L’affaire Henri Ndiaye, du nom de ce professeur ayant trouvé la mort après avoir reçu un coup de couteau dans un bar clandestin le dimanche 17 mars 2019, dans la commune de Ngohé (département de Diourbel), était jugée ce mardi devant le tribunal des flagrants délits de Diourbel.
Un procès au terme duquel le procureur a requis 2 ans de prison ferme contre la lycéenne Henriette Juliette Sambou pour coups et blessures volontaires ayant entrainé la mort sans intention de la donner, 6 mois d’emprisonnement ferme pour sa mère Mélanie Diatta, pour exploitation irrégulière de débit de boissons alcoolisées et des peines d’avertissement pour Jean-Marie Ngom et Philippe Bernard Diop pour non-assistance à personne en danger.
Agée de 21 ans et élève en classe de terminale au cours privé Nelson Mandela de Diourbel, Henriette Juliette Sambou a comparu, ce mardi, devant le tribunal des flagrants délits de Diourbel, pour répondre des chefs de coups et blessures volontaires ayant entrainé la mort sans intention de la donner. A ses côtés, à la barre, elle avait sa mère, Mélanie Diatta, qui était poursuivie pour exploitation irrégulière de débit de boissons alcoolisées, et les sieurs Jean-Marie Ngom et Philippe Bernard Diop pour non-assistance à personne en danger.
C’est le dimanche 17 mars dernier qu’Henriette a commis l’irréparable, en portant un coup de couteau à Henri Ndiaye, alors que ce dernier ne cessait de la tapoter pendant un bon moment. Contrariée par l’attitude de celui-ci, Henriette, qui menaçait de le poignarder, finit par passer à l’acte, en plantant le couteau dans la cuisse d’Henri. La blessure, visiblement bénigne, finit par entrainer la mort d’Henri, faute d’assistance immédiate. En effet, Henri, qui perdait son sang, est évacué de Ngohé à l’hôpital Heinrich Lübke de Diourbel, environ deux heures après la commission des faits. Ce retard lui sera fatal.
Henriette : «Je n’ai pas eu l’intention d’attenter à la vie d’oncle Henri…»
Devant le tribunal, Henriette Juliette Sambou, modestement vêtue d’une longue robe noire, une écharpe rose sur la tête, les larmes aux yeux, a narré les faits tels qu’ils se sont produits, d’après elle. «Pas une seule fois je n’ai eu l’intention d’attenter à la vie d’oncle Henri. Ce jour-là, j’étais excédée par ses gestes et paroles déplacés à mon encontre. C’est pourquoi j’ai saisi un couteau de cuisine avec lequel je l’ai menacé. Mais il n’a voulu rien entendre. Au contraire, il me papotait. C’est dans un élan de colère que je lui ai planté le couteau», explique la lycéenne qui a fondu en larmes après avoir demandé pardon au tribunal et à la famille de sa victime.
Henriette Juliette Sambou, une prévenue de bonne moralité
Pour ses camarades de classe, ses amis, ses professeurs et même pour les témoins de l’incident, Jean-Marie Ngom et Philippe Bernard Diop poursuivis dans cette affaire pour non-assistance à personne en danger, Henriette Juliette Sambou est une fille au comportement irréprochable. «Je sais d’elle qu’elle a toujours été correcte et très polie envers tout le monde. C’est une personne très respectueuse et sans histoire», a témoigné Philippe Bernard Diop. Un témoignage corroboré par Jean-Marie Ngom et les camarades et professeurs de la prévenue qui ont sorti de leur poche pour payer des copies des leçons afin de permettre à Henriette de poursuivre ses cours et ainsi préparer son Baccalauréat depuis sa cellule.
La famille du défunt pardonne, le procureur requiert 2 ans ferme
Portant son deuil, Elisabeth, l’épouse du défunt, a déclaré à la barre qu’elle avait accordé son pardon à Henriette Juliette Sambou. Mieux, elle a indiqué qu’elle ne lui réclamait pas de dommages et intérêts pour compenser la mort de son époux. Quant au procureur, selon qui «la matérialité des faits, le lien de causalité et leur imputabilité des faits reprochés à l’accusée ne souffrent d’aucun doute», il a requis contre Henriette Juliette Sambou une peine de 2 ans ferme, non sans demander à la cour des «circonstances atténuantes pour la fille». Le représentant du ministère public a requis 6 mois de prison contre Mélanie Diatta et une peine d’avertissement contre Jean-Marie Ngom et Philippe Bernard Diop.
Les conseils de la défense plaident la clémence
Citant la Bible, Me Théophile Kayossi, conseil d’Henriette et de sa mère, dira : «Il est dit dans le Livre Saint que nous partageons tout, en bons chrétiens ; l’accusée, sa mère et encore le défunt, et votre serviteur.» «Tenez-vous bien, parce que vous ne savez ni le moment ni l’heure où la mort surviendra.» D’après l’avocat qui a plaidé les larmes aux yeux, «Henriette n’était que l’instrument du destin. C’est une fille exemplaire, une choriste dans son église, et être choriste c’est donner de son temps et de sa personne. Je suis là pour implorer le pardon pour cette fille». Pour sa part, Me Serigne Diongue, l’autre conseil de la défense, a expliqué «qu’il ne s’agit que d’un incident malheureux qui n’a été voulu par personne».
Les deux avocats ont sollicité la clémence du tribunal. Me Assane Dioma Ndiaye, l’avocat de Jean-Marie Ngom et de Philippe Bernard Diop, a botté en touche les incriminations contre ses clients. Selon lui, plusieurs éléments attestent que Jean-Marie Ngom et Philippe Bernard Diop ont bel et bien tenté de porter assistance au défunt.
Ainsi, l’avocat droit-de-l’hommiste a tenté de décrédibiliser la thèse selon laquelle ses clients n’auraient pas porté assistance à feu Henry Ndiaye. Il a plaidé la relaxe pure et simple. L’affaire a été mise en délibéré au mardi 18 juin prochain. Mais d’ores et déjà, les avocats d’Henriette Juliette Sambou vont introduire une requête permettant à leur cliente de sortir momentanément de prison pour passer l’examen de philo le 28 mai.