Contrairement aux auditeurs internationaux qui ont conclu à un fichier fiable et cohérent, l’opposition, réunie autour du Front national de résistance n’est pas d’accord avec lesdites conclusions. Elle l’a dit de manière officielle, ce mercredi, lors d’une conférence. Porte-parole du jour, Aldiouma Sow, chargé des élections de Pastef a indiqué que le fichier tel qu’il est constitué ne garantit pas une élection transparente. Donc, dit-il d’emblée : « nous nous inscrivons en faux contre une telle conclusion ».
Selon lui, le FRN s’est basé sur deux éléments pour rejeter ces conclusions divulguées par les auditeurs. D’une part sur la méthodologie qui a été employée par les experts commis pour faire cet audit et d’autre part sur des informations qui sont contenues dans ce rapport. A l’en croire, l’opposition avait demandé à ce que cet audit se distingue des audits précédents parce qu’il devait être un audit sur pièce et sur place.
Dans le passé, la plupart des audits qui ont été faits ont été plus ou moins des audits informatiques et systémiques d’autre part. « Nous sommes allés au dialogue politique avec un ensemble de griefs que nous avions demandé aux auditeurs de nous confirmer les biens fondés de ces griefs. Sur la démarche méthodologique, si vous lisez le rapport qui est produit, vous vous rendrez compte que sur beaucoup de questions que l’opposition avait posé à l’équipe des experts n’y a pas eu de réponses. C’est pourquoi ils n’ont pas répondu au nombre anormalement élevé d’utilisation de certificats de résidences lors de l’inscription sur les listes électorales », a expliqué Aldiouma Sow.
« L’opposition avait suspecté que ce fichier-là contient des électeurs qui ne sont pas des sénégalais. Ils n’ont pas apporté la réponse sur les 515 645 électeurs qui sont dans le fichier électoral sur la base de certificats de résidences qui ne respectent pas les critères de l’article L36 du Code électoral, ajoute-t-il. Ils n’ont pas apporté de réponse lorsque nous leur avons demandé si la carte électorale ayant servi à l’organisation de ces élections respectait les articles L65 et L66 du Code électoral. Ils n’ont pas pu établir que la carte électorale est le fruit des procès-verbaux issus des comités électoraux. Nous avons une carte électorale qui, au lieu d’être la compilation, des procès-verbaux issus des comités électoraux ».
Poursuivant son argumentaire, il a fait savoir que l’opposition a constaté une utilisation massive des extraits de naissance portant sur 9 00 mille 442 électeurs qui sont entrés dans le fichier électoral au moyen d’extraits de naissance équivalant à 13,5% de l’électorat du fichier électoral.
« Le fichier tel qu’il est constitué ne garantit pas une élection transparente »
Par rapport à la question du parrainage, les auditeurs ont, selon Aldiouma Sow, avoué eux-mêmes, qu’ils n’ont pas eu de rencontre avec les membres du Conseil constitutionnel. Ils n’ont pas eu possession du logiciel ayant servi à contrôler les listes de parrainage qui ont été déposées au Conseil constitutionnel. « On ne peut pas se baser sur un tel rapport pour dire que le parrainage a été fait de manière conforme. Pour conclure à la fiabilité d’un fichier, il faut se baser sur un certain nombre d’éléments. Le fichier, avant d’être une donnée informatique à laquelle on demande un certain nombre d’informations, est un outil électoral dont les caractéristiques, la procédure d’élaboration est, décrit par la loi », a déclaré le chargé des élections de Pastef.
D’après lui, à chaque fois que ces procédures ne sont pas respectées, on ne peut pas conclure à la fiabilité du fichier. Or, déplore-t-il : « les experts eux-mêmes concluent en disant que certaines dispositions de la loi n’ont pas été respectées. Le fichier électoral ne reflète pas la démographie du pays. On ne peut pas se targuer d’avoir une légitimité d’élection organisée sur la base de ce fichier électoral ».