La cérémonie de remise du sabre d’El Hadji Oumar Foutiyou Tall s’est tenue, ce dimanche, à la salle des banquets du palais de la République. Une cérémonie solennelle qui a réuni de grandes sommités, de toutes obédiences confondues du pays. Elle a été rehaussée par la présence du Khalife général des Tidjanes, Serigne Babacar Sy, du Khalife de la famille omarienne, Thierno Bachir Tall et des représentants de toutes les familles religieuses du Sénégal.
La cérémonie a démarré avec la signature de la convention du dépôt du Sabre entre le ministre des Forces armées français et le ministre de la Culture sénégalais, Abdoulaye Diop. Ensuite, il s’en suit l’exécution de la « Tara », un chant funèbre. L’origine de ce chant est peulh et, est rattaché au nom du vénéré homme. Cette chanson funèbre a été interprétée par la musique générale des Forces armées.
Le moment tant attendu arrive quelques minutes plus tard. Le Premier ministre français est invité à remettre le sabre au président de la République, Macky Sall. Le moment est solennel. Historique. La remise du sabre est accompagnée d’applaudissements et des « Allahou Akbar ». L’émotion se lit sur les visages des disciples du vénéré homme. Le sabre est, par la suite remis au ministre de la Culture du Sénégal. Lequel l’a, à son tour, confié au directeur du musée des civilisations noires.
Les autres objets que réclame la famille omarienne
Le porte-parole de la famille omarienne, après avoir remercié la France, a rappelé qu’un important patrimoine omarien reste toujours dans l’hexagone en particulier 517 livres et manuscrits de Ségou, le trésor, la collection privée Archinard, les 150 photos de la collection Archinard et la peau de prière et divers autres objets.
Pour sa part, le président de la République a magnifié l’événement qui, selon lui, est historique. « Voici que des descendants d’anciens belligérants se retrouvent et sympathisent comme pour signer la paix des braves avec cette cérémonie de remise du sabre en prélude à sa restitution définitive », soutient le président de la République. Mieux, il indique qu’il veut inscrire cette restitution dans une autre dynamique, un autre esprit, c’est-à-dire de façon conviviale, sereine, posée et apaisée. « Il fallait du courage pour s’élever au-dessus du tumulte et entreprendre l’exercice délicat de restitution des objets. La symbolique est forte de sa charge émotionnelle parce qu’un sabre est plus qu’une arme. Il est symbole de fierté et de d’élégance d’apparat et de noblesse. Les grands hommes, comme leurs sabres, ne meurent jamais », a souligné le chef de l’Etat.
A son avis, en restituant le sabre, la France célèbre en même temps sa propre grandeur, l’honneur et la dignité d’un combat dont le refus de la soumission, symbolise notre attachement à une valeur partagée : la liberté. Avec cette restitution, fait savoir Macky sall, la France ouvre la voie à tous ceux qui détiennent le patrimoine africain. « Nos deux pays écrivent ensemble l’histoire au présent en inaugurant de nouvelles modalités relationnelles qui cèdent la place à la noblesse d’un paradigme fondé sur le respect mutuel et la confiance d’un destin solidaire », a souligné Macky Sall. Avant d’ajouter : « Nous sommes prêts à accueillir notre patrimoine et nous sommes prêts au partage et à l’échange fraternel. Le Sénégal est pour le dialogue qui réduit la distance et favoriser la compréhension. Nous sommes pour le rendez-vous du donner et du recevoir à la civilisation universelle, symbiose de toutes les cultures. Pour le Sénégal, le patrimoine rapatrié à sa source, fera aussi place à l’échange par une circularité ouverte à l’Afrique, à l’Europe et au reste du monde. C’est dans le même esprit que nous accueillerons demain d’autres patrimoines sénégalais ».