Le Franc CFA est « une anomalie en 2021 », d’après le Pirx Nobel Thomas Piketty

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Le Prix Nobel d’Économie Thomas Piketty approuve la fin programmée du franc CFA. Dans son argumentaire, il décrit une situation ubuesque. « L’origine du franc CFA est liée à la Banque du Sénégal, qui a été créée pour indemniser les propriétaires d’esclaves suite à l’abolition en 1848. Continuer à appeler cette monnaie « franc CFA » en 2021 est une forme d’anomalie », justifie-t-il. Il reconnait, toutefois, que « ce n’est pas simple. » N’empêche, insiste-t-il : « les discussions qui ont lieu en Afrique de l’Ouest sont très importantes et nous concernent tous. La quête de nouvelles formes de fédéralisme démocratique régional est une question qui se pose en Afrique de l’Ouest mais aussi en Europe, au Moyen-Orient. Peut-être qu’un jour, la Ligue arabe sera une Union arabe et aura un modèle de développement plus fédéral et plus démocratique. »

L’économiste mondialement connu pour ses travaux sur les inégalités de poursuivre : « toutes les ressources du pétrole ne seront plus dépensées dans des pays sans population pendant que l’Égypte, avec ses 100 millions d’habitants, a un budget ridicule pour ses écoles. »

Toutefois, défend-il, « il ne faut pas oublier que la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) a développé des formes de coopération économique qui sont, par certains côtés, plus avancées que celles de l’UE : par exemple, une règle pour empêcher une imposition des sociétés inférieure à 20 %. L’Europe n’a pas été fichue de le faire. »

En ce qui concerne l’abandon du classement Business sur l’environnement des affaires, il est d’avis « que tous ces classements qualitatifs se prêtent trop souvent à des manipulations. » « C’est comme, explique-t-il, ces enquêtes auprès des chefs d’entreprise. Cela ne mesure pas forcément des choses fondamentales. Je ne dis pas qu’aucun des indicateurs utilisés pour le Doing Business étaient intéressants. Mais la philosophie générale induit un biais en valorisant ce qui plait à certains groupes d’hommes d’affaires, sans que cela corresponde aux besoins de toute la population. »

Sur les enjeux climatiques, plaide-t-il, « il n’y a pas de solution au réchauffement climatique sans un changement très profond du système économique et sans une réduction drastique des inégalités. Les deux problèmes sont liés. On ne résoudra rien si on prétend mettre à contribution les plus riches et les plus pauvres de la même façon. »

« C’est ce qu’on a voulu faire en France, appuie-t-il, en début de quinquennat avec l’augmentation de la taxe carbone (pour réduire le réchauffement climatique), contre laquelle se sont élevés les Gilets jaunes. Il faut dire que les recettes de la taxe carbone allaient financer la suppression de l’impôt sur la fortune. Tout le monde est devenu fou et l’augmentation a été annulée ».

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