Oublié dans une prison au Trinidad depuis 4 ans, El Hadji Gassama appelle au secours : « Renvoyez-moi au Sénégal, je n’en peux plus » !
El Hadji Abass Gassama, un Sénégalais de 38 ans, détenu depuis 4 ans au Centre de détention pour immigrants d’Aripo (IDC), à Trinidad, une île de Trinité-et-Tobago, aux larges des côtes vénézuéliennes, pour séjour illégal. Sans aucun jugement depuis, son dossier au point mort, Gassama lance un appel au secours et demande à être rapatrié au Sénégal.
Dans le journal local, le Daily Express, Gassama dénonce les conditions inhumaines dans lesquelles il est détenu dans ce centre, soulignant notamment la nourriture infecte qui est servie aux détenus et l’environnement insalubre.
Relatant son arrestation, El Hadji Abass Gassama raconte qu’il était arrivé à Trinidad en 2005, sur invitation d’un ami. Passé par le Venezuela par vol régulier, il avait ensuite pris le bateau pour rallier Trinidad. Gassama est ensuite resté dans ce pays au-delà de la durée légale de son séjour, se mettant ainsi en situation irrégulière. Ce qu’il admet du reste.
Mais explique-t-il au journal, il espérait travailler et économiser de l’argent avant de rentrer au Sénégal. En effet, indique-t-il, en quittant le Sénégal, Il espérait trouver de meilleures conditions de vie et saisir de nouvelles opportunités, mais n’imaginait pas qu’il allait se retrouver dans une prison, sans aucun espoir d’en sortir.
C’est en juillet 2013, alors qu’il s’était rendu à Tobago, qu’El Hadji Abass Gassama a été arrêté sur le chemin du retour, par les autorités du port de Scarborough. Il est emprisonné à Trinidad, au centre IDC depuis, pour séjour illégal.
Marié à une Trinidadienne
Employé dans une entreprise de construction, Gassama qui travaillait également comme agent de sécurité, s’était marié à une Trinidadienne, originaire de Warrenville. La dame Cunupia, est décédée par la suite d’une mort naturelle. Gassama dit d’ailleurs détenir son certificat de mariage et le certificat du genre de mort de sa femme, qu’il a déjà soumis aux autorités chargées de l’immigration. Mais malgré sa demande d’être mis en résidence surveillée, à la disposition des autorités de l’immigration, M. Gassama est toujours maintenu en détention depuis cette année et son dossier n’a jamais évolué.
«Depuis quatre ans que je suis à l’IDC, ils ne me disent rien du tout. Je suis fatigué, je souffre, j’en ai vraiment marre », a-t-il déclaré au journal. Pas jugé depuis lors, les services de l’immigration n’ont pas encore enrôlé son dossier. Pis encore, soutient M. Gassama, sa famille restée au Sénégal ne sait pas s’il est vivant ou décédé, car n’ayant aucune nouvelle de lui depuis cette date.
«Je n’ai commis aucun crime dans votre pays, je vous en supplie, laissez-moi rentrer chez moi, donnez-moi ma liberté. J’en ai assez de cette folie dans ce centre IDC. Voilà quatre ans que je suis détenu, et huit ans hors de mon pays. Je vous en supplie, renvoyez-moi dans mon pays, laissez-moi rentrer, je souffre vraiment », a lancé M. Gassama.
Plusieurs cas de profonde dépression
Le pasteur Cordelle Williams de l’Église adventiste de Cocoyea de Trinidad et des membres de sa congrégation, se rendent chaque semaine au centre IDC pour apporter leur soutien aux détenus.
Il a déclaré que l’église avait collecté des fonds pour acheter des articles de toilette tels que du shampoing et du déodorant pour les détenus. Il a dit qu’ils essayaient également de lever des fonds pour aider ceux-ci à payer leurs amendes.
Le pasteur a expliqué, en effet, qu’il est demandé aux personnes arrêtées de payer des amendes allant de 10 000 à 11 000 dollars, et s’ils sont dans l’incapacité de payer, ils sont envoyés dans ce centre de l’IDC.
Selon le pasteur, beaucoup de détenus dans ce centre souffrent de profonde dépression. L’incapacité pour ces détenus de collecter ces fonds pour payer leur amende constitue un vrai problème a laissé entendre le pasteur. Il a également fait cas de la barrière de la langue qui isole certains détenus.
Le pasteur Williams s’est dit très préoccupé du cas d’El Adji Abass Gassama, qui serait dans le désespoir total.