Les Etats-Unis rejettent l’innocence établie du président de la BAD sur des faits présumés de mauvaise gouvernance
Steve Mnuchin (photo), le secrétaire d’Etat américain au Trésor (l’équivalent du ministre des Finances), a rejeté les conclusions de l’enquête d’un comité qui a récemment établi que des allégations de mauvaise gouvernance formulées à l’encontre d’Akinwumi Adesina, le président du groupe de la Banque africaine de développement (BAD), n’étaient pas fondées.
« Nous avons de profondes réserves quant à l’intégrité du processus du comité », a déclaré M. Mnuchin. « Nous vous exhortons à ouvrir une enquête approfondie sur les allégations en utilisant les services d’un enquêteur extérieur indépendant de haut niveau professionnel », a ajouté le responsable américain. L’intervention des Etats-Unis dans ce dossier se justifie par son statut d’actionnaire de l’institution avec une participation de 6,6% dans son capital.
Le responsable américain a cependant formulé des menaces à peine voilées. « Nous craignons que le rejet massif de toutes les allégations sans enquêtes appropriées ne ternisse la réputation de cette institution comme ne respectant pas des normes élevées d’éthique et de gouvernance. Il s’agit d’un risque sérieux lorsque nous voulons que la BAD joue un rôle influent dans la crise économique et sanitaire mondiale actuelle », peut-on lire dans la lettre du secrétaire d’Etat américain.
Cette sortie américaine intervient dans un contexte où la BAD s’est défendue des réflexions faites par David Malpass, le président du Groupe de la Banque mondiale (proposé par l’exécutif américain), sur les mécanismes de prêts de certaines institutions de financement multilatérales. Concernant l’Afrique, l’institution de Bretton Woods a précisé que ces pratiques viennent en rajouter aux problèmes de la dette régionale.
« Cette déclaration est inexacte et non fondée sur des faits. Elle met en cause l’intégrité de la Banque africaine de développement, sape nos systèmes de gouvernance et insinue à tort que nous fonctionnons selon des normes différentes de la Banque mondiale. La notion même va à l’encontre de l’esprit du multilatéralisme et de notre travail collaboratif », avait répondu la BAD, dans un communiqué publié le 13 février 2020.
La BAD est aujourd’hui très favorablement perçue par les investisseurs, à en juger l’accueil que lui réservent les investisseurs sur le marché international des capitaux, notamment la récente levée de 3 milliards $ pour la gestion de la pandémie de covid-19. La plus récente note de l’agence S&P Global Ratings a d’ailleurs conforté la solidité de l’institution. « Nous considérons la gestion de la BAD comme robuste, compte tenu de ses antécédents de mise en œuvre stratégique, d’une solide politique de gestion des risques et de sa capacité à résister à la perte de personnel clé sans perturber les opérations », pouvait-on lire dans ce document.