A Dakar, une campagne mondiale pour exiger la libération du blogueur Mohamed Mkhaïtir a été lancée ce jeudi. En prison en Mauritanie depuis 2014, la justice a condamné à mort cet homme de 35 ans pour avoir publié un article sur son blog qui dénonçait les discriminations contre les forgerons, caste à laquelle il appartient. Plus d’une trentaine d’associations de défense des droits de l’homme appelle la communauté internationale à faire pression sur le gouvernement mauritanien pour obtenir la libération du blogueur.
Sur le papier, Mohamed Mkhaïtir est libre. Car la cour d’appel qui a annulé sa condamnation à mort en 2017 a aussi réduit sa peine à deux années de prison. Il était derrière les barreaux depuis trois ans. Mais, comme explique Kiné Fatim Diop d’Amnesty International, le blogueur est au contraire, depuis l’an dernier, détenu au secret : « Il n’a quasiment pas de contact avec sa famille. Ses avocats ont à plusieurs reprises demandé un droit de visite. Ils n’ont jamais obtenu de réponse des autorités mauritaniennes. Pour nous, c’est vraiment un mépris à une décision de justice. »
Mohamed Mkhaïtir est-il gardé en détention pour des raisons de sécurité, comme l’affirment les autorités mauritaniennes ? Le chercheur François Patuel d’Amnesty International estime que c’est à la communauté internationale, aux bailleurs de fonds notamment, d’interpeller les autorités pour obtenir sa libération : « On pense qu’il faut que les partenaires techniques et financiers de la Mauritanie, qui appuient notamment la Mauritanie dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, interpellent la Mauritanie sur la situation de Mkhaïtir et demandent aussi sa libération et le fait qu’on lui garantisse une sécurité. »
Pour Amnesty International, le cas de Mohamed Mkhaitir n’est pas isolé, l’organisation de défense des droits de l’homme a recensé 175 arrestations de militants anti-esclavagistes depuis 2014.