Lutte contre le Covid-19 : l’importance de la médecine traditionnelle

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Lutte contre le Covid-19 : Pourquoi il faut faire des Praticiens de la Médecine Traditionnelle des alliés.

L’épidémie de Coronavirus continue sa progression à travers le territoire national. A la date du 27 Avril 2020 ,11 Régions et 30 districts sanitaires sont touchés.

Malgré le consensus national et les moyens colossaux déployés par les pouvoirs publics pour lutter contre la maladie, force est de reconnaître, qu’elle continue son expansion. Avec l’augmentation saisissante des cas communautaires, les autorités sanitaires privilégient et encouragent la riposte communautaire en mettant ce domaine d’intervention au cœur de la lutte. Donc, aucun acteur communautaire, tel que défini dans le Document de Politique Nationale de Santé Communautaire, cadre de référence pour les interventions communautaires au Sénégal, ne doit être laissé en rade. Or, il s’avère, à l’état actuel, que les Praticiens de la Médecine Traditionnelle (PMT), ne sont pas pris en compte, contrairement à l’esprit et à la lettre dudit document. Au regard du présent contexte, les associer et les impliquer, peut constituer une plus-value.

Avec la maladie à virus Ebola, il a été établi que l’explosion des cas dans un pays voisin et dans la sous-région, remontait aux funérailles d’une praticienne de la médecine traditionnelle très respectée et très fréquentée. La PMT, avait contracté la maladie en traitant des patients venus d’horizons divers. Les funérailles qui ont suivi, ont déclenché une réaction en chaîne dans laquelle se succédèrent les cas, les décès à travers plusieurs chaînes de transmission.

Ici au Sénégal, on a assisté à un scénario similaire dans la région de Louga où il a été constaté le décès d’un Traditherapeute (notamment le 6ème patient décédé du Covid-19 dans notre pays). C’était un cas suspect qui s’avérera positif après les prélèvements effectués post mortem, autour duquel, on a pu dénombrer 120 contacts dont 21 issus du personnel soignant. Praticien de la médecine traditionnelle connu et reconnu au-delà même des limites de la région, il jouissait d’une très grande notoriété et était largement fréquenté.    Si je me suis permis de citer ces deux exemples (dans les pays de la sous-région et à Louga), c’est pour montrer le rôle de vecteur que peut constituer le PMT dans la transmission des maladies à potentiel épidémique.

Il faut étudier les meilleurs moyens de les inclure dans la riposte et notamment dans la mise en œuvre des initiatives à base communautaire avec des actions de prévention, de promotion et de sensibilisation. Pour cela, il faut les orienter, les capaciter, afin qu’ils puissent être un lien utile avec les populations. En tirant les leçons de ce qui s’est passé à Louga et dans les pays de la sous-région, ne pas tenir compte de ce potentiel autant dans la prévention que dans la surveillance (la détection et l’alerte précoce), ne me paraît pas ni judicieux ni pertinent.

Les PMT, sont respectés et écoutés dans leurs communautés. Ils appréhendent parfaitement la culture dans laquelle ils opèrent. Ils sont bien placés pour comprendre la dynamique de la santé au regard de l’homme et de son environnement global. Les activités d’IEC doivent être orientées vers les PMT dans un esprit positif, car ceux-ci étant membres de leurs communautés, peuvent promouvoir des comportements favorables à la lutte contre le Covid-19. En revanche, s’ils sont exclus du processus, avec l’évolution de la maladie liée à la contagiosité du virus, le Sénégal risque de connaître une situation sanitaire à la fois difficile et compliquée avec une cascade de cas communautaires, pour deux raisons principalement :

1) pour des considérations relatives à la persistance de certaines croyances socioculturelles mais aussi à la faiblesse du pouvoir d’achat et populations, les PMT seront toujours le premier recours de soins surtout en milieu rural ;

2) avec le phénomène de la stigmatisation, les populations vont éviter les structures de santé pour se tourner vers les PMT pour leurs besoins en soins.

Aujourd’hui, avec la gravité de la situation, il faut une approche holistique, inclusive, participative, pratique et pragmatique, basée sur l’humilité et le respect de l’autre, en utilisant tous les atouts dont disposent le pays. Et parmi ces atouts, indéniablement, il y’a les Praticiens de la Médecine Traditionnelle.

A travers cette contribution, un appel pressant est lancé aux autorités, pour qu’une attention particulière soit accordée aux PMT dans la croisade contre le Covid-19 avant qu’il ne soit trop tard.

Alioune AW

Ancien Coordinateur de la Cellule de Médecine Traditionnelle.

 

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