Idrissa Seck, Président de Rewmi les élections territoriales de dimanche dernier ont remis en question le poids électoral de Rewmi et de son président, Idrissa Seck. A Thiès, son fief, le «rewmiste» en chef a tout simplement mordu la poussière au profit d’un de ses poulains, Babacar Diop.
Le livre «Idrissa Seck, l’ombre du passé» du journaliste Mor Talla Gaye, paru en septembre 2021, avait suscité de vives réactions, avec notamment ce passage où il décrit l’ancien maire de la ville de Thiès : «Il a connu le sommet de sa gloire très tôt. Mais de ce potentiel Idy, ne fera rien. Par paresse intellectuelle d’abord, incompétence politique ensuite, mais surtout par une insuffisance et une arrogance coupable. S’il faut chercher un homme qui résume assez bien la scène politique sénégalaise, Idrissa Seck est un beau spécimen.
Mais la réalité politique d’aujourd’hui semble conforter notre confrère. En effet, après l’alliance Benno-Rewmi, actée le 1er novembre 2020, avec à la clef la nomination d’Idrissa Seck au poste de président du Conseil économique, social et environnemental (Cese), en remplacement d’Aminata Touré, beaucoup pensaient que Thiès allait définitivement tomber dans l’escarcelle du pouvoir. Si l’on sait que lors des précédentes élections, Rewmi, jadis leader incontestable à Thiès, était talonné par la coalition présidentielle.
Aujourd’hui, c’est tout le contraire qui s’est produit dans la capitale du Rail. Idy, sorti deux fois deuxième aux élections présidentielles (2007) et (2019), est «déboulonné» par Yewwi Askan Wi, dont l’actuel porte-étendard, le Dr Babacar Diop, avait pourtant porté sa candidature lors de scrutin de février 2019. C’est par la suite que le jeune philosophe s’est vite démarqué, après que son «mentor» dans la défunte coalition Idy2019 a décidé de rejoindre le «Macky».
Les retrouvailles brusques et inattendues entre d’anciens ennemis jurés, en l’occurrence Macky Sall et Idrissa Seck, quelques mois après la dernière Présidentielle, ont reconfiguré la scène politique sénégalaise devenue une sphère dynamique et pleine de remous.
Et quand Idrissa Seck déclarait qu’entre le président de la République et lui, c’est comme du «mbourou ak soow» (pain et lait caillé), c’était pour signifier que tout baignait dans l’huile entre eux deux. D’autant plus que Macky Sall venait de lui octroyer un très onctueux fromage, à travers l’institution qu’est le Cese.
Car, les relations entre les deux hommes avaient pourtant atteint, ces dernières années, un tel degré d’animosité que le désormais ex-président du Conseil départemental de Thiès avait osé déclarer, sans fard, que pour le reste de sa vie, il n’accepterait plus de nomination par décret ! Autrement dit, il n’occuperait plus que des fonctions électives résultant de la sanction populaire.
Mais «Idrissa Seck nous a toujours appris qu’en politique, il ne faut jamais dire ‘jamais’. Subtile façon de dire que, dans cet univers, on peut à tout moment revenir sans dommage sur ses propos, se rétracter sans danger, ni honte», a décrypté Serigne Saliou Guèye, journaliste et analyste politique.
Aujourd’hui, Idrissa Seck a-t-il goûté au cocktail de trop ? C’est la grande question que se posent des observateurs de la scène politique. Car bien avant les élections locales, le «Mbourou ak Soow » ne semblait pas respirer la bonne santé politique à Thiès.
«Avant, ce sont les fidèles alliés du président Macky Sall qui décriaient cette alliance. Mais nous avons constaté qu’à la veille de la visite du chef de l’Etat pour les besoins de l’inauguration de l’Isep, les ‘apèristes’ ont vigoureusement craché dessus», avaient alerté des Thiessois sur PressAfrik.
Le site en ligne informait que «des proches du président de l’APR, comme les responsables Lamine Ngom et Ndiaga Wade, s’étaient fortement mobilisés avec leur base pour dénoncer vigoureusement le ‘Mbourou ak Soow’ tel que ça se présente» et surtout «la prééminence que prétend avoir Rewmi par rapport au reste de la grande coalition et en particulier vis-à-vis de l’Apr».
Cette «frustration» s’est en tout cas fait ressentir dans les urnes, le 23 janvier 2022. Et elle est profitable à l’opposition, notamment Yewwi Askan Wi, qui s’est adjugé les trois communes et la ville, selon les résultats provisoires issus de ce scrutin.