Ces derniers temps, elle a été rudement éprouvée par la vie… Après la perte de son père en juin dernier, elle a perdu sa mère, un mois plus tard. Deux décès qui ont obligé la chanteuse à se mettre en retrait de la scène. Entre-temps, Aïda Samb a trouvé chaussure à son pied. Aujourd’hui, elle s’est remise en selle avec un nouveau single qui, en moins de 24 heures, est devenu numéro 1 des tendances. Autant d’événements qu’elle aborde face à L’Obs…
Aïda a signé son retour sur la scène après quelques mois d’absence, avec le single «Dieukeur sama». En seulement 24H, il est devenu numéro 1 des tendances. Vous attendiez-vous à ce schéma ?
Effectivement, je peux dire que cela fait un bail que je n’ai pas été présente sur la scène musicale. Pratiquement depuis novembre dernier, lors de la sortie de mon single «Badola», je me suis faite discrète. Il y a eu entre-temps, beaucoup d’événements qui se sont passés et qui m’ont empêchée de me produire ou de sortir des opus. Aujourd’hui, avec ce nouvel single «Dieukeur sama», je marque, en quelque sorte, mon retour. Je suis heureuse de constater l’accueil que les Sénégalais lui ont réservé. A chaque fois que je prépare un morceau, je me donne à fond afin qu’il puisse satisfaire les mélomanes. Du coup, je m’attends à avoir des retours positifs en tant qu’artiste. Pour ce coup-ci, j’espérais que les Sénégalais aller l’apprécier et cela a été le cas, et même au-delà de mes espérances.
Chacune de vos sorties est très appréciée, qu’est-ce que cela vous fait d’être autant adulée par le public ?
Tout ce que je fais, je le fais avec le cœur. Je pense que c’est ce qui explique l’engouement du public. Cela paye forcément. Ce qui vient du cœur, touche naturellement les cœurs. Même dans mes relations avec mes semblables, je raisonne ainsi. Je ne fais pas dans la demi-mesure.
«Mon prochain album est prêt, mais…»
Combien de temps vous a-t-il fallu pour réaliser ce morceau ?
Il est prêt depuis longtemps ainsi que d’autres morceaux. Nous attendions juste le moment opportun pour le mettre sur le marché, puisque j’avais un peu mis en stand-by la musique, compte tenu des événements récents qui sont intervenus dans ma vie.
On peut donc dire que ce single est en prélude à votre prochain album. Si oui, à quand sa sortie dans les bacs ?
Nous sommes actuellement en pleine réflexion sur la stratégie à adopter. L’album est fin prêt, mais avec mon label «Prince Arts», nous ne savons pas si nous allons le sortir très bientôt, intégralement ou en faire plusieurs jets. C’est-à-dire, mettre dans les bacs des singles un à un. Vous savez, les albums représentent un gros investissement, malgré tout, ils ne se vendent plus. C’est partout pareil. C’est plus rentable de sortir un morceau, le laisser faire son chemin et en assurer la promotion. Pour le moment, ce n’est pas encore clair mais, une chose est sûre, l’album est fini. Si nous le décidions, il pourrait sortir demain.
Pouvez-vous nous donner un avant-goût de cet opus ? Y a-t-il de nouvelles orientations musicales ?
Si vous avez bien remarqué, dans mes dernières productions, j’ai révélé d’autres facettes de moi, en explorant d’autres champs musicaux. Naturellement, je vais poursuivre dans cette lancée. Du Traditionnel au Mbalakh, en passant par l’Afro-beat, j’ai exploré plusieurs styles. Vous pouvez vous attendre à ce que je pousse d’autres portes encore.
«Le Bon Dieu a mis sur mon chemin, un époux d’une infinie bonté»
Le traditionnel, c’est ce genre musical qui vous a permis de vous révéler au public sénégalais. Seulement, vous semblez vous être un peu détournée de ce style…
Non pas du tout ! La musique n’a pas de frontières, il faut toujours s’ouvrir. Aïda Samb qu’on a découverte en 2012 grâce au registre traditionnel, est toujours dans les dispositions d’en faire. D’ailleurs, j’ai déjà des morceaux de ce genre en boîte, ainsi que d’autres styles. Je pense que c’est toujours bon de diversifier dans la musique. Il ne faut pas se figer.
Le titre «Dieukeur sama» est assez évocateur et parle de sentiments, d’amour, ceux d’une femme envers son époux. Cela veut-il dire que cette chanson est dédiée à votre mari ?
Bien entendu ! C’est une chanson dédiée à mon époux. Je la dédie également à toutes les femmes qui se sont senties concernées par les paroles. Elle est sortie quelque temps après mon mariage. Donc, c’est à la fois une nouvelle déclaration d’amour envers lui. Rien que le titre est assez explicite. Le Bon Dieu a mis sur mon chemin cet homme d’une infinie bonté, qui me soutient énormément, qui est mon pilier et mon rocher dans la tempête. Je rends grâce à Dieu de l’avoir connu et d’avoir fait de lui mon «Dieukeur sama» (mon époux).
Comment Aïda Samb vit-elle son nouveau statut d’épouse ? Y a-t-il eu de grands changements dans votre vie ?
C’est clair que la vie de célibataire est différente de celle d’une femme mariée. Quand on est dans les liens du mariage, on est obligée de revoir certaines choses dans son entourage, dans sa vie professionnelle, entre autres. Il faut tout de même avouer que mon époux est assez compréhensif. Il me pousse à m’investir encore plus dans ma carrière. J’ai juste observé de petits changements. Avant, je pouvais me permettre de dormir jusqu’à certaines heures et à mon réveil, les tâches ménagères étaient faites. Maintenant, je gère moi-même. Je fais à manger à mon époux, je m’occupe de lui. Ça me fait plaisir car, c’était un de mes souhaits. Aujourd’hui, il s’est réalisé.
Vous parvenez à allier votre condition d’épouse et celle d’artiste jusqu’ici ?
J’essaye en tout cas. Le plus important, c’est que mon mari m’aide beaucoup. C’est quelque chose de considérable.
«Je ne pense pas que j’arriverais un jour à me faire aux décès de mes parents»
Vous avez récemment été éprouvée par deux événements assez douloureux, la perte successive de vos deux parents. Comment l’avez-vous vécue ?
Il n’y a rien de plus douloureux que de perdre ses parents aussi brutalement et dans ces conditions. On n’est jamais préparé à ça. J’aurais préféré qu’ils soient encore là, mais l’homme propose, Dieu dispose. En bons croyants, nous sommes obligés d’accepter ce décret divin. Cependant, ce fut une terrible épreuve pour moi. En l’intervalle d’un mois, j’ai perdu consécutivement mon père, ensuite ma mère. Je ne le souhaite même pas à mon pire ennemi.
Etes-vous parvenue à faire leurs deuils ?
Non, pas encore ! Je ne pense pas que j’y arriverais un jour. Le décès de mon papa est plus supportable, car il était malade et alité depuis 2014. En revanche, pour ma maman, c’est autre chose. C’est elle qui s’est occupée de mon père dans sa maladie, jusqu’à ce qu’il décède. C’est suite à cela qu’elle est également tombée malade. Cela lui a fait un choc. Tout est allé très vite. Quand j’y repense, je ne peux pas m’empêcher d’avoir un pincement au cœur. Je ne crois pas que je vais parvenir à me faire à sa mort. Depuis qu’elle est partie, il m’arrive parfois de passer des nuits blanches à penser à elle. Lorsque je revois sa photo, je suis totalement désemparée. Mon père a été rappelé à Dieu à Mbacké, tandis que ma maman, elle, était hospitalisée à Dakar dans une clinique de la place. J’étais à son chevet et la veille de son décès, lorsque je quittais là-bas pour rentrer chez moi, j’avais un mauvais pressentiment. C’était la veille de la Korité passée. Je savais qu’à moins d’un miracle, il n’y avait plus aucun espoir. En plus de cela, j’avais discuté avec son médecin traitant et ce qu’il m’avait dit, n’était pas trop rassurant. Seule la foi nous permet de faire face à ce genre d’épreuves.
Tout parent rêve de voir son enfant réussir dans la vie, aller au bout de ses ambitions, fonder une famille… Ne vous arrive-t-il pas de nourrir des regrets après que les vôtres ont été brutalement arrachés à votre affection, seulement quelques semaines avant votre mariage ?
J’ai d’énormes regrets… J’ai toujours tout partager avec mes parents. Ce qui me fait le plus mal, c’est qu’ils n’ont pas pu assister à mon mariage. C’était le rêve de mon père, il a tant prié pour que ce jour arrive. Il allait dans des cérémonies familiales et sollicitaient des prières pour que je puisse trouver chaussure à mon pied. Malheureusement, il n’est plus là pour voir mon bonheur. Cela m’affecte énormément que mes parents ne soient pas là pour me voir fonder un foyer. D’autre part, cela me pousse à m’armer de plus de courage et d’être plus ancrée dans ma religion.
Pour en revenir à votre carrière, que réserve Aïda à ses fans prochainement ?
La pandémie du Covid-19 nous a malheureusement mis du plomb dans l’aile. Toutes nos activités étaient gelées, mais on commence à reprendre du poil de la bête. Il y a des spectacles et des festivals qui sont prévus en début d’année. S’il plait à Dieu, mes fans seront bien servis. Je rends grâce à Dieu de m’avoir permis de traverser ces épreuves. Je me sens reconnaissante envers ces personnes qui m’ont énormément soutenue, je ne les remercierais jamais assez, ainsi que tous les Sénégalais qui m’ont témoigné de leur compassion. Tous autant qu’ils sont, qu’ils reçoivent ma profonde gratitude…
L’OBSERVATEUR