En janvier 2020, les États-Unis ont inculpé le malien Mimi Ould Baba Ould Cheikh pour le rôle central qu’il a joué dans les attentats de Ouagadougou et de Grand Bassam de janvier et mars 2016. Dans la première attaque qui a visé le Splendid Hotel et le Café Cappucino à Ouagadougou, 30 personnes dont un citoyen américain ont trouvé la mort. C’est pour cette raison que des poursuites judiciaires ont été intentées contre l’arabe malien qui a été arrêté en janvier 2017 au Mali. Pour établir sa responsabilité dans ces opérations terroristes ayant occasionné la mort de près d’une cinquantaine de personnes, les américains ont enquêté. Dans cette dynamique, un agent du FBI a été dépêché à Bamako pour entendre Mimi Ould Baba Ould Cheikh.
Auditionné en mars 2017 par le Federal Bureau of Investigation (FBI), celui qui est surnommé Oumar A. Yanya, a donné des détails sur son implication dans ces attentats terroristes. Il affirme avoir été contacté par le chef des opérations d’Al Qaida pour diriger ces opérations. Chose qu’il a acceptée en s’impliquant aussi bien dans le repérage des cibles à Ouagadougou que le transport des moyens logistiques et des assaillants. Mimi Ould Baba Ould Cheikh a même transporté les trois terroristes à proximité des cibles avant de quitter Ouagadougou pour le Mali. Pour le repérage, il aurait entre un et 2 millions de francs CFA.
À son retour à Gao, il est convoqué par le chef des opérations d’Al Mourabitoune à Tabankort, dans un site proche de celui où l’attaque a été planifiée. Le commanditaire dont l’identité n’a pas été donnée dans l’enquête du FBI a informé Mimi Ould Baba Ould Cheikh de la « réussite » de l’opération de Ouagadougou non sans le féliciter pour le rôle qu’il y a joué. Dès lors, Mimi Ould Baba Ould Cheikh était pressenti pour répandre le sang dans d’autres capitales africaines. En effet, encouragé par le succès de l’attaque de Ouagadougou, le chef des opérations d’Al Mourabitoune qui pourrait bien être Mohamed Ould Nouini (tué en février 2018 par Barkhane) a demandé à Mimi Ould Baba Ould Cheikh de planifier d’autres attaques contre les « Blancs ». Le chef djihadiste pensait au Mali, au Sénégal ou la Côte d’Ivoire comme prochaine cible.
Selon les aveux faits par Mimi Ould Baba Ould Cheikh au FBI, il était hors de question qu’il participe à une attaque au Mali parce que toute sa famille vit au Mali. Par contre, il a déclaré qu’il n’avait aucun problème à participer à une attaque au Sénégal ou en Côte d’Ivoire. Cependant, Mimi Ould Baba Ould Cheikh a confié à ses interlocuteurs qu’il souhaitait un rôle moins actif et ferait recours à un sous-traitant pour les missions de repérage. Il pensait à une connaissance avec qui il a travaillé à Boni, au Mali. Selon lui, cette dernière s’est rendue à plusieurs reprises en Côte d’Ivoire et connaissait bien ce pays. C’est ainsi que l’attaque de Grand Bassam du 13 mars a été planifiée. Menée par trois assaillants, elle a fait 19 morts et a été revendiquée par Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI).
Pour son rôle dans ces deux attaques, Mimi Ould Baba Ould Cheikh aurait empoché 11,5 millions FCFA. C’est ce qu’il a confié à un enquêteur burkinabé.
Dans ses aveux, l’arabe malien n’a pas indiqué ce qui était arrêté par l’establishment djihadiste pour le Sénégal. Mais courant 2016, des mauritaniens soupçonnés d’être en contact avec lui ont été arrêtés et placés en détention. Jugés en 2021 par la chambre criminelle à formation spéciale, ils ont nié tout lien avec Mimi Ould Baba Ould Cheikh et ont été libérés au bénéfice du doute.
Pour sa part, « Oumar A. Yanya » risque d’être extradé aux États-Unis. En ce qui le concerne, Fawaz Ould Ahmed serait sur le point d’être livré aux américains. Le djihadiste mauritanien a été condamné à la peine de mort (abolie au Mali) pour son implication dans les attentats de La Terasse et du Radisson Blu.
On comprend mieux pourquoi les américains s’étaient opposés à la libération de ces deux djihadistes lors de l’échange de prisonniers d’octobre 2020 entre le Mali et le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans. Près de deux cent djihadistes et affiliés avaient été relâchés contre la libération de l’homme politique malien Soumaïla Cissé et de l’humanitaire française Sophie Pétronin.