Les rapports de Sonko avec les juntes en question
« Nous condamnons fermement la sanction prise par la CEDEAO. Aujourd’hui nous sommes tous des Maliens. Assimi Goïta a pris le pouvoir. Personne ne soutient le coup d’Etat. Mais quand un président opprime son peuple, change la constitution et brigue un troisième mandat, on n’entend jamais la Cedeao. Si la situation devient compliquée et que l’armée prend sa responsabilité, la Cedeao élève la voix ». C’est la position d’Ousmane Sonko sur la situation politique malienne. Le leader du Pastef dit être en contact permanent avec les autorités maliennes et guinéennes. Il souhaite d’ailleurs envoyer une délégation pour prendre part à la manifestation prévue demain vendredi au Mali. « Que tout le monde se lève comme un seul homme pour soutenir les Maliens. Que les peuples africains se désolidarisent de leurs dirigeants qui ne sont là que pour les intérêts de la France », lance Sonko.
Selon le docteur en sciences politiques, René Massiga Diouf, Sonko est dans la logique d’opposition systématique et de poursuite de son combat panafricaniste. « Il est très proche des mouvements anticoloniaux, explique-t-il. Tout son combat politique est axé sur l’opposition systématique à l’égard non seulement des instances en place, mais à l’égard aussi du système colonial qui est en train de se perpétuer ». Pour Dr René Massiga Diouf, Ousmane Sonko est dans une logique d’affirmation de son action politique et d’imposition de son style politique. Quant à sa décision de mandater une délégation pour aller soutenir les autorités maliennes, le Docteur en science politique est dubitatif, dans la mesure où la Cedeao a ordonné la fermeture des frontières avec le Mali. « Cette option peut poser problème, car la frontière entre le Sénégal et le Mali est pratiquement fermée. Mais on peut dire que les autorités maliennes feront de telle sorte que les mouvements de soutiens puissent avoir accès au pays et il y a des délégations qui sont déjà sur place », informe Dr. René Massiga.
Le leader du Pastef avait réagi récemment sur les sanctions de la Cedeao infligées à la junte. « Que la Cedeao nous édifie sur ce qu’elle considère comme un gouvernement légitime. L’avons-nous déjà vu sanctionner un régime lorsque des présidents violent leur constitution et s’engagent dans un troisième mandat anticonstitutionnel, souvent sur le corps de pauvres citoyens », se demande t-il.
Pour lui, ces autorités préservent des intérêts étrangers, « en piétinant avec allégresse tous ses principes fondateurs, surtout celui du respect et de la protection des droits des peuples, en imposant un embargo économique, commercial et financier à l’égard de nos frères maliens », martèle t-il. Ousmane Sonko est conscient que la CEDEAO veut substituer « une souveraineté communautaire factice à une souveraineté légitime du peuple malien qu’elle n’a jamais pu aider ni dans sa lutte contre le terrorisme djihadiste, ni contre les dérives politiques du président déchu, membre de leur syndicat d’affairismes ». Il s’est même demandé ce que vaut la Cedeao si le peuple, dans son écrasante majorité, approuve le plan de transition soumis par la junte militaire.
Fodé Bakary CAMARA
13 janvier 2022