Locales 2022 : Pr Amsatou Sow Sidibé préconise la création d’une police des élections chargée de lutter contre la fraude électorale
Après les élections territoriales, l’heure est à l’évaluation. A cet effet, le Réseau, Sécurité et Paix en Afrique, dirigé par Professeure Amsatou Sow Sidibé, a convié la presse ce mardi pour dévoiler son rapport sur ce scrutin du 23 janvier.
Le dispositif de veille mis en place par le réseau Dialogue, Sécurité et Paix en Afrique a mobilisé 50 observatrices déployées sur la majeure partie du pays. Le choix exclusivement porté sur les femmes pour cette mission de veille se justifie, selon DSP/Afrique, par la volonté de faire participer les femmes au niveau politique. Ainsi, elles avaient pour mission de collecter les données sur les scrutins en renseignant des fiches sur l’ouverture, le déroulement et la clôture des opérations électorales. Les conclusions de leur rapport font état de plusieurs dysfonctionnements à l’ouverture des bureaux de vote.
«La non disponibilité du matériel électoral dans certains bureaux de vote. Il s’agit de l’absence de listes d’électeurs, de bulletins de vote, d’enveloppes inviolables dans certains bureaux de vote, une seule urne dans certains bureaux, la confusion sur les bulletins aux Parcelles Assainies à Keur Massar, l’ absence du procès-verbal de dépouillement, de listes d’émargement dans un centre de vote à Malika, l’absence de PV de constatation et de réclamation dans un bureau de vote à Matam, l’absence de matériels d’éclairage notamment à Bargny dans un centre de vote. L’absence de certains membres de bureaux de vote dans plusieurs localités. Des altercations entre militants dans certaines localités. Une propagande électorale notée aux alentours de certains centres de vote. L’absence d’isoloirs dans certains bureaux de vote », entre autres dysfonctionnements notés par le rapport, lu par Professeure Amsatou Sow Sidibé, qui ajoute par ailleurs que 48% des bureaux de vote observés ont fermé à l’heure.
Au niveau du dépouillement, le bilan est plutôt satisfaisant pour le réseau DSP/Afrique : « Dans une proportion de 97% des bureaux de vote visités, le dépouillement s’est effectué dans les bureaux de vote. Dans 83% des BV le dépouillement s’est déroulé sans incident. La presque totalité des membres du bureau de vote ont signé le procès-verbal de dépouillement. Dans 93% des bureaux de vote, les enveloppes de dépouillement sont scellées. Dans 48% des bureaux de vote couverts, il a été noté au moins une femme scrutatrice ».
Globalement, le réseau Dialogue, Sécurité et Paix s’est félicité de la tenue de ce scrutin après deux reports successifs. Aussi, l’organisation s’est réjouie d’avoir déployé une mission exclusivement composée d’observatrices. Concluant, Professeure Sidibé a listé quelques recommandations à l’intention des différents acteurs. A la Cena et à l’administration électorale elle préconise : « D’améliorer le système de déploiement du matériel électoral à temps. Améliorer la formation des membres des bureaux de vote. Améliorer la communication concernant la carte électorale, les procédures de vote et l’identification du bureau de vote pour mieux orienter l’électeur. De définir et mettre en œuvre une stratégie de production et d’accès à l’information d’indicateurs sexo-spécifiques pour donner plus de visibilité à la qualité de la participation politique des femmes ».
Les recommandations à l’endroit des partis politiques ont porté sur le renforcement de l’éducation de vote tout en les incitant à mettre l’accent sur le contenu de leur programme politique en guise de stratégie de campagne. Enfin à l’Etat, le réseau recommande d’« Inscrire dans le code électoral l’interdiction de matériel servant à prendre des photos ou à filmer dans l’isoloir », de « Mettre en place une police des élections chargée de lutter contre la fraude électorale » et de respecter le Protocole additionnel de la CEDEAO sur la révision du code électoral pour une stabilité de la loi électorale.