Le Collectif ÑOO LANK, défait Macky Sall, les partis politiques et les syndicats

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Non à la hausse du prix de l’électricité ! » Tel a été le principal slogan de la journée de mobilisation organisée vendredi dernier, le 13 décembre, à la place de la Nation par le collectif « Nio Lank Nio Bagn » qui était descendu dans la rue pour crier son ras- le-bol. Composée d’une trentaine d’organisations de la société civile, la plateforme du refus a aussi dénoncé les arrestations du leader du Frapp, Guy Marius Sagna, du professeur Babacar Diop et Cie appréhendés et embastillés pour avoir légalement manifesté et dénoncé la hausse du prix de l’électricité devant les grilles du palais de la République. Cette manifestation monstre qui a regroupé des milliers de jeunes et d’adultes des deux sexes mais aussi des personnes du troisième âge traduit le refus catégorique d’importantes franges de la population de la hausse du prix du courant électrique. Après le succès de leur marche du weekend dernier, les membres du collectif « Nio Lank Nio Bagn » sont plus que jamais déterminés à mener la lutte. Ainsi ils promettent de passer à d’autres actions majeures si les autorités compétentes ne donnent pas une suite heureuse aux revendications formulées lors de leur mobilisation du 13 décembre. « Nio Lank Nio Bagn » devient la nouvelle terreur pour l’Etat, mais aussi pour l’opposition plongée dans une profonde léthargie sans compter les associations consuméristes qui, elles, ont tout simplement déserté le terrain de la lutte.

La mobilisation massive et bigarrée de vendredi dernier est une victoire pour Guy Marius et compagnie qui ont été les premiers à descendre courageusement dans la rue pour protester contre la hausse du prix de l’électricité. Et il a fallu qu’on les emprisonne pour que les autres organisations citoyennes daignent sonner la révolte et faire face à cette décision d’augmentation des autorités gouvernementales. Le combat contre la vie chère aurait pourtant dû être porté par les forces de gauche dont l’idéologie repose essentiellement sur la lutte pour une justice sociale et une société plus égalitaire.
Et qui parle de forces de gauche, parle de syndicats et aussi de partis d’essence socialiste. Plongés dans une profonde torpeur depuis le début du magistère du président Macky Sall, s’ils n’ont pas été « neutralisés » par lui à coups de prébendes, les syndicats, censés défendre la masse ouvrière, ne sont plus ce qu’ils étaient sous le règne des présidents Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade. Ils ont aujourd’hui abdiqué, laissant le terrain de la lutte à des forces citoyennes comme Frapp France Dégage, Y en a marre, Aar li nu book et autres, lesquelles animent la résistance sociale malgré les risques encourus.

Cette désaffection s’explique, comme pour les politiques, par une perte de confiance des travailleurs dans leurs représentants syndicaux. Aujourd’hui, beaucoup de délégués syndicaux savent mieux négocier leurs promotions personnelles que défendre leurs mandants dont les revendications prioritaires sont reléguées au second plan. C’est ce qui explique pourquoi plusieurs délégués syndicaux finissent leurs carrières à des postes élevés au sein de leurs entreprises. Des responsabilités sans aucun rapport avec leurs diplômes et leurs compétences. Pourtant au moment où les budgets des centrales syndicales représentatives prennent l’ascenseur grâce surtout aux subventions de l’Etat, leur ardeur à combattre l’injustice sociale se refroidit. Ceci expliquant sans doute cela. Rien que cette année-ci pour la fête du 1er, la CnTS, la CnTS/FC, la CSA et l’Unsas ont empoché 600 millions à elles seules.
Dans le secteur de l’Enseigne- ment, seuls certains syndicats qui ne se sont arrimés à aucun parti politique s’activent sur le front de la résistance. Ainsi, on a droit à des centrales financièrement puissantes mais faibles par leur apport positif dans le combat pour la défense des intérêts des travailleurs.

Face à des travailleurs désespérés qui subissent dans leur existence quotidienne la dégradation de leurs conditions de vie et de travail, la remise en cause de toutes leurs conquêtes sociales, les organisations syndicales s’apparentent de plus en plus à des clubs de collabos qui défendent plus le profit des patrons ou de l’Etat que les conditions de vie de leurs mandants. Par conséquent, elles se sont résignées à entretenir des compromissions avec le patronat et l’Etat pour un soi-disant « pacte de stabilité sociale » qui signifie en réalité une reddition pure et simple à l’ennemi. Seule la fête du 1er Mai, transformée en moment festif, folklorique et carnavalesque rappelle encore aux Sénégalais l’existence de certains syndicats. Et les rares moments de revendications de ces syndicats, c’est l’instant du dépôt des cahiers de doléances jaunies par les moisissures auprès du chef de l’Etat. Une occasion pour les leaders de ces syndicats de trôner fièrement aux côtés de ce dernier ! Il faut inclure dans cette catégorie d’organisations couchées, des associations de consommateurs comme l’Ascosen dont l’inamovible leader, Momar Ndao, a osé éhontément investir les plateaux télé, les studios de radio ou les colonnes de la presse écrite pour défendre la hausse du prix de l’électricité. Dans la défense de cette hausse, Momar Ndao, qui est conseiller à la Présidence de la République, membre du Conseil économique, social et environnemental (CESE), a été stérilement plus actif et plus visible que les communicants de la Senelec au point que les Sénégalais se sont demandé si finalement l’Ascosen ne s’est pas muée en association… contre les consommateurs !

Les imams de Guédiawaye, rendus célèbres par leur vaillante lutte contre les délestages sous le régime de Wade, sont quant à eux devenus aphones et atones parce qu’ils émargent au niveau de la Commission de régulation du secteur de l’électricité.

La mobilisation exceptionnelle de la plateforme « Nio Lànk, Nio Bagn » est un signe de la faillite des structures intermédiaires entre le peuple et le pouvoir
Après les formations politiques classiques qui ne mobilisent plus les populations parce que n’ayant comme programmes que de sempiternelles revendications politiciennes, ce sont les organisations syndicales qui voient leur échapper leur rôle de canalisation de la colère et de défense des intérêts des masses laborieuses. l’action la plus louable des forces citoyennes qui ont pris le relais est leur capacité d’intervention directe. Elles ont choisi un rapport horizontal avec l’Etat parce que les structures intermédiaires qui devraient assurer la relation verticale entre citoyens et gouvernants se sont effondrées. l’action des mouvements comme « Nio lank, Nio bagn » et autres « Y En A Marre » est une révolte contre les politiques asociales de l’Etat qui semble avoir domestiqué la plupart des forces politiques et syndicales.

En Ukraine, la révolution « orange » portée par les citoyens a porté ses fruits parce que leur lutte avait abouti à l’annulation par la Cour suprême du scrutin et l’organisation d’un nouveau vote le 26 décembre 2004 qui a vu la victoire de Viktor Iouchtchenko. lequel avait recueilli 52 % des voix contre 44 % pour son rival Viktor Ianoukovytch.

En France, les Bonnets rouges et les Gilets jaunes ont triomphé respectivement devant François Hollande et Emmanuel Macron là où les syndicats et partis politiques ont périclité. Ce même si, chez Marianne, les syndicats sont en train de relever la tête de nouveau avec le combat qu’ils ont engagé contre la réforme des régimes de retraites envisagée par le gouvernement du Premier ministre Edouard Philippe.
Le mouvement des Indignés a connu des succès en Espagne tout comme le printemps arabes dans certaines monarchies arabes.

Au Sénégal, « Nio lànk, Nio bagn » est parti pour en découdre avec l’Etat tant que la hausse du prix de l’électricité sera maintenue. Ce qui s’est passé ce 13 décembre constitue une leçon et une alarme pour le gouvernement. C’est un rappel de la capacité de mobilisation spontanée des citoyens quand la poche des travailleurs est injustement secouée par un Etat vorace et impitoyable. C’est aussi un rappel des citoyens sur la mission première d’un gouvernement: assurer de bonnes conditions de vie à ses populations et non les pressuriser systématiquement à travers des taxes ou des hausses injustifiables. Quel que soit leur confort de vie, nos gouvernants doivent savoir qu’une hausse, si minime soit-elle et d’où qu’elle vienne, réduit drastiquement le pouvoir d’achat déjà inexistant des « Goorgorlus ».

 

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