ce type de combat de chien a été interdit au Royaume-Uni par le Cruelty to Animals Act, promulgué en 1835 par le Parlement du Royaume-Uni. Après une brève réapparition au États-Unis, à travers le United Kennel Club (Ukc), les combats de chiens ont été déclarés illégaux. Ce molosse hyper dangereux a finalement été utilisé « comme un moyen de délivrer des messages sur le champ de bataille, pendant la Première Guerre mondiale et la Seconde Guerre mondiale ».
Sa domestication très controversée, à cause de son caractère ultra dangereux, a poussé plusieurs pays occidentaux à légiférer en faveur de l’interdiction du pitbull. On peut citer l’Allemagne (depuis 2004), l’Australie, le Canada (depuis 2005 en Ontario et 2017 au Québec), le Danemark, les États-Unis, la France (depuis 1999), l’Angleterre, l’Irlande et la Suisse.