Quand je vois comment circulent les préjugés, les idées reçues, l’absence de vérification, les accusations sans preuve, les partis-pris, les raccourcis, etc, de la part d’intellectuels, je suis très inquiet de cette crise de lucidité.
Surtout que rares sont ceux qui ont l’humilité de reconnaître qu’ils se sont trompés sur un sujet, ou une personne, qu’ils n’ont pas vérifié, qu’ils n’ont pas fait de recoupement, etc, après leurs sorties maladroites à travers un écrit, un live ou une vidéo.
Il faut faire la différence entre le courage moral qui pousse à chercher le vrai, le bien, le juste et le beau et l’ostentation et les délires du “guerrier”, qui, devant son clavier, raconte ce qu’il veut sur la base de rumeurs, en faisant l’économie de toutes les vertus et qualités qui devraient distinguer l’intellectuel d’un autre.
C’est facile, trop facile mais en même temps indigne d’un intellectuel ou prétendu tel. Il est temps pour certains de nos intellectuels de se ressaisir pour ne pas perdre ces vertus cardinales qui fondent leur statut : la rigueur et la cohérence dans la démarche, la nuance et la prudence quand on n’en sait pas suffisamment, la primauté des faits et le discernement dans les analyses, etc.
Pour des intellectuels qui devraient être une sorte de guides du peuple par le savoir dont ils sont dépositaires, certains manquements tirent tout le monde vers le bas. Ce n’est pas cela que le peuple attend d’eux, après avoir fait autant de sacrifices pour qu’ils soient des sachants et le tirent vers le haut. Un intellectuel a droit à l’erreur mais pas à la fausseté.
Wa Salam
Imam Ahmad Kanté
Dakar