L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés publie aujourd’hui une série de recommandations à l’intention de la présidence française du Conseil de l’Union Européenne (UE) et à la République tchèque qui prendra le relai en juillet. La réforme de l’asile et des migrations, engagée par la Commission européenne en septembre 2020 mais qui bute sur de profondes divisions entre les 27 États membres de l’UE, sera l’un des principaux dossiers de la présidence française, qui a débuté le 1er janvier.
Dans un document qui rassemble ses recommandations, le HCR appelle à « négocier une réforme durable de l’asile sur la base du Pacte » migratoire présenté par Bruxelles, ainsi qu’à accentuer le « soutien aux pays » pauvres ou en développement, où vivent 85% des réfugiés.
Garantir l’accès aux territoires
Pour la porte-parole du HCR en France, Céline Schmitt, il faut garantir l’accès au territoire de toutes les personnes qui souhaitent faire une demande de protection. « Permettre aux personnes d’avoir accès aux territoires pour demander l’asile, d’avoir accès à des conditions de réception adéquates, c’est crucial, explique-t-elle. Par exemple, les voies légales ne remplacent pas et ne sont pas une alternative à l’accès aux territoires. Nous avons dénoncé à de nombreuses reprises des renvois aux frontières extérieures de l’Union européenne, mais aussi des violations de droits humains. »
Le HCR dénonce aussi les tentatives d’externalisation de l’asile. « Elles sont contraires à l’esprit de la convention de Genève de 1951, mais aussi contre l’esprit du pacte mondial sur les réfugiés », indique Céline Schmitt, porte-parole du HCR en France.
Secours en mer Méditerranée
Le Pacte migratoire « offre l’opportunité de passer d’une approche ad hoc à une approche commune globale, bien gérée et prévisible », en renforçant la « solidarité intra-européenne », poursuit le HCR. Sur ce dernier point, le Haut-Commissariat veut « relancer une opération européenne de recherche et de sauvetage en mer », notamment en Méditerranée où seuls des bateaux d’ONG tentent de secourir les candidats à l’exil, a expliqué Céline Schmitt.
« Au moment où le nombre de personnes déplacées de force dans le monde atteint un niveau record, où (…) le nombre d’arrivées dans l’UE reste gérable, il est essentiel (…) de se réengager dans la solidarité envers les réfugiés, entre les États-membres eux-mêmes et avec les pays qui accueillent la majorité des réfugiés dans le monde », a déclaré Gonzalo Vargas Llosa, représentant du HCR pour les affaires européennes, cité dans un communiqué.
En présentant sa feuille de route pour la présidence de l’UE, début décembre, le chef de l’État français Emmanuel Macron avait, lui, plaidé pour une Europe qui « sache protéger ses frontières » face aux crises migratoires et esquissé une série de réformes, dont celle de l’espace Schengen. Il avait également mis en garde contre une Europe où le droit d’asile serait « dévoyé ». Avec RFI