Le chef de l’ETAT MACKY SALL SUR LE FINANCEMENT DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME : «Nous sommes obligés d’agir dans l’urgence»
Le chef de l’Etat a présidé, hier, une réunion sur le financement de la sécurité dans l’espace Uemoa, en présence de Patrice Talon, président du Bénin. Macky Sall a plaidé pour une mobilisation des ressources financières pour la lutte contre le terrorisme compte tenu du fait que l’Afrique de l’ouest est devenue l’épicentre du terrorisme international.
Le terrorisme international a fini par s’installer dangereusement en Afrique de l’ouest. Il faut s’organiser ou disparaître. C’est le constat fait par le président Macky Sall et ses collègues de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) qui ont décidé de travailler pour la mobilisation de ressources propres. Le chef de l’Etat sénégalais, en sa qualité de président du Comité de haut niveau sur la sécurité et la paix de l’Uemoa, a convoqué, hier, au Centre international de conférences Abdou Diouf de Diamniadio (Cicad), une réunion sur le financement de la sécurité dans l’espace Uemoa. Cette rencontre a réuni les ministres en charge de la Défense et des Finances, les chefs d’état-major généraux des armées des pays membres de l’Uemoa pour des échanges sur la mobilisation de financements pour une lutte efficace contre le terrorisme.
D’après le Président Sall, « nous n’avons pas le choix, car nous sommes obligés d’agir dans l’urgence parce que les groupes terroristes ne laissent aucun répit à certains de nos Etats ». Il a confirmé qu’en dépit des efforts jusque-là consentis, la situation qui prévaut dans notre sous-région ne cesse d’empirer.
« Le Sahel est devenu un épicentre du terrorisme international. Certains de nos pays font face à des attaques quasi quotidiennes qui occasionnent des pertes en vies humaines, le déplacement de populations, la destruction des structures administratives, scolaires et sanitaires. Nous sommes tous menacés à mesure que le spectre du terrorisme s’étend à d’autres pays jusque-là épargnés », a-t-il expliqué.
A côté des pertes en vies humaines, Macky Sall a constaté pour le regretter qu’il y a des trafics de tout genre (drogues, armes, êtres humains) qui alimentent les réseaux terroristes et la migration clandestine. En outre, dans le contexte d’intégration sous-régionale, il a soutenu que l’exigence de la libre circulation des personnes et des biens se heurte désormais à la nécessité du contrôle et de la sécurisation des frontières terrestres, aériennes et fluviomaritimes. «A l’urgence de la situation s’ajoute aussi sa complexité. Sans la paix et la sécurité, tout devient aléatoire. Point de développement, point d’infrastructures. C’est une question de vie ou de mort aujourd’hui pour nos Etats », a lancé Macky Sall. Selon lui, il faut poursuivre les efforts de lutte contre le terrorisme de façon intégrale et ordonnée.
Le chef de l’Etat a rappelé que cette rencontre de Dakar fait suite à la réunion de concertation des chefs d’État et de gouvernement de l’Uemoa, du 13 septembre dernier, à Ouagadougou, sur la situation sécuritaire au sein de cet espace. «Au terme de cette concertation, il m’a été confié, en qualité de président du Comité de haut niveau sur la sécurité et la paix et en concertation avec le Président Patrice Talon, de trouver des solutions par nous-mêmes en vue de lutter contre le terrorisme», a affirmé le Président Macky Sall. Il a indiqué qu’avec le Président Talon, ils devaient convenir avec les ministres des Finances et ceux en charge de la Défense des pays respectifs, d’examiner les voies et moyens pour la mobilisation de ressources en guise de contribution de l’Uemoa au financement de la lutte contre le terrorisme dans l’espace communautaire.
Compte tenu de l’urgence et en rapport avec Talon, Macky Sall a estimé qu’il était nécessaire de convoquer cette rencontre en prévision du prochain sommet de novembre à Abidjan, mais aussi avant la réunion habituelle du Comité de haut niveau qui se tiendra à Dakar, la semaine prochaine.
Oumar KANDE
Le Président Patrice Talon pour une mobilisation de ressources propres
Venu participer à Dakar à la réunion sur le financement de la sécurité dans l’espace Uemoa, le président du Bénin, Patrice Talon, a félicité Macky Sall pour son engagement pour la paix et la sécurité dans la zone. «La paix, la sécurité et la stabilité politique et sociale sont des préalables indispensables au développement. Rien n’est important quand la survie est en cause», a martelé le Président du Bénin pour qui les questions sécuritaires constituent un enjeu majeur pour notre région. Il a noté que les insuffisances relevées dans les actions de lutte encouragent les attaques en raison du manque de réactivité des unités techniques, ce qui interpelle nos Etats. Le président béninois a aussi reconnu que la prise en charge du phénomène nécessite des moyens financiers importants et une réponse coordonnée.
Il a salué le fait que les chefs d’Etat aient décidé de mobiliser, de façon conséquente, des ressources propres afin de lancer un signal fort à la communauté internationale. Dans son plaidoyer pour «le financement par l’Afrique de sa propre survie», il a exprimé un sentiment de «honte» parce que nous avons semblés pendant longtemps «incapables de proposer par nous-mêmes des solutions concrètes à notre problème de survie». Il a argué qu’il faut arrêter la politique de la main tendue pour régler nos propres problèmes, notamment pour la lutte contre le terrorisme. «La décision des pays de la région à Ouagadougou a mis fin à cette perception. Nous sommes capables de décider de mobiliser par nous-mêmes nos propres ressources. Nous avons donné le signal que nous sommes capables d’agir», a-t-il clamé. Rappelant l’engagement des chefs d’Etat à Ouagadougou, il a exhorté les spécialistes, qui ont une responsabilité devant l’histoire, à tout faire pour trouver les meilleures solutions en vue de sauver la sous-région de la menace terroriste.
O. KANDE
L’Uemoa va réunir près de 300 milliards de FCfa
«L’argent étant le nerf de la guerre», surtout quand la guerre contre le terrorisme revêt «une nécessité aussi vitale», le Président Macky Sall a estimé que c’est pour cela que les responsables de la Défense, mais aussi des Finances des pays membres de l’Uemoa ont pris l’engagement de mobiliser les ressources. Il a magnifié la contribution que l’Uemoa apporte aux pays du G5 Sahel. Macky Sall a rappelé que, le 14 septembre dernier, le sommet extraordinaire de la Cedeao, tenu à Ouagadougou, a décidé d’allouer un milliard de dollars à la lutte contre le terrorisme en Afrique de l’ouest. A ce propos, l’Uemoa a aussi décidé de mobiliser 500 millions de dollars, soit environ 280 à 300 milliards de FCfa, selon le Président Sall. «Il sera question d’approfondir ces questions et de trouver la réponse à la décision prise à Ouagadougou. Nous ne sommes plus là pour discuter de la pertinence ou non des 500 millions à débloquer, mais devons apporter la réponse sur comment les débloquer et quand mettre en place les dispositifs, ainsi que les mécanismes pour l’utilisation de l’argent», a-t-il affirmé.
Poursuivant, il a indiqué que «tous ces efforts montrent notre détermination commune à faire face solidairement à un ennemi commun même s’il faut mettre en cohérence les initiatives sur le terrain, mutualiser nos moyens et surtout harmoniser nos actions pour plus d’efficacité dans cette lutte. Le Chef de l’Etat sénégalais a aussi indiqué qu’avec l’appui des spécialistes des questions de sécurité, de financement, on devrait mieux cerner la question du financement de la lutte contre le terrorisme et avoir une vue d’ensemble de l’expression des besoins et des propositions de mobilisation des ressources.
O. KANDE
Condamnation ferme des attaques au Mali et au Burkina Faso
Avant le démarrage des travaux, le Chef de l’Etat, Macky Sall, a condamné fermement les attaques terroristes de ces derniers jours au Burkina Faso et au Mali. «J’exprime notre compassion envers les gouvernements et les peuples burkinabè et malien frères, en priant pour le repos de l’âme des victimes», a déclaré, d’emblée, le Président Sall qui a fait observer une minute de silence avant le démarrage des travaux.