Dans une vidéo qui circule dans les réseaux sociaux, l’avocat sénégalais Me Seydou DIAGNE a annoncé que la société française Total allait quitter la Société Africaine de Raffinage (SAR) à cause du projet de recapitalisation de l’entreprise.
Ces propos ne correspondent pas à la réalité car Total a décidé depuis le début de l’année de se retirer de toutes les raffineries à l’étranger surtout en Afrique pour des raisons économiques dans un contexte de Covid-19. D’autres mesures étaient également prises concernant les investissements étrangers et le volet social de la multi nationale française.
Par ailleurs, concernant la recapitalisation de la SAR, le projet en tant que tel ne pose aucun problème sauf que l’un des actionnaires s’est heurté à des difficultés qui ne lui permettent pas d’honorer ses engagements financiers. Toutefois, une solution sera trouvée les jours à venir car le Président Macky SALL est en phase avec la Directrice générale de la SAR.
D’ailleurs, il faut rappeler que la SAR est une société privée dont les principaux actionnaires sont : Petrosen Holding SA 46%, Locafrique Holding SA 34%, Sahara Energy Resources Ltd 8,13 %, Total Energies Marketing Sénégal 6,82 %, ITOC SA 5%. Elle fonctionne avec un Conseil d’Administration et une Assemblée générale autonomes.
Dans cette polémique, l’histoire d’un terrain appartenant à la SAR, a été évoquée sans que les gens n’en découvrent davantage. D’abord, il faut retenir que la SAR a perdu ses fonds propres avec cette perte de 59 milliards sous Serigne MBOUP ancien Directeur général. Dans les stratégies mises en place pour lever des fonds, les Commissaires au compte se sont tous opposés à la vente de ce fameux terrain.
Car, ce n’est pas la vocation de la SAR de vendre ses biens. Ensuite, les impôts qui seraient payés sur cette transaction risquaient d’être très élevés. Et curieusement, le terrain en question abrite actuellement les locaux et l’ensemble des installations de la SAR. En outre, face à cette urgence de recapitalisation, la SAR ne peut pas attendre plus d’un an pour faire l’expertise du terrain en question et de tous ses actifs pour une hypothèque.
Rappelons que c’est le Conseil d’Administration du 16 Décembre 2020 qui avait décidé de la restructuration financière de la société. Et, les Administrateurs de la SAR ont donné leur accord pour que l’AFC s’occupe de la levée de fonds «afin de poursuivre les investissements et de refinancer les dettes de la société ».
C’est ainsi que, «concernant la levée de l’endettement, AFC a approuvé la mise en place d’un crédit relais de 58 millions afin de permettre à la SAR de faire face à ses besoins immédiats en attendant la clôture finale de la transaction qui devrait se faire au plus tard le 31 Mars 2022 ».
Il est bien de savoir que le plan d’action de l’augmentation de capital et la signature du crédit relais ont été approuvés par le Conseil d’Administration du 20 Août 2021. Donc, toutes les mesures prises sont bien légales et conformes aux instructions du Conseil d’Administration et de l’Assemblée Générale.
Des informations ont été livrées sur un supposé marché de gré à gré de 200 milliards attribués à Monsieur Manar SALL Directeur Général de Pétrosen. Il s’est trouvé qu’au niveau de la SAR, les actionnaires ont autorisé la passation des marchés par entente directe dans la fourniture de cargaisons de brut et de fuel lourd.
L’une des raisons, c’est la longueur des procédures d’appel d’offres qui constituent une menace sur la fourniture des produits. Or, la SAR est une société stratégique qui ne doit pas souffrir d’une rupture de stock. Donc, il est compréhension de voir la Direction autoriser des marchés par entente directe, au profit exclusif des actionnaires, pour éviter des ruptures pouvant déboucher sur une crise de l’électricité qui pourrait avoir des conséquences sociales énormes.
Donc les 200 milliards attribués à Pétrosen (Manar SAL Directeur général) ne constituent aucune violation des textes du moment qu’ils sont validés par le Conseil. D’ailleurs, Locafrique a bénéficié de plus de 420 milliards de marchés sans appel d’offres au même titre que les autres actionnaires qui doivent tous fournir leur quota de cargaisons de brut et de fuel lourd au prorata des actions qu’ils détiennent.
Il faut un stock de sécurité qu’il faudra assurer pour anticiper sur une éventuelle rupture. Par exemple, l’Etat du Sénégal devrait fournir 04 cargaisons, Locrafrique plus de 03 cargaisons ainsi que les autres actionnaires et sans appel d’offres. Tous les actionnaires : Pétrosen, Locafrique, ITOC se sont partagé les cargaisons sans appel d’offres et conformément à la volonté des administrateurs. Cette répartition des cargaisons est approuvée par le Conseil d’Administration qui a permis de fixer les tarifs pour éviter la variation de prix.
Avec l’arrêt métal, la SAR est autorisée à importer des cargaisons confiées aux actionnaires. Mais, Locafrique qui a trainé la SAR au tribunal arbitral de Londres n’a pas été autorisée à participer à la fourniture des cargaisons. Ainsi, en attendant la fin de cette procédure enclenchée contre la SAR à Londres, Locafrique sera autorisée à fournir ses cargaisons conformément au planning fixé.
Avant la procédure judiciaire de la SAR contre la Locafrique à Dakar, cette dernière a été la première à poursuivre la société sénégalaise à Londres pour une affaire concernant un marché exécuté en violation des conditions de départ fixées. Vitol et Lukoil ont-elles exercé une pression sur cette entreprise sénégalaise qui poursuit la SAR pour se justifier sur les retards d’échéances de remboursement ?
Concernant la levée de fonds avec le mandat signé avec Africa Finance Corporation (AFC), le nom de Samuel SARR a été cité. Il faut rappeler que Samuel SARR est administrateur de Locafrique au niveau de la SAR. Et, ni Khadim BA encore moins Monsieur SARR n’ont le pouvoir de tordre le bras à l’AFC qui est une institution financière dont le sérieux est connu. Le contrat avec la SAR constitue une petite part marché pour l’AFC qui travaille avec les plus grandes boîtes en Afrique et en Europe.
Il faut dire que, dans cette affaire de la SAR, ceux qui parlent ne savent pas, ceux qui savent ne parlent pas. MMA.