«Le budget de Bercy tourne autour de 600 millions»

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Malgré sa carrure imposante, l’homme est de nature discrète. Initiateur du spectacle du leader de la Génération consciente qui se tiendra demain à l’Accor Hôtel Aréna de Paris, Matar Diop a jusqu’ici préféré se mettre en retrait.

A quelques heures du spectacle qui, assure-t-il, va probablement se jouer à guichets fermés, le promoteur qui se cache derrière le label «Soubatel», tombe enfin le masque. A bâtons rompus, il nous entretient sur son parcours. Parti de rien, comment il s’est fait un nom dans le cercle restreint du Show-biz. Mais aussi et surtout, il fait le bilan du grand show de Pape Diouf, estimé autour de 600 millions de FCfa. Non sans évoquer la question du Sabar avorté, avec les participations des célébrités africaines, Eudoxie Yao et Diaba Sora. Interview…

Qui se cache derrière Matar Diop de «Soubatel», promoteur du Bercy de Pape Diouf ?

Je suis un jeune sénégalais qui aspire au développement de son pays. Je suis né en Mauritanie, mais c’est ici que j’ai fait toutes mes humanités. Après un cursus scolaire, j’ai bénéficié d’une bourse pour des études en Marketing et Commerce à l’IAM. Comme disait l’autre, lorsque nous sommes dans un pays, on doit tout faire pour se faire distinguer de la plus belle des manières. C’est cela que j’essaie, tant bien que mal, d’appliquer dans mon domaine. Petit à petit, je me bats et essaye de m’imposer et de poser des jalons dans l’événementiel. C’est un milieu dans lequel, j’ai atterri un peu comme un cheveu dans la soupe, mais qui me passionne. Dieu fait bien les choses. Mon objectif étant de valoriser et de propulser les artistes sénégalais sur le plan international, mes événements se fondent donc plus sur la culture.

Comment cette passion est-elle venue à vous ?

J’ai fait mes débuts au label «Prince Arts». C’est grâce à eux, particulièrement Ndiaga Ndour, qui est un grand frère pour moi, que j’ai pu apprendre les rouages du métier. Avant d’intégrer cette structure, j’avais expérimenté quelques projets du côté de l’Angleterre, avec Bakane Seck à qui je dois beaucoup. Lorsque j’ai quitté «Prince Arts», j’ai fait une formation à la 2STv par le biais de Amadou Faye, l’ex-époux de Aby Ndour. Par la suite, j’ai eu l’idée d’organiser un événement de grande envergure avec le chanteur Pape Diouf. Ce dernier a adhéré à ma proposition. C’était au Zénith de Paris, le 23 mars 2013. J’en ai discuté avec des partenaires qui ont tout de suite accepté de me donner un coup de pouce. Et c’est comme ça que le projet a été mûri et exécuté avec succès pour une première. Aucune œuvre humaine n’est parfaite. L’organisation d’événements n’est pas une tâche aisée, il y a toujours quelque part où on flanche. N’empêche, on se relève toujours et on essaye d’aller de l’avant.

On vous connaît également à travers la lutte. Vous étiez l’instigateur du combat Modou Lô – Bombardier…

Effectivement ! Mais je dois dire que j’ai fait une incursion dans le monde de la lutte par pure stratégie. Je venais de créer mon label «Soubatel» et j’ai voulu me faire un nom. Je me suis dit que ce secteur assez porteur pouvait me permettre d’arriver à mes fins et de me vendre, plutôt que de faire une campagne de communication. C’est dans cette optique que j’ai mis sur pied le combat Modou Lô-Bombardier, le 25 juillet 2015. Je n’envisageais pas non plus de prospérer dans le milieu. En revanche, j’y garde toujours un pied, dans la mesure où, je compte soutenir mon frère, le promoteur Aziz Ndiaye, qui nous a fait aimer la lutte. C’est un jeune très ambitieux qui a choisi d’investir dans son pays. Je ne vais plus organiser de combat, mais je me range derrière lui. Je le soutiens à fond dans le combat Modou Lo-Balla Gaye, qu’il a mis en place et dont le face-à-face aura lieu à Bercy, jour de la soirée de Pape Diouf.

Est-ce évident pour vous de mettre en place des événements aussi lourds ?

Rien n’est facile dans cette vie. On tombe et on se relève. J’ai commencé par de petits projets avec de maigres moyens, parfois avec zéro franc. C’est moi qui étais à l’origine du bal des futurs leaders, avec Youssou Ndour. Idem pour les fans zone. Nous sommes les premiers à l’avoir expérimenté sous nos cieux. Il y a eu pleins d’autres activités, mais nous sommes toujours restés discrets.

Demain aura lieu le «Grand Bégué» de Pape Diouf à Bercy. Où en êtes-vous avec l’organisation, à quelques heures de ce rendez-vous ? Pourquoi avez-vous porté votre choix sur cet artiste ?

Pape Diouf est un artiste qui, comme moi, adore relever les défis. C’est un homme de challenge. Il a été le premier à aller à l’assaut du Grand Théâtre. Lorsque j’ai décidé de faire avec lui le Zénith, c’était sur un coup de tête. Je savais juste qu’il faisait le poids et qu’il avait le potentiel de remplir la salle. Cela s’est confirmé et la salle était comble. A l’extérieur, il y avait plein de monde. Je me rappelle, après la soirée, j’avais même été convoqué par la Police française, parce qu’il se demandait si je n’avais pas vendu plus de billets qu’il y en avait. Alors qu’au départ, nous ne misions sur rien, à part la dimension de l’artiste, pour faire cet événement. Pour tout cela, j’ai encore porté mon choix sur Pape Diouf. Nous avions prévu d’organiser à deux reprises des concerts au Zénith, mais cela n’a malheureusement pas abouti. Au final, il y a eu Bercy et nous sommes à quelques heures du spectacle. C’était notre destin et nous y croyons dur comme fer. Avec un comité très restreint, nous avons mis sur pied le spectacle, sans trop de bruits. Nous sommes fins prêts et tout est en place pour un concert hors du commun, au grand bonheur des Sénégalais de la diaspora et des fans de Pape Diouf.

A combien s’élève le budget et quel est l’état des ventes de billets ?

Je ne peux pas vous dire, à l’état actuel, à combien s’élève le budget exactement. Mais, il tourne autour de 600 millions de FCfa. Entre la location de la salle avec 15 000 places, les frais d’hôtel, d’hébergements, d’avion, les charges sont énormes. Toutefois, on croit en nous et nos partenaires nous ont fait confiance. Nous avons mis nos billets en vente 8 mois avant. Ce n’était pas du tout évident. Toutefois, des gens comme Marcel Diagne de Diamniadio Lake City, nous ont beaucoup aidés. Il n’a pas rechigné à porter ce projet et à nous soutenir financièrement. Il en est de même pour Aziz Ndiaye et Elimane Lam, ils ont décanté pas mal de situations. Aziz a d’ailleurs subventionné, de sa poche, 2 000 billets. En ce qui concerne l’état des ventes de billets, les places des gradins et VIP sont épuisées. Il reste juste quelques places dans la fosse. Et nous sommes certains que d’ici quelques heures, elles seront finies. Je peux donc vous assurer que Bercy sera une réussite totale et est presque à guichets fermés. Les prix des tickets varient entre 200, 80 et 48 euros. L’issue sera heureuse s’il plait à Dieu.

Les préparatifs ne sont pas faits sans éclats. Il y a eu le Sabar avorté qui devait faire office d’avant-première avec la participation des célébrités comme Eudoxie Yao et Diaba Sora. Comment avez-vous vécu cet épisode qui a beaucoup fait parler ?

L’homme propose, Dieu dispose. Il faudrait que j’éclaire la lanterne des Sénégalais sur ce point. Ce sabar n’a jamais été l’idée de Pape Diouf, mais la mienne. J’ai pris l’initiative de l’organiser et c’était un choix bien réfléchi. J’ai établi le contact avec Eudoxie Yao, Diaba Sora et consorts par le biais de la marraine du spectacle, en l’occurrence Yébé la bourgeoise. Celle-ci est une Sénégalaise établie en Côte d’Ivoire et c’est une grande amie. Lorsque je lui en ai parlé, c’est elle-même qui a décidé de convier ces dernières. Quoi qu’on puisse dire, ce sont des stars très adulées et elles ont des fans ici au Sénégal. La preuve, leurs moindres faits et gestes sont épiés sur les réseaux sociaux. Notre but premier était de contenter les femmes qui réclamaient un événement avant le Bercy. Il était aussi prévu d’organiser un concert au stade pour les fans de la banlieue d’où Pape Diouf est issu. Malheureusement, ces deux dates n’ont pas pu se faire parce qu’annulées. Les choses devaient se passer ainsi, on n’y peut rien.

L’accueil qui a été réservé à ces stars a été décrié par les Sénégalais qui doutaient de leurs bonnes moralités…

Toutes ces choses qui se racontent sur elles, ne sont que des spéculations. Nous n’avons aucune certitude sur ce qui se raconte sur Eudoxie et Diaba Sora. Il faut savoir raison garder. Ce sont des femmes qui ont quitté un pays pour venir dans un autre pays. Notre devoir était de les accueillir convenablement. Je les défendrais jusqu’au bout contre ceux qui prétendent qu’elles sont de mœurs douteuses. Pour le peu que je connais d’elles, elles sont joviales et ont le cœur sur la main. Elles avaient même prévu de faire des dons à la Pouponnière de Mbour. Malheureusement, toutes ces rumeurs qui ont été colportées sur elles, ont été un frein à leurs bonnes actions. Elles ont accepté de venir participer au Sabar et n’ont demandé aucun franc en échange. Nous n’avons fait que prendre en charge leurs frais de voyage et d’hébergement.

Ont-elles eu écho de tout ce qui s’est raconté sur elles ? 

Bien entendu ! C’était assez malheureux et décevant, car tous ceux qui parlaient, n’avaient aucune maîtrise de ce qu’ils disaient.

Le mot de la fin ?

On tend la main à tous les Sénégalais et nous leur demandons de nous porter dans leurs prières. Aux autorités, je leur dis de plus s’impliquer dans ce que nous faisons et de plus nous soutenir. A travers nos activités, nous créons des emplois et valorisons nos artistes sur le plan international.

 

Auteur: Igfm.sn – Seneweb.com

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