Mourir ou se soigner en Gambie : Médina Yoro Foulah fixe un ultimatum au Gouvernement

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Il y a plus de deux ans, les populations de Médina Yoro Foulah applaudissaient le lancement des travaux de la boucle du Fouladou. Le chantier devait durer 24 mois, pour un coût de 52 milliards francs Cfa. Jusqu’à présent, aucun mètre de goudron n’est posé.

La boucle du Fouladou dont les travaux ont été lancés en juin 2018 par Abdoulaye Daouda Diallo, ancien ministre des Infrastructures et du Désenclavement, devait désenclaver le département de Médina Yoro Foulah (Myf) qui regorge de potentialités agricoles énormes et de ressources forestières inestimables. Elle va de Dabo à Kolda en passant par les communes de Fafacourou, Médina Yoro Foulah et Pata pour une distance de 208 kilomètres. C’est la croix et la bannière en empruntant ces différents axes surtout en cette période de fortes pluies. Le lancement en grande pompe à la place publique de la commune de Médina Yoro Foulah est resté au travers de la gorge de Mamadou Saliou Baldé, président de l’Union des étudiants et élèves de Myf. «Cela fait cinq ans que les gens parlent de la construction de la boucle du Fouladou. Jusqu’à présent, rien n’a été réalisé. Personne ne comprend ce qu’il se passe. Les travaux ont été lancés, mais tout est à l’arrêt», constate ce jeune étudiant. L’espoir des habitants de Médina Yoro Foulah s’est dissipé lorsque des engins supposés sortir leur département de son désenclavement ont quitté les lieux. Actuellement, les fortes pluies ont coupé ce qui restait des pistes rurales. Difficile pour les motocyclistes et les véhicules d’arriver à destination.

Par exemple, la mission d’une Ong très active à Kolda s’est vue obligée de faire près de 130 kilomètres, alors que le village où elle devait dérouler ses activités se trouve à dix kilomètres. Mamadou Saliou Baldé ne peut pas l’imaginer : «Nous lançons un appel solennel au président Macky Sall pour que cette boucle du Fouladou soit effective car les populations de Médina Yoro Foulah ont beaucoup contribué au niveau régional avec près de 70 % à son élection et à sa réélection. Ce n’est pas parce que Médina Yoro Foulah ne veut rien avoir, c’est juste que nous pensions que le chef de l’Etat aurait déjà réglé le cas de cette route». A Médina Yoro Foulah, le manque d’infrastructures cause un gros souci aux agents de santé, selon un témoin. Fin août, l’ambulance de Pata qui était en cours d’évacuation d’une femme enceinte à l’Hôpital régional de Kolda pour une distance de 65 kilomètres a perdu l’un de ses pneus à cause de l’état défectueux de la route. Son collègue de Ndorna distant d’une vingtaine de kilomètres est venu à son secours. Cette ambulance s’est également embourbée à quelques kilomètres avant d’entrer à Kolda. Pendant ce temps, la femme était en train de saigner. «Ce jour-là, on était inquiet. On a dû appeler au secours. Je ne savais plus quoi faire pendant que la femme était en train de gémir parce qu’elle perdait du sang», a témoigné cet agent de santé qui a requis l’anonymat.

Kadiatou Baldé, membre du groupement ‘Kawral’ (Ndlr : Entente en pulaar) de Saré Mansa d’appuyer : «Pour évacuer une femme qui en est à son terme, on la transporte sur une charrette. La route est dans un mauvais état jusqu’au poste de santé de Pata qui connait parfois des ruptures de médicaments. Nous allons nous soigner souvent à Birkama, à Bansan ou à Diakhaly en Gambie où les soins médicaux sont moins chers qu’au Sénégal». Yaya Baldé qui vit à Saré Mansa de résumer : «Il y a trop de problèmes à Médina Yoro Foulah. La santé est un problème. Les routes ne sont praticables». Manifestations et cris du cœur des populations de Médina Yoro Foulah n’ont encore rien fait pour changer le visage de désastre de ce département qui semble oublié par l’Etat. En tournée économique comme en période de campagne électorale à Kolda, le président Macky Sall a annoncé à plusieurs reprises la construction de la boucle du Fouladou.

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