La justice italienne a demandé le placement sous séquestre de l’Aquarius, bloqué en France. Les enquêteurs soupçonneraient le navire humanitaire d’avoir fait passer 24 tonnes de déchets potentiellement toxiques pour des déchets classiques.
L’Italie poursuit son offensive contre l’Aquarius. La justice italienne a demandé, lundi 19 novembre, le placement sous séquestre du navire humanitaire, actuellement bloqué à Marseille, pour une affaire de traitement illégal de déchets dangereux, a annoncé l’ONG Médecins sans frontières (MSF).
We strongly condemn the decision by Italian judicial authorities to request the seizure of the Aquarius for alleged anomalies in its disposal of on-board waste.
It's a disproportionate & unfounded measure aimed at criminalizing lifesaving medical-humanitarian action at sea. https://t.co/REm8SCEsCo
— MSF International (@MSF) November 20, 2018
Selon les médias italiens, les enquêteurs soupçonnent le navire humanitaire, affrété depuis 2016 par les ONG SOS Méditerranée et MSF pour secourir les migrants au large de la Libye, d’avoir fait passer un total de 24 tonnes de déchets potentiellement toxiques pour des déchets classiques.
Des comptes bancaires en Italie de MSF ont également été placés sous séquestre.
« Campagne diffamatoire »
L’enquête coordonnée par le parquet de Catane (Sicile) porte sur le traitement des déchets – vêtements des migrants, restes alimentaires et déchets sanitaires – dans les ports italiens où l’Aquarius, mais aussi le Vos Prudence, un autre navire affrété par MSF en 2017, ont débarqué des milliers de migrants secourus en mer.
« Toutes nos opérations au port, y compris la gestion des déchets, ont toujours suivi des procédures standard. Les autorités compétentes n’ont pas contesté ces procédures ni identifié de risque pour la santé publique depuis que nous avons lancé nos activités en mer », a réagi MSF dans un communiqué.
« Le seul crime que nous voyons aujourd’hui en Méditerranée est le démantèlement total du système de recherches et de secours », a dénoncé dans le communiqué Gabriele Eminente, directeur général de MSF en Italie, en évoquant « deux années de campagnes diffamatoires » contre les ONG.
Début novembre, l’Aquarius a obtenu une « immatriculation temporaire » du Liberia, après s’être vu retirer son pavillon de Gibraltar puis du Panama. Ce permis ne l’autorise cependant pas à reprendre la mer et SOS Méditerranée est « toujours à la recherche d’une solution pérenne qui permettrait à l’Aquarius de reprendre sa mission vitale en Méditerranée », c’est-à-dire un nouveau pavillon, a indiqué l’ONG.