MOUSTAPHA MAMBA GUIRASSY, MINISTRE DE L’ÉDUCATION, SUR LE PORT DU VOILE À L’ÉCOLE :« Il n’a jamais été question de stigmatiser une communauté »
En déplacement à Thiès, hier, le ministre de l’Éducation nationale, Moustapha Mamba Guirassy, s’est dit peiné par la tournure prise par la déclaration du Premier ministre, Ousmane Sonko, sur le port du voile à l’école. Il est revenu sur le contexte pour dire que c’était dans un cadre de célébration de l’excellence que le chef du gouvernement a remis les pendules à l’heure sur un sujet aussi important que l’inclusion dans l’école sénégalaise.
La polémique née de la déclaration du Premier ministre, Ousmane Sonko, a nécessité des précisions et des clarifications de la part du ministre de l’Éducation nationale. Face à la presse, hier, à Thiès, en marge de la journée de reboisement, Moustapha Mamba Guirassy a rappelé le contexte qui a permis au Premier ministre d’aborder cette question de l’inclusion scolaire et sociale. Le ministre a souligné que c’était un contexte de célébration de l’excellence, où il était important de mettre sur la table un sujet comme celui de l’inclusion. Lors d’une rencontre d’échanges avec les lauréats du Concours général, a expliqué M. Guirassy, le Premier ministre a été interpellé par deux élèves, dont un enfant de « Daara » et un autre en situation de handicap.
Le ministre de l’Éducation a noté que le Premier ministre a répondu en disant qu’il fallait absolument garantir une inclusion scolaire et sociale à l’école, à tous points de vue. Moustapha Guirassy a défendu que le Premier ministre, dans cette logique, est resté constant par rapport au principe de l’inclusion sociale et scolaire en disant que nous devons œuvrer pour que tous les enfants, tous les citoyens, se retrouvent dans une école qui doit être ouverte à tous nos enfants. Selon le ministre, lorsque l’accès à une école est interdit à un enfant parce qu’il porte le voile, il faut que ces pratiques cessent.
Le ministre de l’Éducation est formel : « Il n’a jamais été question dans le discours du Premier ministre de stigmatiser ni la communauté islamique ni la communauté catholique chrétienne. » Moustapha Guirassy s’est dit personnellement très surpris de voir certains faire un lien extrêmement dangereux. À l’en croire, « les tenants de ce débat sont en train de saper les bases de notre nation et sa cohésion ». Car, le message du chef du gouvernement, a-t-il dit, était de rappeler la position constante et ferme de l’État, cimentée par une Constitution qui met en avant une laïcité dans une République qui fait le bonheur du pays et la singularité du Sénégal. » Moustapha Guirassy a rappelé ce principe de laïcité en disant que dans une neutralité arbitrale, l’État, comme un arbitre de football, ne peut pas jouer en faveur d’une équipe ou d’une autre. Pour le ministre, l’État doit être simplement au centre, s’assurer que les règles du jeu sont respectées par les différents acteurs.
L’autre mise au point, a fait savoir M. Guirassy, est que les règlements intérieurs des écoles ne peuvent pas avoir de dispositions contraires à la Constitution. Il a déploré d’entendre certains parler au nom de l’Église ou parler de l’Église. Il a ajouté que ce n’est pas l’Église qui se prononçait, mais des politiciens et des citoyens en quête de visibilité. Le ministre de l’Éducation nationale a révélé que quelques jours auparavant, le chef du gouvernement l’avait envoyé rencontrer l’archevêque de Dakar pour délivrer deux messages de félicitations à toute l’Église et aux écoles catholiques pour la performance scolaire réalisée. Le second message portait sur les remerciements, au nom de toute la nation sénégalaise, parce que les écoles catholiques ont permis de consolider et de façonner nos valeurs de tolérance et de respect.
LE SOLEIL