Barack Obama, le prédécesseur de Donald Trump à la Maison Blanche, se montre très critique envers les émeutes violentes auxquelles de nombreuses villes américaines sont en proie depuis plusieurs jours. Dans une carte blanche intitulée “Comment faire de cet instant un moment-charnière vers un vrai changement” diffusée sur Medium, il conseille aux manifestants de fixer des exigences claires et de pousser la société à changer via la politique et non la violence. Quelle que soit la noblesse de la cause.
C’est une toute une partie de l’Amérique qui crache aux yeux du gouvernement et du monde son dégoût des inégalités et des brutalités policières sur fond de racisme depuis uen semaine. Mais au fil des jours et malgré l’arrestation du policier qui a provoqué la mort de George Floyd en s’agenouillant sur son corps longuement malgré les supplications de celui-ci, les manifestations prennent une ampleur inquiétante. Plusieurs morts sont à déplorer et les actes de vandalisme, saccage et pillage ne se comptent plus. À un tel point qu’ils éclipsent sans doute la noblesse et la gravité de la cause défendue.
Oublier un peu Trump pour sensibiliser ceux qui peuvent faire la différence
Devant une telle flambée de violence, Barack Obama a décidé de s’adresser aux manifestants, dont il adhère pleinement à la cause, mais pas à la manière. L’ex-locataire de la Maison Blanche exhorte ceux qui ont pris la rue à se demander comment “engager réellement le changement”. Et ce sans se focaliser sur celui qui lui a succédé d’ailleurs, même s’il a le talent pour mettre le feu aux poudres et est aveugle à la détresse et l’écœurement justifié d’une immense communauté.
Concrètement, Barack Obama suggère d’initier la discussion au niveau de la politique locale qui a, elle, plus d’impact qu’un Donald Trump sur la police et ses actes au quotidien. “Ce sont les élus à l’échelle des États et à l’échelle locale qui ont le plus d’importance dans la réforme des polices et du système judiciaire”, rappelle-t-il. En effet, les maires des villes désignent les chefs de la police locale mais décident aussi des poursuites contre les agents en cas de comportement déplacé ou violent. Ils ont donc le pouvoir d’influencer directement la charte éthique des bureaux de police.
Avoir un agenda clair
Ensuite, Barack Obama réfute les propos de ceux qui prétendent que voter ne change rien. Pour lui, manifester est un bon moyen d’attirer l’attention en cas d’injustice, mais il rappelle que c’est en choisissant démocratiquement les élus que l’on peut réellement engendrer des réformes et assister à des changements concrets.
Selon lui, il est capital que la contestation débouche sur des exigences précises et ne se limite pas à un déferlement de haine ou de vengeance. Il affirme que le meilleur moyen que les autorités ne s’en tirent pas avec des vœux pieux est de dresser une liste claire et précise d’objectifs à atteindre. Si elles s’engagent à rencontrer les exigences des manifestants via un programme construit et ponctué de délais, elles devront rendre des comptes sur les résultats obtenus.
Être à la hauteur des valeurs défendues
Enfin, l’ancien président démocrate tance “l’extrême minorité” d’émeutiers qui a basculé dans la violence et salit la cause défendue par le reste des activistes de Black Lives Matter qui eux opèrent dignement et font sens. “Qu’ils soient vraiment furieux ou juste opportunistes, ils mettent en danger des vies innocentes”, accuse-t-il, insistant sur le fait que rien ne justifie jamais la violence et invitant d’ailleurs l’ensemble des manifestants à condamner les écarts de conduite. “N’excusons pas la violence, ne la rationalisons pas, n’y participons pas. Si nous voulons que notre système de justice criminelle, et que la société américaine au sens large du terme, fonctionne sur base d’un code éthique plus irréprochable, nous devons incarner nous-mêmes ce modèle”, résume-t-il.
Il rappelle que les émeutiers et vandales qui saccagent actuellement les villes se trompent de cible et font aussi énormément de tort aux gens qu’ils sont censés et prétendent défendre. “J’ai vu aujourd’hui une interview d’une dame noire âgée qui était en larmes parce que le supermarché de son quartier, le seul auquel elle ait accès, était complètement détruit”, a-t-il déploré dans un appel au calme et au bon sens à retrouver intégralement ici.
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