Le prince et la servante Jekkër sangg la (le mari, vis-à-vis de sa femme, est un seigneur)

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Le 8 mars est une journée importante célébrée partout à travers le monde. C’est l’occasion pour toutes les sociétés de mesurer les progrès faits et ceux à entreprendre pour améliorer le sort de la gente féminine. Mais où en est le Sénégal quant aux droits de la moitié de sa population ?

Certes nous avons aujourd’hui de plus en plus de femmes instruites et professionnellement bien établies. Néanmoins, il reste encore du chemin à faire pour atteindre le plein épanouissement des femmes dans la société sénégalaise. Au sein même du noyau familial, des pratiques sociétales ancrées dans notre culture relèguent toujours la femme au second plan ou jettent les bases d’un confinement de la femme à un rôle secondaire. En effet, très tôt,  dans l’éducation des enfants sénégalais, on note déjà une disparité flagrante entre les petites filles et leurs frères. Les garçons peuvent aller jouer au ballon pendant que les filles doivent rester pour faire la vaisselle et autres travaux ménagers. La sœur doit faire le linge de son frère. Les garçons ont le droit d’aller dehors tard le soir. La fille se doit de rester au côté de sa mère pour apprendre à être une femme, une bonne épouse plus tard. Ne dit-on pas d’ailleurs que taarou jigguen mooy seuy? (La beauté d’une femme réside dans le mariage).  À quelle époque de l’évolution sociale la femme a-t-elle  cessé d’être un être à honorer pour ne devenir que la servante du prince sénégalais?

 

La femme sénégalaise se doit d’être parfaite: belle,  raffinée et toujours aux aguets pour satisfaire les moindres caprices culinaires où encore charnelles de papa chéri. Il suffit d’aller aux marchés Sandaga ou Hlm pour constater tout l’arsenal de séduction existant de la femme pour satisfaire son homme. Que fait l’homme pour séduire la femme sénégalaise? Nada. Car la jonguéité est affaire de femme,  tout comme l’exemplarité et le dévouement au foyer.

Dans le monde occidental, la femme se bat pour acquérir l’égalité avec l’homme dans les salaires, les responsabilités… Il y a encore beaucoup des choses à améliorer cependant. Mais dans nos pays, notamment au Sénégal, la femme se bat pour être considérée comme un être à part entière et cesser d’être l’enfant de son père ou la femme de son mari. Il  suffit  de parcourir les téléfilms sur le web pour en faire le malheureux constat.

Une nouvelle télésérie Maîtresse d’un homme marié a  fait son apparition après Pod et Marichou ou encore Mbetel de Rouba Seye… Des femmes exemplaires de par leur docilité et soumission à leurs chers maris… Dans l’épisode 11 de la semaine passée, on y voit Birame, jeune homme sans ambition, qui sort tous les soirs se soûler, y battre violemment sa femme, Djalika, jeune belle femme, brillante au travail,  qui prend en charge toutes les dépenses du foyer. Sa belle-mère, complice, dormant dans la chambre d’à côté,  n’a même pas daigné intervenir et arrêter son fils qu’il adore par-dessus tout le monde. Ceci est devenu habituel au petit écran sénégalais. Comme dans les téléfilms que j’ai cités plus haut. Normal, me diriez-vous. Ce sont des hommes qui écrivent les scénarios. Ils ne font que relater leur fantasme du monde idéal patriarcal. Et dire que la société sénégalaise a déjà été en majorité matrilinéaire! Et dans le monde du vedettariat, il n’est pas rare d’entendre qu’un tel a battu sa femme. N’a-t-on pas entendu un célèbre lutteur excuser son forfait au fait qu’en battant sa femme, il a enfoncé son bras dans le mur? Et un autre rockeur-mbalax-man défoncer le visage de sa femme célèbre mannequin… Et le tout sans qu’ils ne soient traduits en justice pour voie de faits. Alors, on ne peut qu’imaginer le désarroi des femmes anonymes qui vivent cette violence physique et psychologique en silence. Car jigguen dafay mougn (La patience dans l’épreuve est une qualité chez une femme).

Devant tant de misogynie, oui, c’est bien de mépris qu’il s’agit – de discrimination des genres et de maltraitance- la femme que je suis ne peut que s’indigner et sensibiliser mes jeunes sœurs, nièces et filles que non, nous ne méritons pas un tel traitement.

Nous sommes toutes et tous nés d’hommes et de femmes et sommes égales et égaux devant le jugement divin. Pourquoi devrions-nous être inférieures au jugement de l’homme? Nos grand-mères ont été des Reines et des Princesses. Si vous en doutez, allez lire l’histoire d’Aline Sitoé, Yacine Boubou et ses consœurs. Ces femmes de Ndër qui, un mardi du mois de novembre 1819, se sacrifièrent collectivement pour ne pas tomber entre les mains d’esclavagistes maures. Des femmes dignes dont je salue le courage pour avoir choisi la mort plutôt que de perdre la dignité. Car la dignité est humaine et dans ce cas-ci bien féminine.

Femmes Sénégalaises, ne sommes-nous pas dignes filles de ces reines héroïques ?

Ndeye Fatima Ndiaye
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