La fuite des talents plombe l’arène. Interrogé par Les Echos, Boy Khaïré parle de 200 lutteurs qui ont préféré s’exiler. Rien que cette année, confie-t-il au journal, Doumboul, Garga Mbossé, King Kong, ont levé les voiles vers les Etats-Unis. Où ils ont rejoint une colonie constituée déjà de Siteu, Bruce Lee, Dieuf Dieul, Abdou Diouf, Nar Touré, Jaguar, Géant, Antoine Bakhoum, Super Etoile, entre autres.
« L’heure est grave »
L’ancien lutteur explique le phénomène par l’absence de compétition. « Depuis 2 ans, le manque de combats est un problème qui ne concerne pas seulement les ténors mais les lutteurs de seconde zone aussi. L’heure est grave, il faut avoir le courage de le dire. »
Par ailleurs, il dit comprendre ces jeunes : « Car, ils ont compris que leur avenir est compromis et qu’il sera très difficile de lutter. Il n’y a pratiquement plus de promoteurs. Cela ne sert à rien de s’entraîner, et de n’avoir jamais de combat. Si j’étais à leur place, je ferais la même chose. Ces gosses n’ont plus d’espoir. »
Bécaye Mbaye, chroniqueur de lutte, ne dit pas le contraire. « Certains peuvent rester dans années sans lutter, d’autres qui ont la chance de décrocher des combats, touchent des sommes dérisoires », décrypte-t-il, arguant que le rêve américain est passé par là. Avant d’alerter : « Bien sûr que c’est un danger pour l’arène. Si la plupart des espoirs ont préféré s’exiler, l’avenir de ce sport est hypothéqué. On dénombre plus de 50 lutteurs qui sont aux Etats-Unis, en France, et en Espagne. Le plus dramatique est que ceux qui partent incarnent l’avenir de la lutte mais ils ne s’en rendent pas compte. »
Disculpant le Comité national de gestion (CNG) de lutte, Bécaye Mbaye invite, toutefois, les anciennes gloires à l’instar de Moustapha Gueye, Yékini, Tyson, à réfléchir à une solution.
En face, Doudou Diagne Diecko, le président des amateurs, est moins inquiet. Car, dit-il : « Un lutteur qui sait qu’il n’a plus son avenir dans ce sport, est libre d’aller faire autre chose ».