Les deux associations de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch (HRW) et Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste en Mauritanie (IRA) saluent les réformes engagées par le président Mohamed Ould El Ghazouani, mais attendent de nouvelles avancées, sur la peine de mort et l’esclavage notamment.
Le président Mohamed Ould Ghazouani peut être globalement satisfait. Le 14 janvier, l’organisation non-gouvernementale Human Rights Watch (HRW) et l’association mauritanienne Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste en Mauritanie (IRA) ont publié des communiqués convergents et favorables à ses actions récentes en faveur des droits de l’Homme… mais en l’invitant à faire plus.
HRW dresse un réquisitoire contre l’ancien président Abdel Aziz auquel il impute l’utilisation de lois répressives pour arrêter et museler les opposants. Son rapport passe en revue les atteintes à la liberté d’expression qui ont émaillé l’année 2019, en ayant recours à l’utilisation de l’article 10 de la loi contre la discrimination votée en 2017 : « Quiconque encourage un discours incendiaire contre le rite officiel de la République islamique de Mauritanie sera puni d’un à cinq ans d’emprisonnement ».
2019, année sombre pour les droits humains en Mauritanie
C’est ainsi qu’ont été arrêtés notamment l’opposant Samba Thiam en juin, les journalistes Seydi Moussa Camara (juin également) et Ahmedou Ould Wedia (juillet) ainsi que deux blogueurs, Abderrahmane Weddady et Cheikh Ould Jiddou (en mars), qui avaient dénoncé sur Facebook la corruption. En juin, les connexions Internet mobiles ont été coupées, après des manifestations contre les résultats de l’élection présidentielle.
Les pratiques policières n’ont pas forcément changé du tout au tout avec l’arrivée au palais présidentiel de Mohamed Ould Ghazouani en août. En octobre, les bacheliers protestant contre l’âge limite de 25 ans pour une première inscription à l’Université ont été rudement dispersés par la police.
Mais le rapport note que les étudiants ont fini par être entendus, tandis que les opposants et blogueurs ont été libérés. Toutefois, HRW estime que les autorités doivent en faire plus pour régler le problème des 90 000 personnes vivant en état « d’esclavage moderne », soit 2,4 % de la population.
L’ONG l’invite à supprimer la peine de mort pour blasphème (le blogueur Mohamed Cheikh Ould Mkheitir a été libéré en juillet, au terme de cinq ans de détention), l’adultère et l’homosexualité. Il lui demande également de mieux définir et sanctionner les agressions sexuelles dont sont victimes les femmes.
Les discriminations pointées du doigt
Il estime enfin que la transition présidentielle d’Abdel Aziz à Ould Ghazouani « laisse espérer que le nouveau chef de l’État garantira la protection des droits humains de tous les Mauritaniens ».
Le premier était un juge d’instruction près la Cour criminelle de Nouakchott-sud qui avait décidé de maintenir une mineure en esclavage et libéré ses maîtres. La seconde est une haut-fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères qui se félicitait du refoulement le 12 janvier à l’aéroport de Nouakchott de Jean-Marc Pelenc, président de l’IRA-France, le qualifiant sur Twitter de « juif appartenant à Charlie Hebdo, journal qui offense la religion musulmane en général, le Coran et le prophète Mohamed en particulier ».
Le communiqué de l’IRA « encourage [le gouvernement et le président] à une réforme en profondeur du personnel de l’État » pour réussir « la restauration du mérite, la fin des discriminations fondées sur l’ethnie et la langue, l’enseignement de la déontologie, du protocole et du savoir-vivre moderne ».