LES FEMMES EXIGENT ET OBTIENNENT LA PARITE
Renouvellement du bureau de l’Assemblée nationale 2018-2019
La parité pour tous les postes électifs dans le bureau de l’Assemblée nationale, instaurée par le président Abdoulaye Wade, a mis à rude épreuve l’hémicycle hier, vendredi 12 octobre. La plénière de la session ordinaire unique 2018-2019, a été suspendue pour contestations dès l’ouverture de la séance. La deuxième vice-présidente, Awa Guèye, a exigé la parité au niveau des postes de vice-présidents. En fin de compte, la majorité a fait sauter le huitième vice-président, Pape Diop de Bokk Gis Gis proposé par le groupe «Liberté et démocratie», en faveur de Yaye Fatma Diop du même groupe qui s’était présentée pour ce poste par lettre.
C’est la deuxième vice-présidente de l’Assemblée nationale, Awa Guèye du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar, qui a ouvert les hostilités, après la lecture faite des listes proposées par les différents groupes par le président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse. En effet, voulant prendre la parole pour exiger la parité à ce niveau, elle a rencontré le refus catégorique du président Niasse qui a estimé que tant que le bureau de l’Assemblée n’est pas installé, il n’est pas question d’ouvrir les débats, se basant sur l’article 11 du règlement intérieur. Ce qui a créé un tohu-bohu indescriptible dans la salle avec un Serigne Abdou Mbacké Dolly du groupe «Liberté et démocratie» qui ne voulait pas laisser la vice-présidente prendre la parole. Il a fallu l’intervention du président du groupe parlementaire de Bby, Aymérou Gningue, citant les dispositions de l’article 14 du même règlement, pour demander la suspension de la séance pour concertations, car il y a eu des contestations à l’ouverture de la séance. En vertu de l’article 63 du même règlement, Moustapha Niasse a mis au vote ladite proposition qui a été approuvée par une majorité de députés. La suspension prévue au départ pour une demi-heure entre le président de l’Assemblée nationale et les différents présidents de groupes parlementaires, plus un représentant des non-alignés a presque duré 1h30 mn.
De quoi s’agissait-il ? En réalité, les postes de vice-présidents de l’Assemblée nationale sont au nombre de 8, dont 7 qui reviennent à Bby, pour un seul au groupe «Liberté et démocratie». En exigeant la parité, Awa Guèye voulait que le poste de 8ième vice-président revienne à une femme. En ce moment-là, la proposition faite par l’opposition, notamment le nom de Pape Diop de Bokk Gis Gis, devait sauter pour laisser la place à une dame du même groupe. Ce qui ne pouvait pas passer aux yeux de l’opposition qui estime n’avoir qu’un seul poste. De l’avis du nouveau président dudit groupe, Serigne Cheikh Mbacké, il fallait exiger la parité au niveau du poste de premier vice-président, dans la mesure où le président de l’Assemblée nationale est un homme et il est membre du bureau. Pour celui qui a été choisi par Me Wade pour remplacer Me Madické Niang, il n’est pas question que la majorité présidentielle choisisse un vice-président pour eux. Lui et ses camarades ont ainsi décidé de s’en tenir à leur proposition de départ, à savoir Pape Diop. Même son de cloche pour Mamadou Diop Decroix qui pense que Bby veut décider à leur place.
A ce niveau aussi, cela supposerait que Moustapha Cissé Lo cède sa place à Awa Guèye. Ce que le président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, ne pouvait entendre car il a estimé qu’il n’y a qu’un seul poste de président de l’Assemblée et que ce sont les postes de vice-présidents qui étaient mis en jeu. Il a ainsi suggéré au président du groupe «Liberté et démocratie» de faire une autre proposition, mais cette fois-ci, en donnant le nom d’une femme à la place de Pape Diop, pour se conformer aux dispositions de la loi, comme exigé par les femmes. A défaut d’une autre proposition du groupe «Liberté et démocratie», Moustapha Niasse a demandé au secrétariat de retenir le nom de celle qui a écrit une lettre au bureau de l’Assemblée pour présenter sa candidature au fauteuil de huitième vice-présidente, à savoir Yaye Fatma du Pds, élue sur la liste de Touba. Sur ce, la liste des huit vice-présidents, dont 4 hommes et 4 femmes, a été soumise au vote. Ce qui a permis de mettre Yaye Fatma Diop à la place de Pape Diop contre la volonté du groupe parlementaire «Liberté et démocratie», impuissant devant la majorité.
Yaye Fatma Diop “défie” Me Wade
Décidément, c’est le temps de la défiance dans les rangs du Parti démocratique sénégalais (Pds) contre Me Wade. Après Me Madické Niang qui a bravé le «Pape du Sopi» en déclarant sa candidature en dépit du refus de celui-ci, décidé à maintenir le choix du Congrès pour Karim Wade, c’est au tour de Yaye Fatma Diop de braver à son tour, et Me Wade et le groupe parlementaire «Liberté et démocratie». En effet, en proposant sa candidature par voie épistolaire, malgré le refus catégorique du nouveau président dudit groupe, Serigne Cheikh Mbacké et ses camarades de changer ce qui a été proposé par Me Wade, à savoir Pape Diop comme huitième vice-président, la parlementaire de Touba semble se mettre à dos l’ancien président de la République et l’ensemble du groupe de l’opposition. Toutefois, la volonté de Me Wade de conserver l’électorat Mouride, après la défection de Me Madické Niang, semble jouer en faveur de Yaye Fatma Diop. Ce dernier ne prendra pas le risque de se séparer d’elle, au risque de la pousser dans le camp de Madické Niang, qui veut rassembler autour de sa personne tous ceux qui sont favorables à une candidature alternative à celle de Karim Wade.
Benno Bokk Yakaar retarde le démarrage
Prévue à 10h, la session ordinaire unique 2018-2019 de l’Assemblée nationale a accusé du retard pour son démarrage. Pour cause, les parlementaires de la mouvance présidentielle, notamment ceux du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar n’étaient pas dans la salle à l’heure arrêtée. Ces derniers étaient en train d’arrondir les angles entre eux pour la constitution du nouveau Bureau de l’Assemblée nationale. Ils ont ainsi fait poireauter leurs camarades de l’opposition et les non-alignés qui étaient sur les lieux depuis 10h. Il a fallu attendre plus d’un tour d’horloge, vers 11h15mn, pour qu’ils rejoignent la salle. La plénière n’a pu démarrer qu’à 12h05mn, dès l’entrée du président de l’Assemblée, Moustapha Niasse.
Me Madické Niang, aux abonnés absents
Compte-tenu de la brouille qui existe au sein du Parti démocratique sénégalais (Pds), à cause de la candidature double, les yeux étaient rivés sur la venue à l’Assemblée du désormais ex-président du groupe parlementaire «Liberté et démocratie», Me Madické Niang. Hélas, celui qui a déclaré sa candidature à la candidature de la présidentielle de 2019, contre la volonté de son Sg Me Abdoulaye Wade, a fait faux bond à tout le monde. Lui qui a préféré céder le fauteuil de président dudit groupe parlementaire, qui lui avait été confié par Me Wade, n’a pas participé à la session ordinaire unique qui renouvelait les membres du bureau de l’Assemblée nationale. A noter, par ailleurs, que le leader de Pastef, Ousmane Sonko, tout comme celui de Bokk Gis Gis, Pape Diop, déchu de son poste de huitième vice-président, ainsi que d’autres parlementaires se sont tous excusés.