Le dernier Congrès d’And Jëf (AJ)/PADS (Parti panafricain pour la démocratie et le socialisme) remonte à juin 2009. Neuf ans après, ce samedi 8 décembre 2018, Mamadou Diop Decroix, le Secrétaire général national dudit parti, est réinvesti, à la Place du souvenir, par les militants d’AJ/PADS « venus de tous les coins du Sénégal ». Mais leur leader ne sera pas candidat à l’élection présidentielle du 24 février 2019. « La résolution, c’est qu’on va en coalition », décline Decroix. Qui ajoute, plus clairement, « nous allons discuter avec le FPDR (Front patriotique pour la défense de la République, dont il est le coordonnateur et Wade, le président), avec le PDS en particulier pour voir comment ficeler cette coalition. »
Toutefois, l’objectif est clairement fixé, selon l’opposant. Celui-ci, assure-t-il, est « de faire dégager à tout prix le régime en place d’exploitation et d’oppression ». Face, alerte-t-il, à une situation politique « inédite » au Sénégal avec les conditions qui ne sont plus celles qui ont conduites aux deux alternances, en 2000 puis en 2012. « Macky Sall et son régime ont tout détruit pour voler la présidentielle », accuse Decroix qui en veut pour preuve « le sabotage qui s’est passé lors des élections législatives du 30 juillet 2017 à Touba. » Pis, fulmine-t-il, « on utilise la justice pour éliminer des adversaires. Si Macky Sall n’arrête pas dans la direction qu’il prend, le pays entrera en difficultés et il sera le seul et unique responsable. »
L’opposition, prône le député du groupe parlementaire ’’Liberté et Démocratie’’, « a la lourde charge d’assumer sa responsabilité en unissant toutes ses forces pour faire face à Macky Sall’’. « Le salut de notre pays passe l’unité de l’opposition. Donc, il faut qu’on travaille tous de façon honnête, sérieuse, déterminer et engagée afin de ramener le pays sur les rails de la démocratie, du pluralisme et de la diversité », insiste-t-il. Acquis à la cause de leur leader, les militants d’AJ/PADS ont scandé « qu’il parte », faisant référence au président en exercice et candidat à sa propre succession, Macky Sall.
Mamadou Diop Decroix a été investi en présence de ses compagnons de lutte à l’instar Oumar Sarr et Me Amadou Sall, représentants du Parti démocratique sénégalais (PDS), de Mamadou Lamine Diallo, président du mouvement Tekki, du candidat déclaré à la présidentielle, Habib SY, de Clédor Sène, du Professeur Malick Ndiaye, entre autres invités dans l’opposition.
« Le pays est en quasi banqueroute »
Dressant un tableau sombre de la situation économique du pays, l’opposant soutient mordicus que « le pays est en quasi banqueroute. » Et, explique-t-il : « Les faits sont têtus. Quand vous ne pouvez pas payer la Société africaine de raffinage (SAR) sur le pétrole, vous ne pouvez pas payer les prestataires de l’espace universitaire, les établissements privés, vous-mêmes vous admettez que des tensions de trésorerie, cela veut dire que le pays est en banqueroute. Ils se sont amusés. Je leur ai dit, évoquant la fable de la Fontaine : « La cigale et la fourmi ». La fourmi a travaillé et la cigale s’est mise à danser et puis le moment venu la cigale est venue chez la fourmi pour avoir de quoi manger et la fourmi lui a dit va voir ailleurs. C’est ce qui nous est arrivé. Quand Wade partait le baril de pétrole était à 150 dollars. Macky Sall quand il est venu le baril était pendant longtemps autour de 50 voire même 40 dollars. Une baisse de 70% sur le prix du pétrole mais ils n’ont pas été capables de prévoir le jour où le baril allait remonter. Maintenant, on en est là. Ils n’ont aucune perspective et ils ne peuvent pas régler le problème. »
Le Congrès a démarré par des prières pour feu Sidy Lamine Niass. Dans son discours, Mamadou Diop Decroix l’a plusieurs fois cité en exemple aux jeunes pour le combat pour des valeurs. En conclusion, il a lancé un appel au président Macky Sall pour, selon ces propres termes, « qu’on s’asseye et qu’on discute parce qu’il est (encore) possible de trouver des solutions. »